Pendant qu'un consortium de grandes banques européennes planche sur l'EPI, un concurrent de Visa et Mastercard qui ne devrait voir le jour que, au mieux, dans deux ou trois ans, Arkéa expérimente [PDF] dès aujourd'hui une alternative opérationnelle, elle aussi basée sur les services d'initiation de paiement imposés par la réglementation.
Destinée en priorité aux indépendants et aux très petites entreprises qui sont relativement peu équipés de moyens d'encaissement par carte, la nouvelle solution leur propose un substitut simple et sécurisé aux règlements en espèces, par chèque ou par virement. Pour le mettre en place, le professionnel est invité à générer un QR-Code sur son espace de banque en ligne, que ses clients capturent alors avec leur téléphone intelligent pour réaliser un transfert depuis leur compte bancaire, en quelques gestes.
Le dispositif s'appuie sur la technologie d'agrégation de Budget Insight, acquise par Arkéa l'année dernière. Celle-ci permet d'offrir au consommateur une interface unifiée, qui lui permet de, successivement, valider ou saisir le montant à payer, sélectionner l'établissement à partir duquel seront émis les fonds, s'identifier et s'authentifier (y compris dans le cas où un système à deux facteurs est implémenté) et, enfin, valider la transaction, dont le commerçant est immédiatement notifié de la bonne fin.
À ce jour, le service est déployé auprès de quelques clients du Crédit Mutuel de Bretagne. Si ces tests préliminaires sont concluants, il sera généralisé à l'ensemble du groupe. Mais soyons réaliste : l'expérience utilisateur dans son état actuel – avec ses étapes de connexion au compte bancaire, sachant que l'individu lambda ne mémorise pas ses identifiants – constituera évidemment un obstacle à une adoption massive.
Dans une époque où les moindres frictions de parcours doivent être éliminées afin de garantir la satisfaction des consommateurs, il reste donc à imaginer et développer une approche susceptible de concilier au mieux sécurité et fluidité de l'acte de paiement. Bien entendu, le même dilemme affectera également l'EPI, dont la réponse initiale, par l'émission d'une carte, semble tristement obsolète avant son lancement.
Quels que soient les défauts de son système, ce qu'il faudra retenir de la démarche d'Arkéa est son double choix, délibéré, d'une part d'élaborer un outil de paiement résolument orienté sur les usages (mobiles) du XXIème siècle, probablement inspiré par les géants chinois, et, d'autre part, de mettre sur le marché une première version, embryonnaire, qui lui servira à évaluer au plus tôt sa réception par toutes les parties prenantes et, idéalement, à progresser rapidement vers un modèle optimal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)