Dans un monde qui vit aujourd'hui une véritable révolution « digitale », les responsables politiques ont une obligation particulière de comprendre les nouveaux défis auxquels font face les citoyens. Hélas, les exemples se multiplient aux 4 coins de la planète démontrant à quel point ils sont dangereusement ignares en la matière.
Les réactions vis-à-vis des Uber, Airbnb et autres acteurs de l'économie collaborative font bien sûr partie des premiers révélateurs du symptôme, mais, à tout le moins, elles n'ont jamais induit de risque majeur (au-delà de quelques manifestations violentes). De ce point de vue, les réponses aux menaces terroristes envisagées ou mises en œuvre récemment, dont celle des ministres de l'intérieur français et allemand, sont beaucoup plus inquiétantes, par leurs conséquences et par l'incompétence qu'elles exposent.
L'objet du litige réside (bien entendu) dans la « question du chiffrement » que soulève l'initiative commune sur la sécurité intérieure en Europe : tout en affirmant que le principe du chiffrement ne peut être remis en cause, les deux responsables veulent imposer aux fournisseurs de solutions de messagerie de permettre le décryptage des échanges, sur décision de justice. Que des démagogues agitent ce genre d'idées est aussi irritant qu'inévitable. Que deux ministres (et leurs équipes) en fassent un projet concret, à discuter lors d'un prochain sommet de chefs d'état, est consternant d'amateurisme.
Il est pourtant évident, pour quiconque se penche un minimum sur les problématiques de cybercriminalité, que, quelles que soient les mesures de protection déployées, à partir du moment où existe une « porte dérobée » – créée délibérément ou résultant d'une erreur de code – dans un système sécurisé, des criminels parviendront toujours à l'exploiter. Ainsi, la proposition de nos deux ministres consisterait à exiger l'ouverture d'une faille, dont il est certain qu'elle sera détournée à des fins malveillantes, dans un but hypothétique (son efficacité n'ayant jamais été prouvée) de faciliter les enquêtes.
Les banques (qui m'intéressent plus spécifiquement dans ces colonnes) sont directement concernées par ces dérives. Certes, elles sont, pour l'instant, rarement présentes sur l'application Telegram, première visée par les autorités. Mais l'émergence rapide des services financiers sur les plates-formes de messagerie, notamment via des « chatbots », serait immédiatement menacée. De plus, les terroristes n'ayant aucune prédilection pour tel ou tel outil (et le choix est vaste), l'ensemble du web devrait bientôt être transformé en passoire de sécurité pour satisfaire les besoins policiers !
Comment alors nos dirigeants entendront-ils remplir l'une des premières missions de la république, d'assurer la sécurité de leurs concitoyens, dans leur vie quotidienne autant que face à la menace terroriste ? En arrivera-t-on chez nous aux mêmes absurdités qu'aux États-Unis où, sous prétexte d'enquête policière, le FBI emploie les outils favoris des cybercriminels, en toute connaissance de cause et en prenant grand soin d'éviter que l'anomalie exploitée pour ce faire puisse être trop facilement corrigée ?
Comme les grandes entreprises, les gouvernements sont désormais confrontés à des transformations profondes des sociétés, dans lesquelles leurs vieilles recettes ne sont plus applicables. Alors, il devient extrêmement urgent que les responsables politiques s'imprègnent des nouvelles réalités du monde « digital » afin d'éviter de sombrer dans le chaos dont on observe déjà les signes avant-coureurs.
Les réactions vis-à-vis des Uber, Airbnb et autres acteurs de l'économie collaborative font bien sûr partie des premiers révélateurs du symptôme, mais, à tout le moins, elles n'ont jamais induit de risque majeur (au-delà de quelques manifestations violentes). De ce point de vue, les réponses aux menaces terroristes envisagées ou mises en œuvre récemment, dont celle des ministres de l'intérieur français et allemand, sont beaucoup plus inquiétantes, par leurs conséquences et par l'incompétence qu'elles exposent.
L'objet du litige réside (bien entendu) dans la « question du chiffrement » que soulève l'initiative commune sur la sécurité intérieure en Europe : tout en affirmant que le principe du chiffrement ne peut être remis en cause, les deux responsables veulent imposer aux fournisseurs de solutions de messagerie de permettre le décryptage des échanges, sur décision de justice. Que des démagogues agitent ce genre d'idées est aussi irritant qu'inévitable. Que deux ministres (et leurs équipes) en fassent un projet concret, à discuter lors d'un prochain sommet de chefs d'état, est consternant d'amateurisme.
Il est pourtant évident, pour quiconque se penche un minimum sur les problématiques de cybercriminalité, que, quelles que soient les mesures de protection déployées, à partir du moment où existe une « porte dérobée » – créée délibérément ou résultant d'une erreur de code – dans un système sécurisé, des criminels parviendront toujours à l'exploiter. Ainsi, la proposition de nos deux ministres consisterait à exiger l'ouverture d'une faille, dont il est certain qu'elle sera détournée à des fins malveillantes, dans un but hypothétique (son efficacité n'ayant jamais été prouvée) de faciliter les enquêtes.
Les banques (qui m'intéressent plus spécifiquement dans ces colonnes) sont directement concernées par ces dérives. Certes, elles sont, pour l'instant, rarement présentes sur l'application Telegram, première visée par les autorités. Mais l'émergence rapide des services financiers sur les plates-formes de messagerie, notamment via des « chatbots », serait immédiatement menacée. De plus, les terroristes n'ayant aucune prédilection pour tel ou tel outil (et le choix est vaste), l'ensemble du web devrait bientôt être transformé en passoire de sécurité pour satisfaire les besoins policiers !
Comment alors nos dirigeants entendront-ils remplir l'une des premières missions de la république, d'assurer la sécurité de leurs concitoyens, dans leur vie quotidienne autant que face à la menace terroriste ? En arrivera-t-on chez nous aux mêmes absurdités qu'aux États-Unis où, sous prétexte d'enquête policière, le FBI emploie les outils favoris des cybercriminels, en toute connaissance de cause et en prenant grand soin d'éviter que l'anomalie exploitée pour ce faire puisse être trop facilement corrigée ?
Comme les grandes entreprises, les gouvernements sont désormais confrontés à des transformations profondes des sociétés, dans lesquelles leurs vieilles recettes ne sont plus applicables. Alors, il devient extrêmement urgent que les responsables politiques s'imprègnent des nouvelles réalités du monde « digital » afin d'éviter de sombrer dans le chaos dont on observe déjà les signes avant-coureurs.
De la même manière que si des terroristes veulent créer une application de communication cryptée, il leur sera toujours possible de le faire
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