Lentement, au fil des ans, les initiatives diverses et variées visant à soulager les consommateurs des frais de découvert universellement décriés se propagent de pays en pays. Pour l'arrivée de la tendance au Canada, BMO adopte aujourd'hui une approche éprouvée, mais l'assortit de conditions qui révèlent une certaine mesquinerie de sa part.
Pendant que, aux États-Unis, un vaste mouvement s'est enclenché parmi les plus grands établissements, sous l'impulsion de PNC, en vue d'une élimination totale des ponctions abusives, une des premières initiatives du genre chez son voisin du nord se limitera à répliquer l'initiative plus modeste (quoique révolutionnaire en 2014) de HSBC au Royaume-Uni : un délai de grâce est accordé aux « délinquants », leur permettant d'éviter les pénalités s'ils renflouent rapidement leur compte passé dans le rouge.
Le principe est désormais (presque) classique. Considérant que, dans de nombreux cas, les incidents se produisent en raison d'une inattention ou d'une étourderie, une notification est émise à l'attention du client dès que son solde devient négatif, accompagnée d'une invitation à corriger immédiatement la situation. Dès lors, si le déficit est couvert dans une période prédéfinie, les frais encourus sont effacés. Seul problème avec l'implémentation de BMO, la dite échéance est fixée à midi le jour de l'événement.
Le choix surprend déjà parce qu'il s'écarte de la norme de fait instaurée dans les mises en œuvre antérieures – laissant au moins une journée entière pour combler le découvert – qui ont largement démontré leur efficacité. Surtout, il pourrait générer plus de frustrations que de satisfaction. Les personnes qui découvriront l'alerte au réveil et ne parviendront pas à réaliser l'opération salvatrice dans les trois ou quatre heures qui suivent, c'est-à-dire, en pratique, toutes celles pour lesquelles la solution n'est pas un transfert depuis un compte d'épargne interne, risquent de maudire le leurre de la promesse.
À moins que les porteurs du projet n'ait commis une grossière erreur qu'ils devront corriger sans tarder, voilà un nouvel exemple d'innovation de communication. Or ces tentatives de procurer aux clients l'illusion d'un progrès (à leur intention) sans impact sur le fonctionnement de l'entreprise s'exposent de plus en plus à des retombées négatives, surtout quand des précédents plus opérationnels existent. En outre, BMO offre ainsi à ses concurrentes une opportunité en or de ridiculiser sa démarche en trompe-l'œil…
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