Ces derniers mois, les annonces de partenariats stratégiques avec Google Cloud se sont multipliées parmi les banques européennes : Intesa Sanpaolo en Italie, SEB en Suède, Commerzbank en Allemagne… Il faut croire que la « digitalisation » du secteur financier finit par imposer ses contraintes sur les infrastructures traditionnelles.
Comme beaucoup de leurs homologues dans le monde entier, ces établissements sont des adeptes éprouvés, parfois de longue date, des solutions de Google, notamment dans le cadre de démarches expérimentales ou d'innovations spécifiques. Cependant, le contexte aidant, ils franchissent désormais une étape supplémentaire majeure, avec des collaborations stratégiques de long terme (dans le cas d'Intesa, il s'agit même de créer deux centres de données locaux pour l'occasion), concernant leur cœur de métier.
Dans ces trois exemples, les objectifs de mise en œuvre s'avèrent similaires, soulignant par la même les points forts de l'offre. Les principales applications envisagées touchent au déploiement de nouveaux services à valeur ajoutée, reposant notamment sur l'analyse de données et l'intelligence artificielle (pour lesquelles la variété et la puissance des outils disponibles semblent constituer un critère déterminant), à destination des particuliers et des entreprises, en focalisant également les efforts sur l'expérience utilisateur.
Naturellement, sur le plan technique, le principal avantage recherché est la « scalabilité » de la plate-forme (ou, en bon français, la capacité à supporter la montée en charge). L'enjeu pour les institutions financières est en effet d'accéder à une puissance de calcul quasiment infinie, dont elles ne payent que pour son usage réel. Les calculs de risques procurent une excellente illustration des bénéfices espérés, en étant d'autant plus gourmands en ressources qu'ils sont précis et complets… mais sur une durée limitée.
Il est en outre extrêmement intéressant de noter que la problématique de sécurité, qui engendrait traditionnellement des réticences à recourir au nuage public, est aujourd'hui considérée sous contrôle, implicitement ou explicitement, y compris avec des cas d'usage évoqués impliquant des données sensibles. Enfin, les efforts environnementaux de Google ne passent pas inaperçus dans les argumentaires, permettant d'afficher un progrès impossible à accomplir avec les centres de productions historiques.
Nous assistons peut-être là à la création d'une fracture décisive dans le paysage bancaire européen (mondial ?), entre des acteurs fermement attachés à leur stratégie d'internalisation, risquant éventuellement de sombrer avec leur fournisseur informatique de toujours, et ceux, pas toujours les plus innovants, qui, à travers – et au-delà de – leur choix d'une autre voie technologique, démontrent qu'ils prennent conscience de la nécessité de radicalement changer d'ère à l'occasion de leur transformation « digitale ».
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