Entre l'augmentation permanente des prix et le durcissement des conditions de financement, l'accession à la propriété devient de plus en plus difficile pour les consommateurs britanniques (et d'autres pays, incidemment). Parmi les innombrables idées qui naissent en réponse à cette problématique, celle de Kettel Homes occupe une place à part.
En effet, bien que, comme beaucoup de ses consœurs, la jeune pousse propose aux exclus de l'acquisition immobilière d'y pénétrer par l'intermédiaire d'une phase de location, il n'est pas question ici d'un achat direct dont le financement se traduit ensuite par des échéances adoptant une forme de loyer. Afin de donner leur chance à tous ceux qui ne passent pas les filtres minimaux du crédit, même avec ces solutions, elle leur accorde une période probatoire pendant laquelle ils vont consolider leur réputation.
Concrètement, le candidat commence par créer un dossier, gratuitement, qui permet aux équipes de Kettel d'élaborer un budget réaliste, aligné sur sa capacité d'épargne. Une fois ces préliminaires achevés, il recherche un bien correspondant à ce critère et à ses préférences (uniquement autour de 5 grandes villes, pour l'instant), avec l'aide ou non de la startup. Quand il a trouvé la résidence de ses rêves, celle-ci est alors acquise par un investisseur partenaire, qui la lui loue pour une durée de 36 mois, moyennant un versement initial, assimilable de fait à un dépôt de garantie, de (seulement) 2% du prix.
La transaction est assortie d'une promesse de vente à l'échéance du bail, à coût identique. Dans l'intervalle, de manière à assurer la faisabilité de l'acquisition finale, qui requiert toujours un apport d'environ 10% (alimenté progressivement par une ponction complémentaire ajoutée au loyer) et une qualification classique de la part des banques, Kettel transmet aux agences de notation les informations des règlements réguliers, autorisant la progression du score de crédit, et fournit à ses clients des outils de pilotage de leurs finances personnelles en vue de les encourager à épargner.
Dans l'hypothèse où l'acheteur (putatif) change d'avis, quelles qu'en soient les raisons, y compris s'il souhaite rester locataire de son logement, il lui est toujours possible de se rétracter à l'issue des 3 ans, en récupérant les économies qu'il a accumulées (diminuées de frais de revente). Incidemment, bien que le sujet ne soit pas explicitement évoqué dans la communication officielle, je suppose que le même mécanisme de retrait sera appliqué dans le cas où les objectifs minimaux pour une acquisition ne sont pas atteints.
Le concept original de Kettel lui vaut d'avoir été accueillie dans l'incubateur de Nationwide (avec un petit soutien en capital). Celui-ci a été mis sur pied par le spécialiste du financement immobilier, en collaboration avec un fonds dédié (« Fair by Design »), dans une perspective de facilitation de l'accès à la propriété et, plus généralement, d'équité économique au sein de la population. Il est aisé de comprendre l'intérêt d'une telle association, qui apporte à l'institution à la fois une clientèle potentielle (écartée du marché à ce jour) et une opportunité de diversification (du côté de l'investissement).
La démarche de la jeune pousse a ceci de particulièrement attractif pour les acteurs traditionnels qu'elle ne cherche aucunement à remettre en cause leurs pratiques habituelles. Elle se positionne clairement en parallèle du crédit immobilier, dans une approche qui relève avant tout de la pédagogie et de l'accompagnement (très) en amont d'une opération. Et, dans ce registre, elle offre une excellente démonstration d'une méthode extrêmement opérationnelle et pragmatique, propice aux meilleurs résultats.
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