Après un pic inédit de requêtes sur le refinancement au début de la crise du coronavirus, le moteur de recherche de Google (aux États-Unis) en a vu émerger un second au cours du mois de mai, concernant l'achat de maison. À la croisée de ces tendances, le géant du web a mis sur pied un service aidant à décrypter le crédit hypothécaire.
Entre, d'une part, les envies d'espace créées par les mesures de confinement (volontaires ou imposées) et les difficultés financières engendrées par les pertes d'emploi et, d'autre part, l'impossibilité de rencontrer un conseiller et les réticences à se rendre dans une agence bancaire, il n'est guère surprenant que les candidats à la propriété se tournent vers internet afin de trouver réponse aux nombreuses questions qu'ils se posent sur les produits complexes susceptibles de les soutenir dans leurs projets et leur bien-être.
Face à la recrudescence d'intérêt pour le sujet, Google a donc élaboré, avec le CFPB (l'agence de protection financière des consommateurs), un module de contenus, accessible directement lors d'une recherche mobile sur le mot-clé « mortgage » (hypothèque). Son objectif est de fournir aux utilisateurs un aperçu aussi exhaustif que possible sur tous les aspects des solutions de prêt qui s'offrent à eux, sous une forme claire et compréhensible par tout un chacun, illustrée d'exemples concrets.
Sont ainsi présentés, entre autres, le parcours complet de sélection d'un crédit, avec le détail des critères à prendre en considération à chaque étape, des explications des termes techniques chers aux professionnels du secteur, des références externes pour approfondir les multiples notions abordées, un simulateur d'emprunt personnalisé, un comparateur (théorique) qui permet d'appréhender objectivement les différences entre les multiples options proposées (taux fixe ou variable, durée plus ou moins longue, etc.)…
La démarche de Google met en évidence une lacune béante qui devrait sérieusement alerter les banques. Après tout, leurs clients devraient être capables de dénicher chez elles l'information dont ils ont besoin sur les produits qu'elles distribuent, même quand un conseiller n'est pas disponible pour un rendez-vous, sans être contraints d'interroger le reste du web ! Hélas telle est la réalité aujourd'hui, que leur sites sont, pour la plupart, des catalogues remplis de jargon ésotérique et dénués de tout effort pédagogique.
Voilà le révélateur d'un oubli majeur de leurs tentatives embryonnaires de transformation « digitale ». En effet, une expérience en ligne satisfaisante et performante implique de procurer une totale autonomie au client… et, donc, de lui donner une certaine forme d'éducation financière, qui lui livre les clés nécessaires pour réaliser ses choix lui-même. La situation sanitaire actuelle, en limitant l'accès aux spécialistes chargés, traditionnellement, de combler le vide, fait particulièrement ressortir cette exigence.
De son côté, après des expériences passées autour du crédit (immobilier ou non) relativement peu concluantes, Google reprend ici pied dans l'univers financier et esquisse peut-être une nouvelle stratégie pour s'y faire enfin une place. Dans une phase suivante, il est, par exemple, facile d'imaginer un lien entre cette plate-forme à vocation éducative et la promotion d'offres en tout genre (comparateur, courtage…), jusqu'à la transformer un jour en un point d'entrée incontournable et lucratif vers la banque.
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