Comme nombre de ses consœurs dans le monde, la Banque d'Angleterre explore l'opportunité d'une livre sterling « digitale », complémentaire de la monnaie physique. Avec la prudence caractéristique de sa nature, elle progresse lentement… et vient tout juste de valider la faisabilité technique des paiements de proximité.
Une première étude théorique avait déjà permis de qualifier le fonctionnement de ce cas d'usage essentiel, dont la contrainte principale est l'adaptabilité des systèmes d'encaissement existants au nouvel instrument, afin que son adoption puisse se dérouler de manière transparente, sans l'hypothèque d'un renouvellement généralisé de l'équipement des commerçants. Cette fois, le prestataire retenu pour l'exercice était chargé de réaliser une preuve de concept pour confirmation des résultats.
Dans cette perspective, trois scénarios ont été mis en œuvre et déclinés sur les trois catégories de terminaux disponibles sur le marché (classique, mobile – connecté à un smartphone – et entièrement logiciel). En résumé, les deux approches distinctes évaluées dans un contexte de connexion au réseau ont pu être menées à bien sans modification des appareils mais, sans grande surprise, les échanges « hors ligne » ne se sont avérés possibles que moyennant des changements sur leurs fonctions internes.
En effet, dans de telles conditions (qui constituent donc toujours le point dur des monnaies « digitales »), il est évidemment nécessaire qu'un compte soit géré localement afin de conserver la trace des transactions exécutées, jusqu'à ce qu'une liaison avec le registre centralisé autorise leur enregistrement définitif. L'expérimentation comprenait la conception des évolutions requises, qui ont abouti concrètement sauf avec le module d'encaissement mobile, faute d'ouverture aux développements tiers.
Le test nous procure une occasion de comprendre les modalités opérationnelles de la livre « digitale »., dans l'hypothèse où elle serait déployée (la décision n'étant pas encore à l'ordre du jour). Le principe repose sur une tenue de compte centralisée et anonyme, prise en charge par la Banque d'Angleterre, avec laquelle interagissent les porte-monnaie électroniques des citoyens, fournis pas des entreprises privées (dont les banques peut-on supposer), par l'intermédiaire d'API mises à leurs disposition.
Un détail intéressant de l'implémentation envisagée se glisse dans les deux scénarios connectés, l'une reproduisant le processus en vigueur aujourd'hui, avec un ordre de paiement transmis au prestataire du marchand qui invoque ensuite l'interface de la banque centrale, tandis que l'autre imagine un appel direct à cette dernière, éliminant le rôle présent de l'acquéreur. Ceux qui craindraient pour leur métier seront cependant réconfortés de savoir qu'une telle solution introduit des complications techniques.
En pratique, la démarche que suit la Banque d'Angleterre est tellement lente, avec une phase telle que ce « PoC » dont les conclusions paraissent réellement triviales, qu'on se demanderait si elle ne cherche pas à gagner du temps afin de ne pas avoir à se lancer (un peu) seule parmi les grands pays occidentaux. Quand on prend conscience de sa quasi absence de réflexion (hélas largement répandue) sur les bénéfices d'une monnaie digitale de banque centrale, il vaut mieux se réjouir de ses hésitations.
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