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C'est pas mon idée !

lundi 15 décembre 2025

Un lab pour la santé financière des seniors

FinTech Scotland
À la recherche d'une position à défendre face à la puissance londonienne toute proche, l'organisme de promotion de la FinTech en Écosse lance un lab d'innovation qui, contrairement aux standards du genre, n'est pas centré sur la technologie mais se penche sur la question sociétale de la santé et du bien-être financier des seniors.

Dans son principe, le programme, prévu pour une durée de quatre mois, reprend ce qui se fait maintenant depuis des années afin d'encourager le développement de nouveaux concepts dans l'industrie. Il s'agit donc de rassembler un ensemble d'acteurs, issus des grands groupes de la finance, du monde académique, d'instances publiques et de l'écosystème local de startups, et de faire émerger, par leur collaboration, des réflexions, des prototypes, des projets pilotes capables de changer le statu quo.

Cependant, alors que la plupart des initiatives du genre laissent le champ libre aux participants d'exercer leur créativité sur tous les domaines qui les inspirent ou, de plus en plus fréquemment, leur imposent de réfléchir à des solutions exploitant telle ou telle technologie du moment (hier la blockchain, aujourd'hui l'intelligence artificielle, pour citer les exemples les plus courants), le Finance and Health Lab se fixe plutôt un périmètre d'usages, en l'occurrence autour des besoins spécifiques des personnes âgées.

La thématique est évidemment en phase avec une préoccupation largement partagée dans les pays occidentaux, à la population vieillissante. Pour toutes les parties prenantes, les intéressés comme les représentants gouvernementaux et les institutions financières, cette évolution profonde impose des changements de modèles, que ce soit pour les accompagner dans la « digitalisation » du quotidien ou pour la prise en compte des exigences et des contraintes de citoyens qui risquent l'exclusion.

FinTech Scotland – Finance and Health Lab

L'ambition de la démarche, qui inclura une conférence nationale sur la finance et la santé, est d'aider et d'inciter les volontaires à analyser et comprendre les données disponibles, engager des recherches dédiées, proposer des orientations réglementaires, dialoguer entre pairs et, idéalement, produire des solutions concrètes (plus ou moins élaborées) en faveur de la prise de confiance et de l'autonomie des seniors avec leur argent grâce à une série de webinaires, de tables rondes et autres événements.

Naturellement, on verra si le format retenu porte ses fruits et aboutit à un résultat probant, l'exercice du lab s'avérant (hélas) souvent décevant. Toujours est-il que celui-ci a le mérite de prendre l'innovation par le bon angle, en soumettant une problématique clairement identifiée – relevant de surcroît d'enjeux dont tout le monde est conscient – et d'appeler à lui apporter des réponses. Même s'il n'engendre pas de miracle, son approche devrait rester une inspiration, en particulier pour ceux qui imaginent changer le monde en adoptant une technologie sans explorer d'abord un besoin à fond.

dimanche 14 décembre 2025

La prédiction choc quantique de Saxo

Saxo Banque
Comme chaque année, Saxo Banque livre ses prédictions choc, dont les plus technologiques font évidemment référence à l'intelligence artificielle. Cependant, celle qui retient mon attention concerne l'informatique quantique et le risque systémique qu'elle engendrerait si, aussi improbable qu'elle puisse paraître, elle devrait se concrétiser.

Rappelons d'abord, pour ceux qui ne connaîtraient pas l'exercice auquel se livre l'établissement danois tous les mois de décembre, qu'il s'agit non pas de formuler des prévisions économiques au sens propre mais d'imaginer quelques scénarios extrêmement improbables mais aux conséquences formidables s'ils se réalisaient effectivement. Dans le cas qui m'intéresse, l'événement déclencheur serait l'arrivée en 2026 d'un ordinateur quantique opérationnel, tenant toutes ses promesses.

Parmi ces dernières, celle qui constituerait un cataclysme pour notre monde contemporain est sa capacité à briser toutes les barrières de sécurité numériques, qui protègent les communications, les données bancaires et d'identité, les infrastructures… en un mot tout ce qui s'appuie sur des algorithmes de chiffrement. Comment serait-ce possible ? En gros, la future génération de calculateurs est adaptée à une parallélisation de traitements qui se jouerait des secrets cryptographiques employés aujourd'hui.

Face à la survenue subite d'un tel épisode, les équipes de Saxo pointent les cryptoactifs en première ligne des victimes, sans négliger les impacts sévères sur l'ensemble du secteur financier, qui se trouverait largement paralysé. Ils suggèrent une panique généralisée provoquant un repli vers des supports physiques, métaux précieux et monnaie fiduciaire, tandis que les gouvernements et les entreprises se précipiteraient pour déployer une riposte, qu'ils imposeraient sur des échéances très courtes.

Saxo Banque – Prédictions Choc 2026

La perspective n'est pas rose… mais elle me paraît largement sous-estimée ! D'emblée, s'inquiéter de l'effondrement du bitcoin et de ses équivalents (dont la valeur disparaîtrait instantanément) est anecdotique, ne serait-ce que par la part infime de capitalisation qu'ils représentent, en comparaison des répercussions sur les banques, dont non seulement les échanges seraient menacés mais également les données qu'elles conservent, protégées par des mécanismes devenus obsolètes, derrière des pare-feu et autres équipements de filtrage transformés en gruyère « digital ».

Autre sujet d'inquiétude, la mise en place d'une parade efficace demandera des années de travail. Il est parfaitement illusoire d'espérer actualiser rapidement des solutions de sécurité dispersées sur des milliards d'appareils en tout genre et appliqués à des millions de gisements d'information, dont certains (beaucoup) résident dans des systèmes historiques que presque personne ne maîtrise plus désormais. La seule réponse consistera à isoler les entreprises sensibles de l'internet. Est-ce possible ? Et comment imaginer alors de vivre sans les connexions indispensables de notre quotidien ?

L'hypothèse retenue par Saxo n'a évidemment (quasiment) aucune chance de se matérialiser telle que décrite, l'informatique quantique étant une aventure des petits pas, dont l'avènement se produira progressivement, sur plusieurs années. À défaut d'avoir une quelconque valeur de prédiction, sa mise en lumière possède toutefois une vertu majeure, celle de souligner l'ampleur immense des défis auxquels cette technologie émergente risque de confronter nos sociétés et l'urgence de les anticiper.

samedi 13 décembre 2025

Eyst simplifie l'indemnisation

Generali
À l'occasion d'une ronde d'investissement d'Eyst, Generali révèle sa collaboration avec la jeune pousse hexagonale. Dans certaines circonstances, elle propose ainsi à ses assurés une solution prépayée qui leur offre non seulement une indemnisation instantanée, sans avance de fonds, mais aussi quelques avantages supplémentaires.

Grâce à un partenariat avec l'émetteur de moyens de paiement spécialisés Edenred, la startup permet aux compagnies de fournir une carte virtuelle à leurs clients dès que leur déclaration de sinistre ou leur demande de remboursement a été validée. Compatible avec Google Pay et Apple Pay, elle est transmise par SMS et est prête à activer d'un geste. Afin d'éviter les abus, elle présente la particularité de n'être acceptée que pour les catégories de commerçants pour lesquelles elle est configurée.

Le produit s'adapte à divers cas d'usage, parmi lesquels Eyst et Generali suggèrent entre autres, dans le registre de la santé, la prise en charge des consultations de médecine douce ou, dans le domaine de l'habitation, le recours à un serrurier lors d'une perte de clés. Des scénarios sont également envisagés dans le secteur de la mobilité. À chacun correspondent un montant forfaitaire contractuel et ses propres restrictions de bénéficiaire (praticien ou artisan dûment identifié, dans les exemples précédents).

