Quand l'australienne Nine25 (prononcez « nine to five », comme pour les horaires de bureau) vante son concept d'argent en streaming, ce n'est pas uniquement dans le but d'attirer l'attention en surfant sur une tendance moderne : elle imagine une approche dans laquelle l'utilisateur gère véritablement l'ensemble de son budget en temps réel.
Mais de quoi est-il donc question derrière cette accroche racoleuse ? Oubliez les paiements apparaissant immédiatement dans les relevés d'opérations et autres virements instantanés, qui ne sont qu'une accélération de la transmission d'information, sans aucun impact sur le fonctionnement historique de banque, ni sur la manière dont celui-ci est appréhendé par le consommateur. En revanche, interrogez-vous sur cette étrange habitude de considérer les principaux flux financiers par mouvements périodiques.
La rémunération qui tombe tous les vendredis ou tous les premiers du mois, les factures d'électricité et de téléphone, les abonnements divers, les échéances de prêt… qui reviennent mensuellement, trimestriellement, voire annuellement…, le tout évidemment désynchronisé. Pourquoi faut-il que tous ces incontournables de la vie quotidienne soient cadencés de la sorte, obligeant chacun d'entre nous à garder en mémoire les dates importantes, de manière à ne pas se laisser surprendre par une dépense oubliée ?
La réponse de Nine25 est simple, du moins dans son principe : les transactions devraient être enregistrées dans le temps de leur exécution effective et non en fonction de cycles administratifs imposés par des contraintes techniques d'une autre époque. Si quelques trublions (à l'instar de Hi, au Royaume-Uni) se sont déjà emparés de l'idée pour le versement des salaires, ce cas d'usage constitue ici seulement un point de départ, la vision proposée en étendant, à terme, l'application à tous les compartiments du budget.
La solution de la startup suggère ainsi de mettre en place des « streams » pour les règlements récurrents à anticiper, en précisant leur montant et leur date d'exigibilité. Dès lors, chaque incrément de revenu perçu (avancé, en fait) est ponctionné afin d'alimenter, dans les proportions requises, ces différentes réserves, le paiement dû étant réalisé automatiquement l'heure venue. Enfin, le solde du compte, après imputation des fractions de prélèvements futurs, représente le « reste à vivre », actualisé au jour le jour.
Pour les plus prévoyants, le mécanisme est également recommandé pour constituer une épargne, qu'il s'agisse d'une cagnotte de précaution, bloquée symboliquement par le logiciel, ou, dans une version ultérieure de la plate-forme, d'un portefeuille d'investissement, pour des projets importants. Ce mode de contribution au fil de l'eau comporte plusieurs avantages, entre son caractère indolore au vu des petits montants unitaires engagés et l'accélération de rendement (certes modeste) qu'il autorise.
Au-delà de la curiosité que suscite Nine25 par sa référence à la notion de streaming – qui, soit dit en passant, peut s'avérer difficile à faire adopter massivement tant elle rompt avec les pratiques ancrées dans les mœurs –, sa réflexion de fond paraît extrêmement pertinente : il existe plusieurs méthodes destinées à faciliter la prise en compte des irrégularités temporelles d'un budget ordinaire mais celle qui les lisse entièrement est certainement la plus à même de réduire le stress financier des consommateurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)