Comme le reste de l'Europe du Nord, le Royaume-Uni voit fondre ses réseaux bancaires à grande vitesse, avec plus d'un tiers de ses agences fermées en 5 ans. Convaincu que des millions de ses concitoyens ont encore besoin d'un service de proximité, le fondateur de OneBanks leur concocte une solution… à base d'« open banking ».
L'idée sous-jacente ne date pas d'aujourd'hui : quand les enseignes traditionnelles ne parviennent plus à justifier une implantation individuelle, pourquoi ne pas envisager des regroupements ? L'approche est déjà expérimentée sous différentes formes, depuis les points de vente partagés que déploient trois des plus importants établissements britanniques jusqu'aux automates installés et opérés par un acteur tiers pour le compte, par exemple, des municipalités craignant la désertification de leurs territoires.
Dans le cas de OneBanks, l'objectif consiste à aménager des kiosques spécialisés dans les lieux les plus fréquentés – tels que les centres commerciaux ou les supermarchés – des zones mal servies et dans lesquelles la demande est forte. Là, grâce à une application connectée aux comptes qu'il détient dans n'importe quelle institution (par l'intermédiaire des interfaces réglementées d'« open banking »), le consommateur peut réaliser, avec l'appui d'un employé qualifié, dépôts et retraits, virements et paiements.
Naturellement, il surgit une incohérence entre la promesse de répondre aux attentes d'accompagnement humain et l'exigence de configuration d'un accès en ligne à la banque du client, qui permettra ensuite d'enregistrer les transactions exécutées. C'est la raison pour laquelle, le dispositif propose également une assistance à la souscription – toujours avec une personne en chair et en os – qui couvre à la fois toutes les étapes techniques de mise en place et une formation à l'utilisation des services.
Dans son principe, la démarche de OneBanks est convaincante et son astucieux détournement – en quelque sorte – du concept d'« open banking » en faveur d'un renforcement de la proximité physique, alors qu'il est souvent perçu comme le support d'un développement exclusivement technologique, est séduisant. Elle démontre, à tout le moins, la relative facilité avec laquelle il est désormais possible de pallier les déficiences en tout genre des acteurs historiques… par un simple recours à leurs APIs.
En revanche, la viabilité du modèle imaginé par OneBanks ne m'inspire que scepticisme. D'une part, la palette de services offerte, intrinsèquement limitée par les capacités d'intégration disponibles, risque de laisser une grande partie de la clientèle ciblée sur sa faim. Les personnes qui espèrent obtenir du conseil, notamment, seront déçues. D'autre part, l'équation économique, reposant sur des redevances de la part des banques, est incertaine car les opérations traitées portent une très faible valeur ajoutée.
Il est vrai que l'initiative représente toutefois, dans une certaine mesure, une aubaine pour les institutions financières qui cherchent à réduire toujours plus leurs réseaux d'agences. Elles disposeront ainsi d'une solution de secours supplémentaire (avec les bureaux de poste) à opposer aux accusations d'abandon qu'elles subissent régulièrement. Malheureusement, rien dans le projet de OneBanks ne contribue à relever le premier défi du secteur, à savoir d'inventer le modèle de conseil bancaire du XXIème siècle.
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