Si cette approche de limitation par classe professionnelle de l'utilisation des cartes distribuées peut susciter quelques doutes, légitimes, notamment en raison d'une gestion approximative de ces informations dans l'industrie financière, Eyst répond avec un accès aux données des transactions exécutées en temps réel, qui procure aux assureurs à la fois une visibilité inégalée sur les pratiques réelles de leurs clients et une capacité de contrôle extrêmement utile pour lutter efficacement contre la fraude.

Accueil Eyst

Non contente de ces bénéfices, Generali a travaillé directement avec les équipes de la jeune pousse en vue d'ajouter un bonus à sa version du dispositif, sous la forme de « cashback », c'est-à-dire la restitution d'une partie des dépenses réalisées (dans des conditions non précisées). J'imagine que cette extension, qui sera intégrée dans l'offre standard d'Eyst, est conçue pour encourager les personnes réticentes à adopter un système susceptible de les inquiéter par sa nouveauté ou par ses limitations.

En synthèse, il ne faut pas s'y tromper : malgré le discours qui vante son intérêt (certes réel) pour les consommateurs, ce genre de solution de dédommagement fondée sur les technologies modernes autorise avant tout une bien meilleure maîtrise de leur gestion des indemnisations pour les compagnies, grâce à la transparence des plates-formes de paiement électronique et aux capacités de pilotage qu'elles comportent aujourd'hui.

vendredi 12 décembre 2025

Une protection contre la fraude par téléphone

Truecaller
Spécialiste historique de l'identification de l'interlocuteur lors d'appels téléphoniques, Truecaller veut maintenant étendre son champ d'action à la protection contre les arnaques, dont on sait qu'elles constituent un des fléaux contemporains. Au-delà du seul volet technologique, elle introduit une dimension familiale séduisante dans sa vision.

Le principe de l'offre s'inscrit dans une logique d'extension des mécanismes relativement classiques de filtrage des numéros indésirables, correspondant en général à des pratiques de démarchage commercial abusif ou à des réseaux d'escroquerie. Il est donc d'abord question d'un outil avec lequel l'utilisateur définit, entre autres, le niveau de restriction souhaité, gère ses propres listes noires et détermine ses préférences de traitement des sollicitations entrant dans les critères d'exclusion fixés.

La particularité avec Family Protection est de confier à un de ses membres le pilotage de la défense pour l'ensemble du foyer. L'abonnement permet ainsi de couvrir jusqu'à cinq personnes, dont celle qui est considérée comme possédant la meilleure maturité numérique est désignée comme administrateur et est alors chargée de configurer la solution pour ses proches. Il ou elle dispose également d'une faculté de support à distance en cas de besoin, par exemple pour lever un doute sur un événement.

Cerise sur le gâteau, mais uniquement pour les adeptes du système Android (en espérant que l'iPhone puisse supporter la même fonction prochainement), le responsable désigné possède une capacité d'intervention en temps réel. S'il le spécifie, il peut recevoir une notification quand un de ses affiliés reçoit un appel signalé par les règles qu'il a mises en place et mettre fin (brutalement) à la conversation si elle a tout de même été engagée… ou rassurer le destinataire avec un message amical.

Truecaller Family Protection

Le service n'est initialement déployé que dans quelques pays – Suède, Chili, Malaisie, Kenya – et son extension se déroulera progressivement, dans des régions clés, notamment en Inde, à partir du premier trimestre 2026, selon les résultats obtenus et les réactions des premiers utilisateurs. Précisons qu'il est gratuit mais qu'une version payante, Premium Family, ajoute quelques options complémentaires (essentiellement sur la lutte contre le spam) et, surtout, procure une expérience sans publicité.

Pour les institutions financières, parmi d'autres entreprises sensibles, qui nous avaient un temps habitué à équiper leurs clients de logiciels antivirus afin de sécuriser leur navigation en ligne, la solution de Truecaller pourrait constituer un nouveau cadeau utile à leur offrir, bénéfique pour tous. L'opportunité de collaboration mériterait d'être explorée alors que, face à une menace désormais presque hors de contrôle, l'industrie ne parvient guère à organiser sa défense… en dehors d'initiatives de sensibilisation.

jeudi 11 décembre 2025

Starling aide à parler d'argent dans le couple

Starling Bank
Le bien-être financier constitue déjà une notion complexe à appréhender pour un individu, alors imaginez le casse-tête à résoudre lorsqu’il faut l’envisager à deux (voire dans une famille complète) ! Starling propose donc un outil avec lequel les couples peuvent aborder une première étape vers l’harmonie… celle de la communication.

Comme toujours lorsqu’on se frotte à ces thématiques, la difficulté provient de l’importance des perceptions et des ressentis vis-à-vis de l’argent, dont l’impact sur la qualité de vie dépasse de très loin les simples questions de chiffres. Entre deux partenaires, en particulier, et c’est l’axe retenu par la jeune pousse, le degré de compatibilité entre leurs sensibilités dans ce domaine précis est un des facteurs essentiels de l’entente à long terme ou, a contrario, de la survenue de conflits.

Les tensions, latentes ou exprimées, sont d’ailleurs reconnues par les intéressés. Ainsi, l’enquête menée par Starling auprès des britanniques révèle que deux tiers d’entre eux confirment que les différences de perspective avec leur conjoint sont génératrices de stress et tendent à retarder leurs grand projets (achat de résidence, enfant…). Et cette situation est aggravée par leur réticence à parler du sujet, considéré tabou (il est trois fois plus susceptible de les effrayer lors d’un premier rendez-vous que le mariage !).

Afin de décrypter les mécanismes en jeu et, autant que possible, apporter des solutions, l’étude comprend une analyse statistique des comportements, aboutissant à la définition de sept profils différents, relativement classiques par rapport à l’état de l’art de la recherche sur la psychologie de l’argent : du parcimonieux (le plus fréquent) à l’autruche (qui ne veut pas affronter la réalité), en passant par, entre autres, l’extravagant (dans l’association à l’amour) ou le secret (gardant jalousement ses pensées pour soi)…

Starling – Let's Talk Money

À partir de cette catégorisation, grossière mais efficace, les chercheurs ont ensuite essayé de déterminer comment la coexistence se déroulait réellement parmi les personnes interrogées. Si, sans surprise, ceux qui ont une approche similaire ont plus de facilité à s’entendre, sans qu'elle soit systématique, toutefois, il ressort des combinaisons que je qualifierai d’explosives (au pire, elles créent des conflits dans 97% des cas) et d’autres dans lesquelles la complémentarité fonctionne parfaitement.

Forte de ces enseignements, Starling Bank met à la disposition des internautes, clients ou non, un outil d’auto-évaluation. Là, ils sont invités à répondre, à deux, à quelques questions, de manière à leur faire découvrir leur style, à le comparer avec celui de leur partenaire, à mesurer leurs risques de déséquilibre et, surtout, à entamer un dialogue. En effet, celui-ci est un premier pas vers l’évitement des dissensions engendrées par les incompréhensions des écarts d’appréciation inévitables entre les individus.

