Initialement annoncée pour 2022, la solution de paiement paneuropéenne Wero, issue des travaux de l'EPI, devrait finalement connaître son premier déploiement « industriel » cette année, pour les seules transactions de personne à personne (particuliers et professionnels). La prochaine étape, pour le commerce en ligne, est toutefois déjà en préparation pour son lancement vers la mi-2025.
Avec son arrivée tardive sur un marché où la concurrence est établie de longue date (par exemple avec Lydia en France), l'itération à venir risque de ne pas procurer énormément d'enseignements sur les chances de succès à long terme de l'initiative. En effet, contrairement à la situation de création d'une catégorie de services qu'ont vécue les pionniers du domaine, les échanges P2P ne constituent plus aujourd'hui un point d'entrée privilégié dans l'univers des paiements électroniques.
Il faudra donc attendre encore un peu l'introduction d'une déclinaison complète pour les règlements sur internet ou dans les applications mobiles pour mesurer l'intérêt suscité par Wero auprès des marchands et de leurs clients et évaluer de la sorte la probabilité qu'émerge une véritable alternative aux grands réseaux de carte Visa et Mastercard. Computop, spécialiste allemand de l'encaissement, qui recrutera au quatrième trimestre des enseignes volontaires pour un pilote, nous fournira alors peut-être un indice.
Afin de séduire cette cible, l'entreprise promet une intégration simplifiée au maximum. D'abord, le fonctionnement du système, à 4 coins, est similaire à ceux en vigueur à l'heure actuelle. Ensuite, les API et les pages web de paiement prédéfinies sont (évidemment) présentées comme faciles à appréhender… et un accompagnement dédié est proposé aux acteurs les plus importants. Mauvaise nouvelle, donc, bien qu'elle ne soit pas inattendue : l'implémentation requiert un minimum d'efforts.
Et ce n'est pas le seul handicap qu'il faudra faire avaler aux candidats. Par exemple, la gestion des réservations et la prise en charge des remboursements, standards dans le monde des cartes, n'arrivera que dans un second temps… sans date à ce stade. Quant aux vagues promesses de capacités de règlement fractionné ou de support des programmes de fidélité, il faudra certainement les attendre longtemps.
À l'inverse, du côté des bénéfices, le principal étant une approche unifiée à l'échelle du continent, qui n'a rien d'original par rapport aux méthodes existantes, elle ne porte pour l'instant que sur 16 banques embarquées en France, en Allemagne et en Belgique, pour une couverture affichée de 85% de ces populations, dans la mesure où celles-ci acceptent d'affecter leurs opérations sur l'établissement qui leur offre l'option.
En synthèse, il va être intéressant d'observer dans les prochaines semaines le degré d'adhésion des vendeurs en ligne à un moyen de paiement qui ne leur offre aucun bénéfice significatif (à moins d'une garantie de conditions financières avantageuses) et qui exige de leur part un investissement non nul, le tout sans avoir la moindre idée de son adoption par leurs clients. Le pari de l'EPI est pour le moins audacieux !
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