À l'occasion d'une table ronde organisée par StrictlyVC, trois représentantes de fonds de capital risque exprimaient récemment leurs points de vue sur les perspectives de la FinTech en 2023, qui nous offrent par ricochet une excellente synthèse des défis et opportunités de l'innovation dans le secteur financier au cours des prochains mois.
Commençons par quelques constats. Tout d'abord, il n'a échappé à personne que les écosystèmes entrepreneuriaux se trouvent actuellement dans la tourmente, entre difficulté à lever de l'argent et nécessité de réduire les trains de vie (notamment par des licenciements massifs). Concernée comme les autres secteurs par ce phénomène, la FinTech est particulièrement touchée au niveau de ses acteurs du crédit, qui font face à un triple impact de la conjoncture, où se combinent aggravation des risques de défaut face à la crise inflationniste, hausse des taux d'intérêt et du coût des capitaux.
Deuxième évidence, les institutions financières perçoivent elles aussi l'émergence de signaux inquiétants pour leur activité (elles sont tout aussi sensibles à la fragilité de la situation budgétaire de leurs clients, par exemple) et, en conséquence, elles adoptent, comme toujours dans ce genre de circonstances, des tactiques de réduction des coûts et de recherche d'efficacité opérationnelle (en abandonnant au passage les axes stratégiques élaborés parfois depuis peu). Or les premières victimes de ces revirements brutaux sont toujours les départements d'innovation et les projets de transformation.
Mais ce sont justement ces changements de priorités qui fournissent une lueur d'espoir aux trublions de l'industrie, dans différents registres. En premier lieu, ils créent une ouverture immédiate pour les jeunes pousses positionnées sur les domaines susceptibles de contribuer directement aux efforts de rationalisation. En la matière, la palette de produits potentiels est vaste, qu'il s'agisse de lutte contre la fraude, d'évaluation de la solvabilité et de la fiabilité des emprunteurs, d'assistants virtuels intelligents…
Beaucoup plus important, à mon sens, sont toutefois les attentes non satisfaites des usagers des services traditionnels. En dépit des quelques progrès accomplis pendant la dernière décennie par les établissements historiques, ils continuent à générer d'immenses frustrations chez leurs clients (sans surprise, puisque Forrester nous apprend que les banques ne se préoccupent que très médiocrement d'eux). Alors ces derniers n'hésitent plus à explorer toutes les alternatives disponibles et franchissent de plus en plus facilement le pas de la transition vers la nouvelle génération de solutions.
Dans ces conditions, le moment est idéal pour les startups capables de répondre de manière optimale aux besoins sous-jacents : non seulement ont-elles toute latitude de conquérir une place pour l'instant inoccupée (ou mal occupée) mais, en outre, elles peuvent être assurées que les grandes institutions financières ne tenteront pas à court ou moyen terme de reprendre l'avantage sur les terrains perdus de la sorte, concentrées qu'elles sont sur leurs mesures d'économies. Comme toute période de crise, celle que nous vivons aujourd'hui peut représenter le chaos d'où naîtront les futurs géants.
Illustration par Luisella Planeta (pour Pixabay) |
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