Aussi utile et pédagogique soit la démarche de la néo-banque, je regrette tout de même qu’elle se « contente » d'esquisser un embryon de réponse, essentiellement théorique, aux interrogations qu’elle peut induire chez ses clients. Je m’attendrais par exemple à ce qu’elle s’attache à fournir des solutions de pilotage concrètes, adaptées à leur contexte spécifique, prenant en compte et adoucissant les points de contention les plus courants selon leurs profils. Ce sera peut-être pour une itération future…

mercredi 10 décembre 2025

Un comité consultatif de jeunes pour Block

Cash App
Afin de mieux adapter sa solution de paiement mobile Cash App aux changements sociétaux et aux attentes de ses utilisateurs, Block (ex-Square) met en place, aux États-Unis, un comité consultatif composé d'une quinzaine à une vingtaine de jeunes, dont les réactions et les idées ont vocation à aider la firme à façonner l'avenir de ses produits.

Concrètement, les participants retenus seront sollicités pour des études et autres enquêtes génériques, ainsi que lors de sessions dédiées, qui devraient se tenir mensuellement à distance et sous forme présentielle une fois par trimestre. Intégré au cœur du processus de développement, le dispositif leur permettra d'être impliqués dans divers domaines – nouveaux concepts, expérience utilisateur, comportements « digitaux »… – et à différents niveaux – design, sécurité, stratégie…

Dans une démarche de séduction essentielle, Block fait valoir quelques bénéfices et avantages aux futurs membres de son TAC (« Teen Advisory Council »). Outre les opportunités d'enrichir leurs compétences dans un programme collaboratif, d'étendre leur réseau personnel, de s'immerger dans des sujets technologiques de pointe et d'être parties prenantes à l'élaboration d'outils comptant des millions d'adeptes, ils recevront un soutien à leur progression professionnelle… et une compensation pécuniaire.

Pour l'entreprise, l'initiative, dans sa spécificité, possède un intérêt double. D'une part, il s'agit bien sûr de s'assurer que sa plate-forme répond parfaitement aux attentes de ses clients – ceux d'aujourd'hui, dont une majorité fait partie des générations Y et Z, mais aussi ceux de demain, que préfigurent les adolescents enrôlés pour le comité. L'enjeu est crucial pour la pérennité de l'activité mais il est particulièrement complexe dans un contexte d'évolution constante des habitudes des consommateurs.

Par ailleurs, comme avec d'autres tentatives de recourir au talent des jeunes, les recrues du TAC font partie d'un groupe qui est naturellement curieux et aventureux, donc plus susceptible que d'autres d'anticiper les transformations importantes de demain. Leur regard neuf, en principe, sur une thématique où les pratiques ancestrales sont légion, même dans des startups, constitue un atout supplémentaire, autorisant potentiellement les idées radicales et propice à une différenciation concurrentielle inédite.

La mise en place de comités consultatifs n'est pas inscrite dans les usages courants des grands groupes mais certains se plient tout de même à l'exercice. Dans de nombreux cas, il s'agit plutôt d'instances consacrées à l'acculturation technologique, qui représente effectivement un des défis majeurs de ces acteurs. Cependant, l'adaptation du modèle à une vision prospective des métiers, avec des individus immergés dans une culture la plupart du temps étrangère à leurs dirigeants, mériterait d'être envisagée.

Block – Cash App

mardi 9 décembre 2025

La lutte contre la fraude financée par les saisies

Lloyds Banking Group
À travers une collaboration impliquant le ministère de l'intérieur, les forces de police et plusieurs associations, Lloyds Banking Group a mis en place un dispositif original de financement – à hauteur de 15 millions de livres en 4 ans – de la prévention contre la fraude par les saisies réalisées lors des démantèlements d'opérations criminelles.

Le mécanisme mis en place n'est pas entièrement clair. En particulier, sa présentation ne précise pas dans quelles conditions légales la banque est en mesure de capturer elle-même les fonds gelés issus des comptes d'escrocs repérés par ses équipes spécialisées. Toujours est-il qu'elle affirme être la seule au Royaume-Uni à affecter les sommes récupérées à diverses initiatives importantes pour la protection du public, certaines d'ordre pédagogique, d'autres consacrées directement à la répression.

Une part de l'argent est ainsi investie dans une unité policière dédiée aux paiements (baptisée DCPCU), créée en 2001 à l'initiative conjointe des autorités et de l'organisation représentative du secteur financier britannique, particulièrement active dans la bataille contre la fraude. Les autres bénéficiaires comprennent des entités telles que Age UK, qui offre des sessions de sensibilisation aux seniors, ou We Fight Fraud et son réseau d'un millier de travailleurs de l'éducation œuvrant dans 155 universités.

Le principe ressemble à une évidence : les sommes retrouvées dans les affaires d'escroquerie bancaire qui ne peuvent être restituées aux victimes devraient logiquement toujours servir à la lutte contre la délinquance, d'autant que celle-ci est extrêmement coûteuse, que ce soit en termes d'éducation des citoyens, de mobilisation des ressources défensives, voire de dédommagements. La démarche de Lloyds pourrait inspirer à la fois les acteurs de l'industrie, quand ils sont en position d'arbitrage, et les pouvoirs publics, si les règles d'utilisation des saisies sont inadaptées à ce modèle.

Lloyds Bank x DCPCU

lundi 8 décembre 2025

OCR Studio offre un contrôle KYC sans nuage

OCR Studio
Rare il y a encore quelques années, le recours à des solutions de validation automatique d'identité est aujourd'hui incontournable dans les processus d'enrôlement « digital » des acteurs de la finance. Mais elles sont généralement issues de partenaires externes, à qui sont donc transmises des données sensibles. Sauf avec OCR Studio.

Vous connaissez maintenant le principe, que vous avez probablement déjà rencontré : au moment de, par exemple, ouvrir un compte bancaire depuis votre téléphone, vous devez d'abord présenter une pièce d'identité officielle. Une fois son authenticité confirmée, les informations d'état-civil en sont extraites, tout comme la photographie, qui est, elle, utilisée afin d'effectuer une vérification de la personne réalisant l'opération, grâce à une comparaison avec une capture vidéo pilotée sur son appareil.

Jusqu'à présent, ces fonctions sont, sauf exception, fournies par quelques entreprises spécialisées qui exécutent l'ensemble des traitements requis sur leurs propres infrastructures, souvent infonuagiques, où les images des pièces d'identité et les flux vidéo doivent donc préalablement être transférés. Entre autres défauts, un tel mécanisme a un impact sur les performances et peut soulever des inquiétudes sur la confidentialité des données (depuis les usages abusifs jusqu'aux risques de fuite).

La jeune pousse émiratie a une autre idée : avec sa nouvelle boîte à outils, toutes les étapes du processus sont implémentées directement sur le matériel du client (y compris, apparemment, via un navigateur web sur un micro-ordinateur). Son module d'intelligence artificielle spécialisée, fonctionnant sur un processeur classique, assure ainsi la reconnaissance des documents d'identité (plus de 200 modèles sont reconnus, couvrant le monde entier) et l'analyse de ressemblance du visage de l'utilisateur.

Accueil OCR Studio

OCR Studio vante naturellement la rapidité de traitement de son dispositif – obtenue à la fois par la qualité de ses algorithmes et l'absence d'échanges potentiellement volumineux avec un serveur distant – et son engagement pour la protection de la vie privée – aucune information personnelle n'étant jamais divulguée. Une version utilisable en agence est également disponible, pour laquelle la promesse est équivalente, de conserver les données capturées dans l'environnement de l'établissement.

