En dépit des promesses passées et sous prétexte de baisse de fréquentation accélérée par la crise sanitaire, les banques britanniques poursuivent leurs stratégies de fermeture d'agences à un rythme soutenu. En contrepoint, une nouvelle initiative de mutualisation voit le jour afin d'aider certaines des communautés abandonnées.
Si plus personne ne conteste désormais la transition massive des interactions avec les institutions financières vers les supports numériques, qui mène inévitablement à un monde (presque) sans espèces et (quasiment) sans points de contact physiques, il subsiste une fraction irréductible de la population, estimée à environ 15% outre-Manche, qui n'est pas prête pour de tels changements d'habitudes… et qu'il ne peut être question de laisser de côté. Or la désertification en cours exige une réaction urgente.
À mi-chemin entre la démarche de trois « credit union » américaines, que je présentais il y a quelques jours, consistant en une mise en commun de toutes leurs forces, celle de trois institutions anglaises, se rapprochant pour fournir aux entreprises quelques services essentiels liés aux espèces, et celle de la Poste de sa majesté, imitée par quelques startups telles que OneBanks, proposant des fonctions élémentaires au grand public, un concept original de hub bancaire est expérimenté depuis peu dans deux villes.
Sous la houlette de l'organisation professionnelle nationale UK Finance, rejointe par Link, opérateur d'un réseau indépendant de distributeurs automatiques, et la Poste, incontournable pour sa mission publique de développement territorial, ainsi que par des associations de défense des consommateurs et des commerçants, ce sont donc des espaces dédiés aux opérations financières qui sont aménagés dans ces agglomérations de 20 à 30 000 habitants où aucun établissement n'est installé, parfois depuis toujours.
La phase initiale de test, lancée ce mois-ci, portera sur un total de huit implantations, dont les situations sont différentes, de manière à en tirer des enseignements les plus riches possibles. Cependant, elles ont toutes en commun, outre l'absence de banque et de GAB, de regrouper des communautés particulièrement fragiles, comprenant notamment de nombreuses personnes attachées à l'usage de l'argent liquide et, en écho, des commerces dont l'activité est elle aussi fortement dépendante de celui-ci.
En conséquence, les services offerts, dont les détails varient d'un cas à l'autre, comprennent en premier lieu les basiques de l'accès aux espèces (retraits, au guichet ou dans les boutiques partenaires, dépôts et distribution de monnaie, surtout pour les professionnels), pris en charge par la Poste. Plus intéressant, les banques participant à chaque hub proposent également la présence, à temps partiel (bureaux partagés obligent), d'un conseiller capable de répondre à la plupart des besoins de leurs clients.
Les responsables du projet expriment leur intention d'évaluer les résultats obtenus d'ici à 6 mois, avant de décider de l'étendre ou non à d'autres régions. Je vois deux raisons d'être optimiste sur cette perspective. D'une part, le soin pris à sélectionner des zones dans lesquelles la demande réelle pour des services bancaires traditionnels est la plus importante devrait contribuer au succès du modèle. D'autre part, l'introduction d'une dimension de conseil, qui répond à une attente de proximité fréquente chez les mêmes catégories de clientèle, devrait aider à rendre l'approche économiquement viable.
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