Dans un marché encombré mais toujours en pleine évolution, Yavin développe depuis 2018 une gamme complète de terminaux d'encaissement voués à prendre en charge tous les services de paiement modernes. Fort logiquement, sa palette s'enrichit depuis peu d'une option de règlement par virement interbancaire instantané.
Si le principe a déjà été mis en œuvre ponctuellement, notamment au Royaume-Uni, plus avancé que l'Europe continentale sur les fondations sous-jacentes de banque ouverte et de transferts rapides, et, parfois, sous forme expérimentale, par exemple chez Arkéa, il reste encore peu répandu, au point que le déploiement proposé par Yavin est l'un des pionniers sur des équipements génériques, où il va être directement confronté à la concurrence des instruments traditionnels, cartes en tête, bien sûr.
D'un point de vue pratique, le point d'entrée du dispositif est un QR code présenté sur l'appareil du commerçant, ce qui semble devenir le standard du genre. Quand son client le capture sur son téléphone, il est redirigé vers un module propulsé par le spécialiste de l'agrégation de services bancaires Linxo Connect qui l'invite à sélectionner son établissement teneur de compte, dont l'application est alors automatiquement ouverte pour validation finale de la transaction (après authentification, bien évidemment).
Yavin met naturellement en exergue quelques avantages notables (et désormais connus) du système afin de convaincre de son intérêt. Il est notamment question de sécurité renforcée sur l'ensemble du processus, de non-répudiation des opérations (qui contribue aussi à la lutte contre la fraude), ou, dans un registre différent, de la réception immédiate des fonds (en moins de 10 secondes, pour être précis) sur le compte du marchand, à comparer au délai moyen de 48 heures sur les réseaux de cartes.
Cependant, c'est d'abord sur le coût que la startup insiste particulièrement, en allant jusqu'à promettre une exemption totale de commissions sur les échanges, bien qu'elle encoure elle-même quelques frais (certes minimes). Il ne faut guère s'étonner d'un tel choix, peut-être temporaire, car les obstacles qu'il faudra(it) surmonter en vue d'imposer ce nouveau mode de paiement dans les boutiques de proximité sont considérables et vont indubitablement requérir de sérieux efforts de la part de ses promoteurs.
En effet, l'expérience utilisateur paraît quasiment rédhibitoire, surtout quand elle jouxte la possibilité d'un règlement sans contact sur le même terminal. Outre le manque d'habitude et la méfiance que suscite automatiquement un mécanisme inconnu, il est difficile d'imaginer les consommateurs préférer les manipulations multiples sur leur smartphone au geste simple qu'ils maîtrisent parfaitement. Et les professionnels également risquent de déplorer l'allongement des temps de traitement sur leurs caisses.
Dans ces conditions, la gratuité constitue donc une incitation pour les commerçants à encourager le recours au virement instantané auprès de leur clientèle. Mais je doute qu'elle suffise à faire bouger les lignes. Il faudra donc nécessairement envisager d'autres arguments de séduction (la britannique Trilo mise par exemple sur des récompenses et autres promotions). Et, surtout, au risque de me répéter, un travail approfondi sur les parcours reste indispensable, afin de réduire l'écart avec les méthodes existantes.
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