Ces avantages résonneront bien sûr auprès des clients finaux, en particulier au niveau de leur expérience, la réduction des temps d'attente constituant un facteur majeur de baisse des taux d'abandon. Mais la garantie de confidentialité devrait également séduire les départements de conformité des institutions financières, pour lesquels elle peut soulager des craintes vis-à-vis de prestations externalisées… sans parler des responsables obsédés par l'impératif de garder la mainmise sur les outils déployés.

dimanche 7 décembre 2025

Astorya.vc lance un catalogue d'insurtech

Astorya.vc
Aujourd'hui, tous les grands groupes du secteur financier maintiennent une veille active sur l'écosystème des startups, avec des outils plus ou moins efficaces. L'équipe d'Astorya.vc leur propose désormais une plate-forme dédiée, au contenu extraordinairement riche et à l'ergonomie réellement pensée pour les attentes de ses utilisateurs.

Ses concepteurs s'appuient naturellement sur leur expérience du marché, acquise à travers leur activité (principale) de capital-risque, qui leur permet d'abord de constituer un immense catalogue – en constante évolution bien sûr – comprenant déjà à ce jour plus d'un millier de solutions technologiques issues de l'InsurTech européenne. Couvrant une vaste gamme de domaines, elles ont en commun de s'adresser spécifiquement aux acteurs de l'assurance ou de la réassurance.

Le volume est un atout, mais il ne vaut rien si la matière est difficile à exploiter. En l'occurrence, l'approche de navigation implémentée par Astorya.vc fait justement sa force. En effet, même s'il reste possible d'effectuer des recherches par catégorie technique, l'accent est surtout mis sur la nature des besoins à satisfaire. Le visiteur est de la sorte invité en priorité à préciser sa ligne métier (vie, santé, automobile, habitation, cyber…) et l'activité visée (tarification, gestion de sinistre, paiement, prévention…).

Une fois les critères d'exploration validés, une listes de suggestions s'affiche instantanément, chaque carte présentant en quelques mots une synthèse de la proposition de valeur du produit, et ouvrant ensuite l'accès à une fiche signalétique détaillée. Dans cette dernière, on retrouve une description plus complète (qui inclut notamment les pays d'implantation), ainsi que – évidemment – un lien vers le site web du fournisseur et une offre de mise en contact (par l'intermédiaire d'Astorya.vc).

Astorya.vc Tech Catalogue

Autre information disponible systématiquement avec chaque résultat – qui intéressera particulièrement les utilisateurs dont la maturité des jeunes pousses qu'ils envisagent de solliciter est toujours une des premières préoccupations – les clients connus (selon communication publique) ont droit à leur section. Mieux encore, il existe un filtre ad hoc, permettant de ne restituer que les solutions adoptées par une des quelques grandes enseignes sélectionnées (Axa, Allianz, Generali, Munich Re, Swiss Re…).

Avec de telles caractéristiques, ce catalogue est capable de prendre en charge différents cas d'usage. Outre les départements d'innovation chargés d'identifier des opportunités émergentes en réponse à des demandes de leurs interlocuteurs internes, les responsables de projet peuvent également profiter de sa base de données extensive pour compléter le panel de sociétés consultées pour leurs appels d'offres. Enfin, la veille concurrentielle peut elle aussi s'enrichir de son intégration des références client.

La plate-forme est un chantier en cours, dont les prochaines itérations dépendront des réactions et des souhaits de ses premiers adeptes (et, incidemment, de la possibilité de lui trouver un modèle économique). Les fondateurs d'Astorya.vc me signalent par exemple qu'ils seraient prêts à décliner le modèle sur la FinTech, à l'intention des banques et autres établissements financiers susceptibles d'être intéressés. Le cas échéant, n'hésitez pas à les contacter (directement ou via mon entremise).

samedi 6 décembre 2025

Ces handicaps auxquels on ne pense pas

CommBank
À l'occasion de la journée nationale des personnes handicapées 2025, CommBank rappelle que les incapacités physiques ne sont pas les seules à prendre en compte en présentant ses initiatives en faveur de l'inclusion de ses clients souffrant d'affections neuro-divergentes, aussi bien en ligne que dans ses implantations physiques.

Dans le premier registre, la banque a, par exemple, déployé une série de guides pratiques adaptés à des populations diverses afin de permettre à tous de profiter au mieux des options disponibles dans ses plates-formes « digitales ». À travers des explications visuelles, le recours à un langage simple, l'affichage préalable de la durée de mise en place à prévoir…, chacun peut facilement définir un virement récurrent, configurer des notifications d'événements importants, créer des limites de dépenses…

Dans les agences, les conseillers disposent de moyens dédiés pour l'accueil des individus nécessitant (ou souhaitant) une attention particulière. La panoplie comprend notamment des accessoires conçus pour des pathologies précises – par exemple des gadgets anti-stress pour ceux qui ont des difficultés de concentration ou des stylos lestés pour ceux qui sont atteints de la maladie de Parkinson – ou, pour une aide générale, une carte de préférence, qu'il suffit de présenter pour rappeler ses besoins spécifiques.

CommBank – Neuroinclusive Approach

L'ensemble du dispositif est élaboré en collaboration avec des associations et autres partenaires, ainsi qu'avec des personnes – dont, parfois, des clients – directement concernées par des troubles autistiques ou de l'attention, par des maladies neuro-dégénératives… Naturellement, les employés de l'établissement sont aussi largement impliqués, via des programmes de sensibilisation et de formation ainsi que la mise à leur disposition de kits complets d'accompagnement, dans tous les points de vente.

Toutes les institutions financières qui rechignent à optimiser leur accessibilité et leur inclusivité et, pour certaines, se contentent de plus ou moins respecter la réglementation devraient comprendre que ces efforts relèvent de la personnalisation de la relation dont elles se réclament souvent haut et fort. En effet, avant de penser à ajuster des offres marketing ou des produits complexes selon le profil du client, il leur faut aménager leurs modes de communication en fonction des capacités propres et des limitations de chacun. À défaut, elles ne sont simplement pas audibles par une partie de leur cible.

vendredi 5 décembre 2025

L'IA de Chrp inspecte le risque résidentiel

Chrp
La collaboration engagée par l'assureur américain Nationwide avec la jeune pousse Chrp me procure l'occasion de découvrir simultanément une solution complète d'accompagnement de la prévention des risques sur l'habitation et une pratique de la compagnie en la matière (correspondant peut-être à un usage courant aux États-Unis).

En dehors des catastrophes, dont la fréquence et la sévérité s'accroissent avec le dérèglement climatique, les sinistres qui surviennent dans les résidences sont généralement dus à des défauts d'entretien ou à la vétusté des équipements… Les dommages liés à l'eau constituent le deuxième motif d'indemnisation outre-Atlantique, pour un montant moyen de 15 000 dollars. Pour les incendies, dont près de 24 000 par an sont déclenchés par des appareils défaillants, la facture grimpe à 88 000 dollars.

Face à cette situation, Chrp propose un outil d'inspection autonome : son utilisateur se laisse guider, grâce à une application mobile, dans un parcours de son bien immobilier, au cours duquel il prend une série de photographies des sources potentielles de problèmes qui lui sont indiquées. Des modèles d'intelligence artificielle analysent alors chacune des images afin d'y repérer les indices de quelques 400 facteurs de risque, par exemple la corrosion de la plomberie, les installations électriques déficientes…

Une fois l'exercice terminé, le demandeur reçoit un rapport complet, qui détaille les éléments dangereux identifiés – dont les plus importants sont ceux qui ne sont pas visibles de la part d'un non spécialiste – et fournit un ensemble de recommandations afin d'y remédier. La startup affirme que 30% ses campagnes aboutissent à la détection d'anomalies sur les circuits d'eau, souvent triviales et faciles à corriger (un robinet d'arrêt usé, une conduite ancienne…), susceptibles de générer un sinistre dans les 4 ans.

