L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a récemment mis en ligne son comparateur de produits d'assurance-vie, en insistant sur son impartialité, par opposition aux plates-formes existantes, souvent financées, donc potentiellement influencées, par les ventes commissionnées. Son objectivité a pourtant des limites.
L'expérience commence bien, avec une entrée en matière réduite à quatre questions, aboutissant à un classement de plus de 180 contrats qui couvrent environ 80% du marché français. D'emblée, cependant, le doute s'installe, quand la première question aborde l'appétence au risque par un choix entre « aucun », « équilibré » et « dynamique » ou quand une autre porte sur l'âge du visiteur… sous prétexte de prise en considération des limites fixées sur certaines garanties de rendement.
Puis la consultation des critères retenus afin d'établir les palmarès laisse pantois : niveau des frais, performance des fonds euros (historique, bien entendu), qualité (générique) des unités de compte proposées, conditions de retrait anticipé, gestion de portefeuille en ligne… Rien sur l'accompagnement des projets de vie, rien sur l'accès à un conseiller et sa capacité à adapter son offre au besoin exprimé… Pire, les résultats des évaluations sont émaillés de jargon sans explication de leur sens opérationnel.
Comme tous les outils du genre, celui de Que Choisir semble ainsi ignorer, voire dédaigner, les attentes profondes des consommateurs. Un comble pour l'organisme qui se prétend être leur champion ! A contrario, il démontre combien l'emprise de l'industrie pèse sur l'univers de la finance, jusqu'à imposer ses codes internes dans toute communication concernant ses produits et services, même de la part d'acteurs indépendants, dont le rôle supposerait qu'ils exercent un jugement plus critique.
À travers ce parti-pris, la comparaison s'établit donc exclusivement sur des paramètres qui, en dépit de leur neutralité apparente, ont été élaborés par les fournisseurs et ne peuvent de la sorte pas être véritablement objectifs. Comment, dans ces conditions, peut-on espérer faire avancer la cause des clients et leur éducation financière ? Si les efforts des trublions du secteur sur la transparence, la simplicité, la pédagogie et la personnalisation ne sont pas reconnus, il ne subsiste aucun espoir de progrès.
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