Quand Jayne Sibley, dont les deux parents souffrent de la maladie d'Alzheimer, a commencé à se rendre compte des difficultés de sa mère, encore indépendante, à gérer son argent, elle a recherché une solution adaptée. Faute de la trouver, elle a développé Sibstar avec le soutien de l'Alzheimer's Society britannique et de Mastercard.
Pour les personnes affectées, les petits problèmes de la vie quotidienne peuvent s'accumuler rapidement, bien que la maladie progresse lentement. Entre les troubles de la mémoire qui les conduisent à retirer des fonds au distributeur plusieurs fois par jour, puis à perdre ou donner l'argent récupéré, et les prédateurs qui savent repérer ces victimes « idéales » et abusent de leur faiblesse sans vergogne, ce sont des dizaines, voire des centaines, de livres sterling qui disparaissent régulièrement de leurs comptes.
Bien sûr, il existe déjà des moyens de mettre un terme à ces embarras, notamment à travers la délégation des opérations à une personne de confiance. Mais une fois que les achats, y compris les plus courants, sont réalisés ou, a minima, supervisés par un tiers, outre la charge pour ce dernier, c'est également une relation sociale, avec les commerçants, qui est retirée au patient. Or les études démontrent que le lien avec les autres constitue un facteur important afin d'entraver le développement de la maladie.
Par contraste, Sibstar propose donc, sous la forme d'un compte de paiement, un outil très simple – d'usage comme de conception – destiné à limiter les risques d'erreurs et de pertes en tout genre, sans nuire à l'autonomie de l'individu (ni introduire de stress inutile, incidemment) et en lui procurant au contraire l'opportunité de maintenir une activité presque normale durant les longues années pendant lesquelles ses symptômes restent suffisamment légers pour le préserver d'une médicalisation plus poussée.
Concrètement, le bénéficiaire se voit octroyer une carte, assortie d'une application mobile. Celle-ci, aussi utilisable par un proche, permet de piloter le fonctionnement du compte, depuis son approvisionnement (par virement, avec une option d'automatisation dès que le solde franchit un seuil prédéterminé) jusqu'à la fixation de limites, par exemple sur les règlements à distance ou sur des montants de retrait et de dépense, par jour ou par mois, en passant par des notifications de transaction en temps réel.
Indéniablement, le dispositif est trivial. Pourtant, il répond parfaitement à son double objectif de sécurité et de liberté. Le seul ajout que je suggèrerais serait l'envoi d'un message à l'utilisateur dans le cas d'un paiement bloqué, de manière à soulager l'angoisse et la confusion qu'il est susceptible de générer. Devant son évidence, il reste à espérer qu'il soit distribué ou répliqué dans le monde entier, au service des quelques 55 millions de victimes actuelles d'Alzheimer… et des 78 millions projetées en 2030.
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