Accueil Chrp

Nationwide a donc sélectionné cette plate-forme… pour réaliser ses revues obligatoires. Apparemment imposées aux assurés (sur des critères que je ne connais pas), elles peuvent désormais, en option, être gérées entièrement par ces derniers, depuis leur téléphone, plutôt que de devoir planifier une visite par un expert. Ils reçoivent les résultats directement et seuls les points jugés critiques donnent lieu à une prise de contact de la part de l'assureur afin d'approfondir l'étude et éventuellement réagir.

Cette démarche de contrôle régulier pourrait inspirer les acteurs qui ne l'implémentent pas aujourd'hui. Sans en faire une obligation, qui serait certainement mal perçue, elle pourrait s'inscrire dans un programme de récompenses – par une réduction de prime, de préférence – associées à des mesures de prévention, comme il en existe déjà. Le recours à une solution automatisée devrait faciliter l'adoption, en limitant les contraintes sur les assurés, sans compromettre l'équilibre économique des fournisseurs.

jeudi 4 décembre 2025

Mastercard à l'assaut du score de crédit

Mastercard
À l'instar de nombreux autres acteurs de l'industrie qui manipulent des masses gigantesques de données financières, révélant une partie de la vie des utilisateurs de leurs services, Mastercard dévoile à son tour une suite de solutions permettant d'évaluer la fiabilité des consommateurs en complément – ou en remplacement ? – du score de crédit.

Avec Credit Intelligence, la firme reprend une promesse maintes fois entendue : quand un emprunteur potentiel ne dispose pas d'un historique suffisant pour avoir établi sa réputation auprès des agences de notation spécialisées, il est possible de recourir à d'autres sources de données plutôt que d'écarter sa demande sans autre forme de procès. Avec son réseau qui traite les opérations de paiement par carte de ses porteurs, Mastercard est naturellement bien placée pour se positionner sur ce créneau.

Déjà exploitée par quelques-uns de ses partenaires aux États-Unis, au Brésil, en Australie…, la plate-forme propose d'accéder, via un jeu d'API spécifique, à des informations riches issues de l'analyse du profil et des transactions réalisées par la personne évaluée (dont elle dérive une connaissance, par exemple, des catégories principales de ses achats, des montants concernés…). Des modèles propriétaires transforment ensuite cette matière brute en une estimation du risque de défaillance.

En comparaison de ses concurrents, de plus en plus nombreux, Mastercard vante évidemment la portée étendue de son « radar », dans un monde où les règlements par carte deviennent majoritaires, et sa capacité à capturer les tendances en temps réel, ce qui joue à la fois sur la qualité des résultats fournis pour un individu mais également sur la performance de ses algorithmes, qui peuvent être réactualisés au fur et à mesure des évolutions conjoncturelles globales ou locales, par un entraînement permanent.

Mastercard Credit Intelligence

A priori, Credit Intelligence est destiné aux émetteurs désireux de développer leurs activités de prêt. Mais un autre scénario de mise en œuvre semble possible… du côté des acquéreurs. Imaginez un terminal de paiement reconnaissant un client grâce à sa carte de paiement, qui se verrait automatiquement proposer un financement, son éligibilité étant formellement validée en arrière-plan sans autre friction que la sollicitation de l'accord du porteur sur le partage de ses données (déjà intégrée, bien sûr).

Malgré son avantage considérable en termes d'accès à un trésor de matière première, Mastercard arrive tardivement sur le marché, encombré, de l'analyse des données de finances personnelles. Cependant, son métier d'origine est susceptible de lui offrir des opportunités d'usage inédites. A contrario, la marque n'étant pas en première ligne dans l'esprit des consommateurs, elle aura peut-être des difficultés à faire accepter son intrusion dans leur vie privée, même avec les précautions réglementaires nécessaires.

mercredi 3 décembre 2025

Zillow se rétracte sur le risque climatique

Zillow
L'initiative était trop belle pour durer… surtout dans l'Amérique de Trump. Il y a à peine plus d'un an, le leader des annonces immobilières en ligne Zillow ajoutait des informations de risque climatique à ses descriptions de propriétés. Sous la pression des agences, elles ont été retirées, laissant ainsi les acheteurs potentiels dans l'ignorance.

Fournies par le spécialiste First Street et élaborées à partir de modèles validés scientifiquement, les données dont il est question comprenaient cinq indicateurs de sensibilité aux inondations, aux incendies, au vent, à la chaleur et à la qualité de l'air, assortis de recommandations appropriées, notamment en termes d'assurance. À l'époque de la mise en place de cette rubrique environnementale, Zillow affirmait répondre de la sorte aux préoccupations de ses utilisateurs face au nombre important de résidences mises en vente exposées à l'un ou l'autre des aléas considérés.

Mais les professionnels du secteur n'ont pas apprécié et l'ont fait savoir, affirmant que l'affichage de ces informations leur faisait perdre une partie de leur chiffre d'affaires. La plate-forme a donc cédé et montre ainsi qui sont ses vrais clients, ceux dont il faut prendre soin. Ce ne sont pas les acquéreurs, qui devront désormais se contenter d'un lien discret en bas de page, grâce auquel ils pourront tout de même continuer à obtenir les mêmes renseignements indispensables, directement sur le site du fournisseur.

Pour la plupart des visiteurs, insuffisamment curieux, le retrait de la rubrique signifie qu'ils s'engageront dans un des actes les plus importants de leur existence, sans disposer de tous les éléments nécessaires à une prise de décision éclairée et rationnelle. Dans un contexte où le dérèglement du climat a des impacts toujours plus lourds et étendus, conduisant les assureurs à se retirer de régions entières, le rêve d'une vie a une probabilité croissante de devenir un cauchemar, sans filet de sécurité.

De manière générale, le choix de Zillow d'abandonner un outil essentiel pour la transparence des transactions est entaché de falsifications dont la thématique environnementale est coutumière. Il s'agit d'abord des tentatives des agences de discréditer les évaluations de First Street (par exemple en réfutant un danger d'inondation dans un lieu, sous prétexte qu'il n'en a pas connu depuis 40 ans). Les pertes de revenus elles-mêmes relèvent probablement de l'affabulation, le risque climatique n'étant qu'un critère parmi tant d'autres de modulation du prix d'un bien.

Ce triste épisode m'inspire deux réflexions, en plus de l'inconséquence de Zillow. D'une part, il s'inscrit dans une tendance de fond inquiétante, qui voit le « réalisme » économique reprendre l'avantage sur les exigences environnementales (mes guillemets visent à souligner que ce n'est qu'un mirage, surtout à long terme). Et ne nous y trompons pas : le désengagement est loin d'être confiné aux États-Unis. D'autre part, il prouve par l'absurde que, quoi qu'en pensent les réfractaires, l'approche réglementaire est le seul moyen de progresser dans certains domaines stratégiques.

Zillow

mardi 2 décembre 2025

La géolocalisation contre la fraude

Revolut
Le recours à la géolocalisation dans la lutte contre la fraude, en particulier avec la banque mobile, fait partie de ces idées anciennes trop peu exploitées. Réinterprétant à sa manière une option introduite l'année dernière par Monzo, Revolut dévoile un système de protection dédié aux cas de plus en plus fréquents de vol de téléphone.

