Au début du mois, l'éditeur du navigateur web Opera annonçait l'acquisition d'une banque. Cette semaine, Intuit lance un compte bancaire pour les entreprises utilisant sa plate-forme de comptabilité. La distribution de services financiers devient tellement accessible que le secteur est désormais prêt à basculer dans l'ère des expériences.
Pour s'en tenir au seul cas de la nouvelle offre QuickBooks Cash, les motivations de son introduction sont parfaitement claires et logiques. Tout part du besoin fondamental du responsable de PME (ou de son directeur financier) : un ensemble d'outils performants et faciles d'utilisation afin de piloter l'activité de sa société. Une des premières pistes d'optimisation consiste donc à intégrer les principaux instruments à sa disposition, à savoir ses livres comptables, son suivi de facturation et ses opérations bancaires.
Cette combinaison logicielle, rendue possible par les technologies modernes, permet non seulement de simplifier la vie des gestionnaires, en leur procurant une interface homogène vers toutes les fonctions nécessaires dans leur quotidien (depuis le traitement de bout en bout des factures, entrantes et sortantes, éventuellement automatisé, jusqu'à la demande de financement en un clic), mais également d'ajouter des capacités supplémentaires, telles que la projection et la planification de trésorerie.
Dans un premier temps, quelques tentatives de connexion aux comptes de l'entreprise par l'intermédiaire des mécanismes d'« open banking » (et leurs APIs ouvertes) ont vu le jour. Intuit considère toutefois qu'il est aujourd'hui plus intéressant de déployer sa propre solution, d'un côté parce qu'elle peut de la sorte proposer une expérience client plus riche, plus fluide et plus transparente et, de l'autre, parce que l'effort requis est à sa portée (notamment via le recours à un partenaire spécialisé, en l'occurrence, Green Dot).
Parce que la finance n'est qu'un moyen et non un but en soi, sa place naturelle est au cœur des processus de l'entreprise, avec lesquels il s'agit d'en articuler au mieux les usages et la contribution. Or, dans cette vision, Intuit estime être mieux positionnée que la banque pour accompagner et, parfois, conseiller ses clients, ne serait-ce que parce que son métier de base, focalisé sur leur activité au jour le jour, lui donne un point de vue concret et opérationnel sur leurs problématiques et sur leurs besoins.
Dans une certaine mesure, le raisonnement pourrait être similaire, côté grand public, avec Opera. Le e-commerce prenant une importance croissante dans l'économie, il n'est pas totalement absurde (bien qu'extrêmement ambitieux) d'imaginer que le butineur web devienne le centre névralgique des parcours de consommation en ligne et que, à ce titre, il prétende porter en son sein, en éliminant toute friction, la palette d'outils correspondants, dont, par exemple, les instruments de paiement, les facilités de crédit…
À ce stade, les démarches sont encore embryonnaires et peuvent prêter à sourire, d'autant que le pas initial – psychologique, entre autres – à franchir pour adopter ces solutions reste important. Cependant, l'abaissement de la barrière à l'entrée sur le marché des produits financiers encouragera de plus en plus d'initiatives de ce genre, sous des formes variées. Progressivement, elles induiront une accoutumance des usagers, d'abord séduits par la qualité incomparable de l'expérience qui leur sera ainsi offerte.
Le modèle de relation traditionnel aura alors vécu et l'ère de la banque invisible débutera.
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