La sous-bancarisation est un cercle vicieux bien connu : sans accès aux produits financiers basiques, dont le crédit, les populations fragiles recourent à des solutions outrageusement onéreuses et s'enfoncent de la sorte dans la précarité. Aux États-Unis, Aspire Banking développe une porte de sortie, en passant par une démarche pédagogique.
Parce que, dans cette région, le principal vecteur d'inclusion reste, en dépit de ses multiples défauts, la carte de crédit, la promesse du trublion est d'en autoriser l'accès en trois mois à toute personne capable de respecter un petit programme prédéfini, sans aucune considération préalable pour les conditions habituellement requises, notamment la preuve d'un score honorable qui ne peut hélas être obtenu qu'après avoir réalisé des opérations qualifiantes… contraintes par le même mécanisme résolument kafkaïen.
Concrètement, le point d'entrée dans le monde d'Aspire (dont les fondations réglementaires sont prises en charge par une petite banque du Missouri) consiste en un compte courant, gratuit et sans frais de découvert, accompagné de sa carte de débit. Une fois celui-ci ouvert, il « suffit », chaque mois pendant trois mois consécutifs, d'y verser un minimum de 500 dollars, exécuter au moins trois paiements et maintenir un solde positif supérieur à 25 dollars pour devenir éligible aux avantages de la carte de crédit.
L'objectif visé est autant de mettre entre les mains des quelques 44 millions d'américains sous-bancarisés un instrument perçu comme indispensable, a minima dans le but de commencer à établir leur crédibilité d'emprunteur (car, selon toute probabilité, il sera assorti de limitations drastiques), que de les encourager à adopter des comportements sains avec leur argent, aussi modestes soient les critères imposés. Le concept relève donc de l'éducation financière par la pratique, avec un bénéfice réel à l'arrivée.
Les approches de réintégration dans le système bancaire institutionnel se sont multipliées ces derniers temps, grâce aux opportunités créées par la disponibilité de données riches et leur analyse intelligente. Elles reposent toutefois généralement sur des modèles passifs, avec lesquels les décisions reposent sur une observation des actions antérieures, sans chercher à les influencer, sinon par un appel au bon sens.
La nouveauté remarquable qu'introduit Aspire – en prenant un peu de recul sur son implémentation présente certes relativement sommaire, voire triviale – est de guider son utilisateur vers la réalisation et l'assimilation des gestes élémentaires susceptibles de contribuer durablement à son bien-être financier et pas uniquement de lui permettre de souscrire un produit potentiellement dangereux pour l'équilibre de son budget.
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