Les deux variantes reposent sur les mêmes prémices, à savoir que les consommateurs ont tendance à émettre leurs virements depuis leur domicile ou, à tout le moins, depuis quelques lieux habituels (qui peuvent aussi comprendre leur site de travail ou une résidence secondaire, par exemple). Fort de ce constat, les deux établissements proposent à leurs clients d'enregistrer ces zones géographiques dans leur application bancaire, de manière à restreindre les opérations exécutées en dehors de celles-ci.

En revanche, alors que Monzo en faisait une clé de verrouillage absolue, Revolut choisit d'ajouter des contraintes supplémentaires lorsqu'une transaction est initiée hors limites, sachant que le mécanisme n'entre en jeu que pour les demandes dont le montant dépasse un seuil également spécifié par le client. Plus précisément, une authentification forte (biométrique) est alors systématiquement exigée et le transfert est mis en attente pendant une heure, ce qui laisse le temps de réagir en cas d'incident.

Revolut Street Mode

Le dispositif « Street Mode » répond directement à une catégorie de malversations précise, en forte progression, surtout au Royaume-Uni (multiplication par cinq depuis 2021), où il est déployé en priorité (ainsi que sur le continent européen). Les vols de smartphone s'accompagnent en effet maintenant souvent d'un déverrouillage sous coercition destiné à permettre aux agresseurs de prendre le contrôle des applications bancaires installées et de réaliser avec elles des opérations à leur profit.

D'un point de vue général, la démarche de Revolut est bien intentionnée et paraît adaptée à une menace réelle. Je m'interroge pourtant sur la multiplication des facteurs de contrôle dans l'utilisation des services financiers. Le nombre de paramètres à maîtriser afin d'assurer la sécurité de son argent devient progressivement excessif, jusqu'à, peut-être, s'avérer contre-productif. Ne serait-il pas plutôt possible d'imaginer des solutions invisibles, apprenant du comportement de chaque utilisateur individuel ?

dimanche 30 novembre 2025

L'Europe amende la DSP2

Parlement Européen
En attendant l'entrée en vigueur de sa troisième itération, qui avance péniblement dans son parcours législatif, la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2) se voit amendée par le Conseil et le Parlement, dans une perspective qui laisse totalement de côté l'innovation, quoi qu'en dise la communication officielle…

Les nouveautés répondent naturellement aux préoccupations du moment, la progression de la fraude figurant en tête, sans surprise. Selon toute vraisemblance, elles vont cependant mécontenter toutes les parties prenantes – celles dont on a l'habitude d'entendre les récriminations et d'autres qui font déjà entendre leur voix – à la seule exception des consommateurs dont la protection est encore renforcée.

En résumé, aux termes du texte sur lequel se sont mises d'accord les institutions, les prestataires de services de paiement (PSP) deviendront presque automatiquement responsables des pertes subies par leurs utilisateurs. Il devront ainsi les rembourser dès qu'un mouvement est initié ou modifié par un escroc ainsi qu'en cas d'usurpation d'identité, quand un tiers se fait passer pour un représentant de l'établissement, pour peu que la victime l'ait informé et qu'elle ait déposé une déclaration à la police.

En parallèle, des charges supplémentaires leur incombent, destinées à limiter les risques préventivement. Outre le contrôle des titulaires de compte, l'authentification forte et l'évaluation des risques, imposés par des réglementations existantes, ils auront l'obligation de proposer à leurs clients des fonctions de plafonnement des transferts et de suspendre les transactions suspectes. Seule échappatoire, ils pourront se retourner contre les « plates-formes » qui relaient des fraudes précédemment signalées.

Payment Services Regulation

Dans un registre différent, qui, bien que légitime, risque d'alourdir certains traitements, l'information des consommateurs devra être enrichie, plus particulièrement sur l'ensemble des frais encourus pour un règlement, avant son exécution. L'exigence s'imposerait également aux distributeurs automatiques – dont on sait combien ils sont propices à des abus sur les retraits en devises étrangères –, les taux de change appliqués étant d'ailleurs explicitement mentionnés par le législateur.

Pour le reste, on se contentera de vœux pieux, sans aucune esquisse de leur mise en œuvre opérationnelle. Il est donc question, d'une part, d'interdire la discrimination contre les opérateurs agréés de l'« open banking », alors qu'il semblerait que certaines banques soient tentées de limiter les accès à leurs systèmes. D'autre part, surgit une promesse de facilitation des procédures d'habilitation des entreprises de paiement, mais assortie de toutes les contraintes traditionnelles, ce qui la rend difficilement crédible.

En synthèse, voilà un texte qui s'efforce de répondre à des urgences – dont beaucoup causées par des déficiences de l'industrie – mais semble avoir été assemblé à la hâte, sans nécessairement s'interroger en profondeur sur les conséquences des mesures envisagées. Le résultat probable à en attendre sera une vague de projets de mise en conformité… qui seront financés au détriment de l'innovation, encore une fois.

samedi 29 novembre 2025

Westpac facilite les désabonnements

Westpac
Puisque les idées neuves semblent avoir disparu du secteur financier, attardons-nous une fois encore sur une de celles qui, bien que relativement anciennes, peinent à s'imposer. L'occasion nous en est procurée par Westpac qui, grâce à une collaboration avec Mastercard, dévoile une fonction de résiliation rapide des abonnements inutiles.

L'australienne n'est pas tout à fait novice en la matière, ayant depuis longtemps – comme plusieurs de ses consœurs – mis en place ce qu'elle nomme le « savings finder », qui, à partir d'une analyse de leur historique d'opérations, présente aux consommateurs des pistes d'économies potentielles sur leurs dépenses courantes, soit à travers la suggestion de changer de fournisseurs (par exemple d'électricité ou de téléphonie), soit en les invitant à vérifier l'utilité de leurs souscriptions actives.

C'est ce dernier poste que Westpac s'attache désormais à compléter. Une fois la personne convaincue qu'elle peut se passer d'un des services mis en avant – parmi ceux qu'elle n'utilise plus, voire dont elle a oublié l'existence, notamment –, l'outil lui propose d'en demander la révocation d'un geste dans son application bancaire, lui évitant de la sorte les démarches administratives parfois cachées et alambiquées que déploient les entreprises désireuses de préserver à tout prix leurs sources de revenus.

Le dispositif répond à un véritable besoin, si on en croit l'étude de marché conduite par l'établissement. Elle évalue à environ 6,7 milliards de dollars le total annuel des abonnements payés par les australiens, dont presque un tiers admettent qu'ils pensent gaspiller un peu de leur argent de la sorte. Ce constat n'est guère surprenant quand on découvre qu'une bonne partie de la population – 40% de la génération Z et des milléniaux, en particulier – surveille ses comptes moins d'une fois par mois.

Westpac Savings Finder

La nouvelle capacité est bienvenue dans la panoplie des banques qui se préoccupent réellement du bien-être financier de leurs clients (et pas seulement d'engranger quelques commissions lors de leurs changements de fournisseur). Elle s'inscrit dans une logique qui devrait être universelle : le meilleur conseil perd toute sa valeur s'il n'est pas appliqué… et se contenter de le prodiguer sans l'accompagner d'un moyen de l'actionner instantanément réduit d'au moins 80% ses chances d'être mis en œuvre.

