L'annonce d'un investissement de la part de la division de capital risque de Samsung, dont il propulse le porte-monnaie mobile (au Royaume-Uni) depuis quatre ans, met en lumière la prochaine bataille stratégique – contre Apple, rien de moins – à laquelle se prépare désormais activement le pionnier des « super cartes » Curve.
Traversant une période difficile ces derniers mois, comme la FinTech dans son ensemble, en raison de la raréfaction des capitaux, on aurait presque oublié la jeune pousse et son produit pourtant toujours aussi unique. Les déboires réglementaires d'Apple auprès de la Commission Européenne, qui enquête sur ses pratiques soupçonnées d'être anti-concurrentielles, pourraient lui donner un puissant coup de pouce (dont j'imagine qu'il a contribué au bouclage de son tour de financement).
En effet, son approche représente un substitut idéal à la solution de paiement de la marque à la pomme, à commencer par son principe fondamental, consistant à fédérer les différentes cartes du consommateur au sein d'un seul et même instrument piloté par une application mobile. Jusqu'à maintenant, l'intégration sur un iPhone passe par l'enregistrement de la carte fournie par Curve, comme celle de n'importe quel émetteur, dont la gestion reste cependant assurée ensuite par son logiciel propre.
Mais l'avenir est déjà prêt à être déployé (il serait même déjà embarqué, discrètement, dans la version actuelle de l'outil), dès que les instances européennes auront imposé à Apple l'ouverture de son système à la concurrence. L'application pourra alors se substituer entièrement à celle du constructeur et devenir de facto le porte-monnaie mobile par défaut du smartphone, avec sa collection d'avantages exclusifs.
Et la proposition est alléchante ! Imaginez ainsi que vous ajoutiez aux fonctions d'Apple Pay que vous connaissez – y compris le paiement fractionné, en plus flexible – la possibilité de changer de support utilisé pour chaque transaction jusqu'à 30 à 120 jours (selon le plan choisi) après son exécution, une bascule transparente sur une carte de secours en cas de rejet sur celle que vous aviez d'abord sélectionnée, la faculté de définir des règles automatiques afin de ne plus oublier de, par exemple, porter vos dépenses professionnelles sur votre compte d'entreprise…
Sans parler du bénéfice pour la jeune pousse, qui économiserait ainsi la « taxe » prélevée par le géant californien sur les règlements effectués via sa plate-forme, la simplification de l'expérience utilisateur qu'apporterait son assimilation au cœur de l'appareil, aussi minime soit-elle, constitue un facteur de séduction, surtout dans un environnement où chaque détail en la matière est valorisé. Curve pourrait de la sorte prétendre à une visibilité qui lui fait largement défaut avec son modèle autonome.
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