En général, lorsque j'aborde ici les initiatives de modernisation des systèmes (informatiques) "cœurs" des banques (par exemple au Crédit Agricole ou à CommBank), c'est pour souligner l'impératif d'adapter les services bancaires au monde "temps réel" d'aujourd'hui. Mais il s'avère que d'autres raisons peuvent aussi entrer en ligne de compte, directement liées à l'obsolescence des applications historiques.
La FSA ("Financial Services Authority", le régulateur du secteur financier en Grande-Bretagne) en a donné tout récemment un exemple flagrant, en infligeant une amende de 4,2 millions de livres sterling à la "Bank of Scotland" (BOS), motivée par l'incapacité de cette dernière à tenir correctement à jour les informations des prêts hypothécaires de ses clients.
L'affaire fait presque figure de cas d'école : les données concernées sont stockées sur 2 systèmes différents et leur synchronisation repose sur des procédures manuelles (oui, des personnes chargées de ressaisir les informations de l'un dans l'autre), qui ne sont pas toujours respectées. Résultat, la banque se trouve dans l'impossibilité de déterminer avec certitude lesquels parmi 250 000 de ses clients sont éligibles à un taux variable plafonné. Ceux qui sont lésés se plaignent sur les forums de consommateurs, la FSA s'en inquiète, enquête et découvre que les anomalies courent depuis 2004 (jusqu'en 2011) !
Pour tous les banquiers du monde, il est facile de jeter la pierre à la BOS, en jurant qu'un tel incident serait impossible chez eux. Pourtant, la plupart d'entre elles ont accumulé 40 ans de logiciels de diverses générations, qui, loin de se substituer les uns aux autres, ne font en général que s'empiler en couches, pour aboutir à un mille-feuilles incroyablement complexe dont l'équilibre (souvent tenu par une poignée de "sachants") est d'autant plus fragile que chacune des strates est plus ou moins bien maîtrisée et entretenue...
Et même si ces systèmes ne génèrent pas des anomalies aussi grossières que celle de la malheureuse écossaise (qui restent malgré tout très plausibles), les inefficacités inhérentes à une telle infrastructure sont colossales. Il devient difficile de tout contrôler, les erreurs passent donc inaperçues et, à chaque nouveauté introduite (peut-être une nouvelle exigence réglementaire ?), les risques de dérives s'amplifient et le désastre se rapproche.
Certes, l'amende de la FSA est une goutte d'eau par rapport aux budgets que représentent les grands chantiers de rénovation (estimés à une fourchette comprise entre 500 millions et 1 milliard d'euros pour Crédit Agricole et CommBank), mais il faut y ajouter l'impact de l'affaire sur l'image de marque de la banque ainsi que les interventions d'urgence nécessaires à colmater les "fuites" les plus urgentes (qui sont probablement assurées par de coûteuses "petites mains" chargées de combler les lacunes des applications).
Il n'y a aucune chance que la situation s'améliore d'elle même. Au contraire, plus le temps passe, plus le navire prendra l'eau et plus les charges induites par le statu quo progresseront... Voilà donc une bonne raison supplémentaire de prendre le taureau par les cornes et d'envisager rapidement l'inévitable modernisation à venir !
La FSA ("Financial Services Authority", le régulateur du secteur financier en Grande-Bretagne) en a donné tout récemment un exemple flagrant, en infligeant une amende de 4,2 millions de livres sterling à la "Bank of Scotland" (BOS), motivée par l'incapacité de cette dernière à tenir correctement à jour les informations des prêts hypothécaires de ses clients.
L'affaire fait presque figure de cas d'école : les données concernées sont stockées sur 2 systèmes différents et leur synchronisation repose sur des procédures manuelles (oui, des personnes chargées de ressaisir les informations de l'un dans l'autre), qui ne sont pas toujours respectées. Résultat, la banque se trouve dans l'impossibilité de déterminer avec certitude lesquels parmi 250 000 de ses clients sont éligibles à un taux variable plafonné. Ceux qui sont lésés se plaignent sur les forums de consommateurs, la FSA s'en inquiète, enquête et découvre que les anomalies courent depuis 2004 (jusqu'en 2011) !
Pour tous les banquiers du monde, il est facile de jeter la pierre à la BOS, en jurant qu'un tel incident serait impossible chez eux. Pourtant, la plupart d'entre elles ont accumulé 40 ans de logiciels de diverses générations, qui, loin de se substituer les uns aux autres, ne font en général que s'empiler en couches, pour aboutir à un mille-feuilles incroyablement complexe dont l'équilibre (souvent tenu par une poignée de "sachants") est d'autant plus fragile que chacune des strates est plus ou moins bien maîtrisée et entretenue...
Et même si ces systèmes ne génèrent pas des anomalies aussi grossières que celle de la malheureuse écossaise (qui restent malgré tout très plausibles), les inefficacités inhérentes à une telle infrastructure sont colossales. Il devient difficile de tout contrôler, les erreurs passent donc inaperçues et, à chaque nouveauté introduite (peut-être une nouvelle exigence réglementaire ?), les risques de dérives s'amplifient et le désastre se rapproche.
Certes, l'amende de la FSA est une goutte d'eau par rapport aux budgets que représentent les grands chantiers de rénovation (estimés à une fourchette comprise entre 500 millions et 1 milliard d'euros pour Crédit Agricole et CommBank), mais il faut y ajouter l'impact de l'affaire sur l'image de marque de la banque ainsi que les interventions d'urgence nécessaires à colmater les "fuites" les plus urgentes (qui sont probablement assurées par de coûteuses "petites mains" chargées de combler les lacunes des applications).
Il n'y a aucune chance que la situation s'améliore d'elle même. Au contraire, plus le temps passe, plus le navire prendra l'eau et plus les charges induites par le statu quo progresseront... Voilà donc une bonne raison supplémentaire de prendre le taureau par les cornes et d'envisager rapidement l'inévitable modernisation à venir !
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