Une étape supplémentaire pourrait ensuite être franchie avec l'ajout d'incitations contextuelles. En effet, l'affichage de sa liste de souscriptions peut faire prendre conscience au consommateur de celles qu'il n'exploite pas… mais il resterait encore à identifier et mettre en avant celles qui ne paraissent pas indispensables, par rapport à son comportement et ses habitudes, et pourraient, par exemple, être suspendues au profit de la création d'une cagnotte pour un projet d'avenir, illustration à l'appui.

vendredi 28 novembre 2025

OCBC se met aux appels téléphonique « in app »

OCBC
La protection contre les appels téléphoniques frauduleux est une préoccupation importante pour nombre de banques et son intégration dans leur application mobile constitue à ce jour la meilleure parade connue. À Singapour, son adoption par OCBC fournit également à cette dernière l'occasion d'en faire ressortir un autre avantage notable.

Afin de lutter contre un fléau devenu incontrôlable, Monzo fut la première (je crois) à imaginer un système de confirmation de conversation avec un de ses conseillers, permettant de repérer, a contrario, les appels émanant d'escrocs. Elle a été rapidement imitée par quelques consœurs, dont ING et Sumeria, avant d'être dépassée par cette idée de Westpac (?), elle-même répliquée (par Sumeria, encore), de gérer les échanges téléphoniques au sein de son app, interdisant ainsi toute usurpation d'identité.

Voilà maintenant venu le tour d'OCBC d'implémenter cette capacité pour ses clients particuliers, après l'avoir mise en place pour les entreprises en juin dernier. Ce faisant, l'établissement embrasse une perspective assez différente de ses prédécesseurs, probablement en raison d'un contexte local spécifique : le premier objectif visé est cette fois de sécuriser les communications vers son centre d'appel, en évitant notamment le mécanisme d'authentification fragile que constituent les codes envoyés par SMS.

De fait, le fonctionnement inverse, c'est-à-dire quand la banque joint ses clients, ne sera déployé qu'au premier semestre de l'année prochaine (et il ne concernera que le support et les équipes anti-fraude). Cette sorte d'insouciance semble liée au constat que Singapour s'éveille juste aux dangers des imposteurs téléphoniques, seulement 1 700 cas ayant été signalés entre janvier et juin dans tout le pays. Mais sa forte croissance et son incidence sur la confiance des consommateurs justifie néanmoins la riposte.

OCBC – In-App Calls

En revanche, au-delà des seuls arguments de sécurité, OCBC promeut aussi son initiative sous un angle commercial, en jouant sur une corde potentiellement sensible pour les Singapouriens. En effet, les appels passés depuis son application mobile échappent aux surcoûts de téléphonie transfrontalière (dans la mesure où une connexion réseau est disponible, WiFi par exemple), ce qui permet de vanter la faculté de contacter facilement et de manière économique sa banque depuis n'importe où dans le monde… en particulier pour les cas d'urgence, dont les suspicions de fraude.

Quels que soient les enjeux régionaux, l'intégration de fonctions de communication vocale dans les plates-formes bancaires, comme l'ont été précédemment les échanges de messages, devient progressivement incontournable, a minima pour la protection des clients (et de leur argent). Les institutions financières qui se lanceront rapidement peuvent encore espérer, comme OCBC, se positionner en pionnières. Mais la fenêtre d'opportunité va se refermer rapidement et laisser place à une faiblesse visible.

jeudi 27 novembre 2025

Credolab prédit les revenus des emprunteurs

Credolab
Malgré les progrès de l'« open banking » et l'apparition de fournisseurs alternatifs de score de fiabilité financière aux méthodes variées, l'évaluation de la qualité des emprunteurs laisse toujours une partie de la population de côté. Le spécialiste Credolab complète donc son offre avec un système capable de prédire le niveau de revenus d'un individu.

Le principe de recourir à des données plus ou moins génériques pour pallier les limitations du traditionnel score de crédit (basé, pour l'essentiel, sur un historique de relation bancaire) est loin d'être nouveau. Il y a une quinzaine d'années, les pionniers les plus visibles capitalisaient sur l'explosion des réseaux sociaux pour mieux connaître les consommateurs… jusqu'à ce qu'ils soient accusés d'entretenir des biais… qui semblaient pourtant moins sévères que ceux des pratiques ancestrales.

Désormais, les acteurs tels que Credolab s'appuient sur des informations beaucoup plus abstraites pour tenter d'identifier le profil de chaque personne. Sont ainsi pris en compte, par exemple, la connaissance des appareils détenus (en priorité le téléphone), les applications mobiles installées, notamment celles qui sont payantes, leur typologie d'utilisation, les préférences d'interaction, l'analyse de l'agenda et des contacts… dont l'accès devra naturellement avoir été accordé explicitement au préalable.

Un glissement s'est de la sorte opéré depuis une approche de corrélation (en mesurant la confiance qu'inspire quelqu'un à travers ses échanges en ligne) vers une logique purement statistique, sans aucune préoccupation de causalité rationnelle, qui pourrait donc « décider » que les propriétaires d'iPhone bleus sont plus fiables que ceux qui ont une version rose. Elle est implémentée par des modèles d'apprentissage automatique, entraînés à partir d'un vaste échantillon fourni par les clients de la jeune pousse.

Accueil Credolab

Au-delà de ses solutions classiques de détection de fraude et de calcul de risque destinées aux établissements de crédit, Credolab propose maintenant à ces derniers un module de prédiction des revenus, reposant sur les mêmes mécanismes. L'ajout est évidemment important pour les prêteurs qui ne peuvent se contenter de s'assurer que l'emprunteur qui les sollicite est enclin à rembourser ses dettes mais doivent aussi vérifier qu'il aura effectivement les moyens de faire face à ses échéances.

Or nombreux sont ceux qui ont des difficultés à produire des justificatifs acceptables – entre autres parce que les documents présentés sont incomplets ou parce que les falsifications sont devenues monnaie courante et induisent un surcroît de méfiance – et se trouvent ainsi rejetés à tort. En partageant le contenu de leur téléphone – dans le respect total de la confidentialité des données personnelles, clame Credolab –, ces exclus peuvent alors obtenir une chance d'accéder au financement dont ils ont besoin.

Comme souvent avec les offres de cette catégorie, celle-ci est déployée initialement en Amérique Latine, où les opportunités de suppléer un système élitiste sont les plus importantes, l'Asie du Sud-Est étant en ligne de mire pour la suite. La promesse est alléchante, y compris d'un point de vue social, mais la démarche retenue, fondée sur des modèles statistiques opaques, risque d'être difficilement acceptable par des acteurs du secteur financier généralement prudents sur l'octroi de crédit aux particuliers.

mercredi 26 novembre 2025

Shine passe dans le giron de Cegid

Shine
Un an et quelques mois après sa cession par Société Générale à la FinTech danoise Ageras, la néo-banque hexagonale Shine est maintenant acquise par le spécialiste de la comptabilité Cegid. Ce dernier vise de la sorte à compléter son offre de services aux PME et s'inscrit dans une tendance qui semble devenir la norme du secteur.

Petite précision préalable, car, à l'occasion de l'opération, l'ex-startup se voit désormais qualifier de licorne, avec un bond prodigieux de sa capitalisation apparente depuis sa vente de l'an dernier à quelques 140 millions d'euros. De toute évidence, la coquille a gardé son nom mais son contenu a changé puisqu'elle inclut désormais des opérations dans plusieurs pays européens et que, dans la bataille, ses fondateurs originaux (Nicolas Reboud et Raphaël Simon) sont effacés au profit de ceux d'Ageras.

