Confronté aux limitations des approches en vigueur de suivi des contacts destinées à contrôler les chaînes de contamination du coronavirus, le gouvernement australien envisage maintenant de recourir à une nouvelle méthode, qui a fait ses preuves en Corée du Sud : l'analyse des transactions de paiement par carte.
La plupart des pays du monde débattent des meilleurs moyens de maîtriser la propagation de la pandémie. Une des priorités universelles consiste à retracer systématiquement les parcours des personnes testées positives, de manière à pouvoir rapidement identifier et, le cas échéant, isoler celles qui sont en risque de contagion. Se sont ainsi développées des applications mobiles dédiées, des obligations pour certains commerces – bars et restaurants en tête – de tenir des registres de leurs clients…
Hélas, l'efficacité de ces méthodes est loin d'être optimale : entre les réticences des citoyens à installer et activer le logiciel préconisé, les lacunes des listes de contacts, les lenteurs de traitement (souvent manuel) des informations collectées…, les mesures mises en œuvre ne produisent pas tous les effets escomptés, en particulier la capacité de détecter au plus tôt les nouveaux cas d'infection, avant que ces porteurs, sans symptômes en période d'incubation, ne disséminent eux-même le virus.
Dans ces conditions, le ministère de la santé australien réfléchit à des solutions technologiques susceptibles d'offrir une couverture étendue et une réactivité accrue. Il se trouve que le monde moderne fournit déjà les capacités nécessaires à une telle vision : l'historique des achats réglés par carte, accessible facilement sous forme électronique auprès des émetteurs, permettrait de retrouver immédiatement tous les consommateurs côtoyés par un individu contaminé, sans aucun effort spécifique de leur part.
Le principe n'est donc pas entièrement nouveau. Il est notamment mis en œuvre, avec, apparemment, beaucoup de succès, par la Corée du Sud, depuis le printemps dernier. À la suite de quelques épisodes de diffusion incontrôlée du virus, des procédures accélérées de demande légale d'accès aux données de paiement (et de téléphonie, pour le suivi exhaustif des déplacements) ont largement contribué à renforcer la prévention… et à limiter la portée de l'épidémie (seulement 32 000 cas enregistrés à ce jour).
Naturellement, les modalités du dispositif, tel qu'il est implémenté par les autorités coréennes, soulèvent de graves questions sur la protection de la vie privée. Même si des garanties réglementaires sont apportées quant à l'exploitation des données personnelles (sans la moindre demande de consentement) strictement limitée aux enjeux sanitaires, la crainte de dérives et d'abus refroidirait certainement les populations des pays occidentaux (en France, elle déclencherait probablement une insurrection !).
Peut-être serait-il possible d'imaginer une version du système plus respectueuse des libertés individuelles ? Quoi qu'il en soit, une leçon à tirer de cet exemple est élémentaire : avant de créer une solution en repartant de zéro (qui génère aussi son lot de critiques), la priorité devrait être de vérifier si les sources de données existantes ne suffisent pas à répondre au besoin. Ensuite, les travaux pourraient se concentrer sur l'équilibre idéal entre bien commun, éthique et expérience utilisateur (voire moindre effort ?).
Si on on se sait tracké et identifié nommément à chaque paiement Carte par je ne sais quel autorité de technocrate, il y a de quoi flipper :
RépondreSupprimerEn France, ce n'est pas probablement que cela déclencherait une insurrection, mais très certainement et très rapidement!!
Et également cela engendrerait un reflux massif des paiements par carte bancaire dans les commerces de proximité au profit du cash... et au profit des achats web ou il n'y a pas de risque de retraçage de son itinéraire.
La clarté totale sur l'utilisation des données carte bancaire serait une bonne chose, à l'heure où avec la DSP2, nombre d'opérateur peuvent avoir accès à nos dépenses (avec le consentement du client)