Avec le lancement d'une fonction de messagerie instantanée (entre utilisateurs) au cœur de sa plate-forme bancaire mobile, Revolut affirme se rapprocher de son ambition de faire de cette dernière une véritable « super-app ». Sa définition relativement limitée du concept n'est cependant pas tout à fait celle qu'on lui attribue généralement.
Déployée simultanément en Europe et au Royaume-Uni, la nouvelle option permet aux clients (majeurs) de la néo-banque dans ces géographies, pourvu qu'ils aient renseigné leur numéro de téléphone et/ou aient accumulé un historique de paiements, d'accompagner leurs envois et leurs demandes d'argent d'un message ou d'une image, dans le même écran où ils fournissent les détails de l'opération. Le destinataire reçoit alors une notification sur son téléphone, comportant toutes les informations.
Contexte financier oblige, la sécurité des échanges est garantie par un chiffrement de bout en bout. Chacun est en outre libre de définir ses préférences en la matière. En particulier, celles et ceux qui ne souhaitent pas risquer d'être harcelé(e)s à l'occasion de paiements entre pairs (ce qui semble malheureusement constituer un vrai sujet) ou veulent simplement préserver leur tranquillité peuvent ainsi choisir de désactiver entièrement le service ou bien de bloquer certains correspondants à leur convenance.
En première lecture, le tchat intégré répond de manière très pragmatique à deux besoins formellement identifiés chez les adeptes de Revolut. D'une part, il s'agit de leur faciliter l'existence, en leur évitant de devoir recourir à une solution tierce afin d'expliquer à leur interlocuteur la transaction qu'ils viennent de lui soumettre. D'autre part, il aurait aussi vocation à encourage les conversations à propos d'argent, que, selon une enquête, plus de deux européens sur trois (67,5%) déclarent avoir des difficultés à engager.
Mais la messagerie instantanée possède également un fort pouvoir symbolique, agissant comme un marqueur du modèle de super-app, tel qu'il a été inventé par les dragons chinois (WeChat et Alipay) et répliqué au fil des ans, avec plus ou moins de bonheur, par plusieurs acteurs du secteur bancaire, par exemple Tinkoff, en Russie. Nik Storonsky, directeur général de la jeune pousse, qui, au vu de ses origines, est probablement au fait de ce précédent, ne manque pas de rebondir sur la tendance.
Le parallèle établi de la sorte est cependant légèrement abusif, car la notion fondamentale de super-app qualifie en principe les tentatives pour une entreprise hégémonique d'embarquer dans son écosystème une galaxie d'outils couvrant de multiples domaines, bien au-delà de ses métiers de base. Or, dans le cas de Revolut, il est encore essentiellement question, à ce stade, de produits financiers (ses seuls écarts concernent aujourd'hui la réservation de voyage et l'accès aux salons d'aéroport).
Le commentaire de Nikolay pourrait signaler un retour vers sa vision des (lointains) débuts, focalisée sur la cible des globe-trotters. Plus vraisemblablement, il faut y voir une autre orientation, vers une plate-forme résolument centrée sur l'univers de l'argent, à laquelle il continue à manquer des segments entiers pour arriver au niveau des géants du secteur (à commencer par le crédit), mais où des composants périphériques indispensables (notamment relationnels) sont imbriquées dans l'expérience client.
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