Mais le plus important est ailleurs, bien sûr. Après avoir tenté de développer en propre une solution d'accompagnement global des indépendants autour de fonctions bancaires, Shine se trouve dorénavant intégré dans un groupe poursuivant une stratégie similaire, avec une vision plus étendue, en termes de géographie (l'Union Européenne), de cible visée (élargie à toutes les petites et moyennes entreprises, ainsi qu'à leurs comptables), de portée commerciale (Cegid possédant une vaste base de clientèle).

Cegid x Shine

L'initiative confirme une reconfiguration en cours de l'industrie, déjà esquissée, entre autres, par les velléités (encore timides) de Qonto de collaborer avec les cabinets comptables dans une perspective d'offre combinée ou, plus représentative, l'introduction déjà ancienne d'un module bancaire dans le catalogue du trublion Tiime. Au fil du temps, il apparaît que l'avenir appartient aux fournisseurs couvrant la totalité des besoins de gestion des PME, une réalité à laquelle un des leaders historiques de la comptabilité s'éveille donc et réalise sa plus grosse acquisition pour conserver sa position.

A contrario, l'évolution risque de marginaliser les établissements traditionnels, dont les efforts que la plupart engagent afin de proposer, eux aussi, des outils de pilotage (comptabilité, facturation, paye…) font pâle figure en comparaison de ce que distribuent les spécialistes. Se profile ainsi pour eux une cruelle défaite dans la bataille pour la personnalisation de la relation, qu'ils n'ont jamais su concrétiser de manière convaincante sur leur périmètre financier, alors que les plates-formes de services « administratifs » en font de longue date une caractéristique distinctive de leur métier.

À ce contexte général, dans lequel les produits bancaires deviennent accessoires par rapport aux capacités de gestion – ils sont d'ailleurs fréquemment rendus invisibles derrière les activités du quotidien –, s'ajoute un mouvement général à l'intention des comptables, qui peuvent eux-mêmes profiter des avantages des solutions émergentes. L'objectif final étant de simplifier la vie des responsables d'entreprises, notamment à travers l'automatisation, ces démarches de convergence paraissent inéluctables.

mardi 25 novembre 2025

Apple Pay devient accessible par QR code

Ecommpay
Ecommpay devient une des premières plates-formes de paiement à implémenter la capacité de régler les achats en ligne avec Apple Pay dans les environnements incompatibles, grâce à une nouvelle option de validation des transactions par QR Code. Elle promet de la sorte une meilleure rétention d'une clientèle particulièrement attractive.

Jusqu'à maintenant, le porte-monnaie mobile de la marque à la pomme est disponible selon deux modes : via une interface sans contact sur le téléphone, pour les opérations de proximité, ou à travers l'intégration au cœur du système et/ou du navigateur web, pour les achats à distance. Malheureusement, cette dernière possibilité n'est offerte que sur les équipements maison (iPhone, iPad et Macbooks) et dans le logiciel Safari, laissant à l'écart les nombreux utilisateurs de systèmes Windows ou Linux.

C'est donc cette population qu'Ecommpay veut aider les marchands à séduire avec la solution d'Apple, automatiquement activée chez ses clients. En pratique, le mécanisme consiste, pour le consommateur, à sélectionner Apple Pay parmi les différentes méthodes de paiement proposées lors de son passage en caisse, ce qui déclenche l'affichage du fameux QR code. Il lui suffit alors de capturer ce dernier avec son iPhone ou son iPad pour exécuter le règlement, avec la sécurité renforcée du m-wallet.

Ecommpay – Apple Pay par QR Code

La communication officielle vante l'intérêt pour les e-commerçants de proposer leur moyen de paiement préféré aux nombreux adeptes d'Apple Pay qui ne peuvent aujourd'hui l'utiliser pour leurs emplettes en ligne, alors que des études montrent qu'ils sont plus dépensiers que la moyenne. Mais l'argument est spécieux car non seulement cet écart est largement dû à une surreprésentation des catégories aisées, il serait aussi naïf de penser que le fait de devoir recourir à leur carte de paiement pour leurs règlements (sur leur matériel usuel) soit un facteur majeur de renoncement à l'achat…

La réalité est plutôt qu'Apple et, dans une moindre mesure, ses partenaires essaient de combler un vide dans leur couverture du marché, synonyme de revenus manqués et de ruptures dans les velléités de faire du porte-monnaie mobile un réflexe universel pour toutes les transactions de la vie courante. La technologie retenue rend son déploiement et son usage simples, ce qui constitue la seule vraie force de l'initiative : l'approche autorise une expérience plus fluide et mieux sécurisée en comparaison de la saisie d'informations de carte bancaire, ce qui reste l'atout principal de l'enseigne.

lundi 24 novembre 2025

Les assureurs s'inquiètent de l'IA

AI
Bien qu'avec un surcroît de prudence caractéristique de leur gènes, les acteurs de l'assurance sont autant attirés pas les opportunités de l'intelligence artificielle que d'autres organisations. En revanche, selon un article du Financial Times, relayé, entre autres, par TechCrunch, ils semblent extrêmement frileux à l'idée d'en couvrir les risques.

Quelques-uns des grands noms de l'industrie, aux États-Unis, auraient ainsi sollicité préemptivement leur régulateur afin d'obtenir l'autorisation formelle d'exclure globalement de leurs polices destinées aux entreprises les conséquences du recours à l'IA. Quand bien même un représentant d'AIG affirme ne pas envisager spécifiquement d'appliquer ce genre de clauses (aujourd'hui), on perçoit clairement dans l'initiative la nervosité que suscitent ces technologies aux ramifications considérables.

D'une certaine manière, la réaction est compréhensible. Comme l'explique un autre responsable interrogé par les journalistes, le comportement absolument opaque (de « boîte noire ») des outils rend difficile toute possibilité d'évaluer les dangers auxquels ils exposent les assurés. Ajoutons à cette sensation d'inconnu, d'absence de maîtrise, la jeunesse de la discipline (après tout ChatGPT a à peine 3 ans), induisant un manque de données historiques, et la difficulté à mesurer le niveau de risque devient évidente.

Au contraire, les histoires de dérives et autres erreurs commises par les agents intelligents se répandent rapidement à travers le monde, à l'instar de la mésaventure de la promotion inventée par celui d'Air Canada, et les coûts des réparations commencent à faire peur. Les craintes sont d'autant plus fondées que les impacts peuvent affecter toutes sortes de domaines, de la simple garantie financière à la responsabilité civile, en passant par les préjudices d'image ou les litiges juridiques, par exemple.

AI Denied

Mais ce qui inquiète peut-être le plus les compagnies est la portée potentielle de leur engagement. En effet, le caractère systémique des anomalies introduites par l'IA en change l'échelle. Il n'est plus seulement question de dédommager un accident industriel exceptionnel mais, le cas échéant, de prendre en charge les milliers, voire millions, d'incidents relativement mineurs créés par un système critique défaillant, dont le « raisonnement » est plus ou moins incontrôlable et donc difficile à rectifier.

Et le problème pourrait encore s'aggraver… si les victimes se mettent elles aussi à exploiter l'intelligence artificielle pour industrialiser leurs dépôts de réclamations (et même, éventuellement, la création de litiges, quand une faille est repérée). Pour les assureurs, l'enjeu consisterait donc à quantifier non seulement les aléas des modèles mis en œuvre dans les entreprises – ce que devraient faciliter les exigences légales d'explicabilité – mais également l'étendue des dommages qu'ils sont susceptibles de causer, en termes de cibles comme de coûts unitaires… La tâche est colossale.