Il suffit que HSBC annonce le lancement d'un compte multi-devises sans frais et la presse mondiale (de Finextra à l'Agefi) s'emballe : voilà enfin la riposte d'un établissement historique à la menace de la FinTech, TransferWise (la plus brillante d'entre elles) en tête ! Il lui manque pourtant l'essentiel pour justifier une quelconque comparaison.
D'emblée, la référence sonne creux, puisque le nouveau Global Money Account, disponible initialement aux États-Unis, se positionne, ainsi que son nom l'indique, comme un compte prépayé permettant aux globe-trotters de disposer d'un instrument unique pour leurs besoins de paiement dans une vingtaine de pays. Certes, les transferts internationaux sont également intégrés dans l'offre… mais, à ce stade, uniquement à destination de clients éligibles (?) de HSBC, hors Canada, Mexique et Nouvelle-Zélande.
Un rapprochement avec le concept d'origine de Revolut est donc beaucoup plus approprié. Mais, il faudrait surtout se souvenir que le principe de la carte associée à une série de devises est relativement ancien et qu'il est déployé par des banques traditionnelles depuis longtemps. Pour un groupe qui vante régulièrement les avantages de sa présence dans un nombre incomparable de marchés autour de la planète, dévoiler un tel produit 6 ans après les pionniers n'est pas une prouesse extraordinaire.
Naturellement, on oserait espérer que, profitant d'une aussi longue période d'observation, la dernière venue aurait pris le plus grand soin d'étudier les points forts de la concurrence émergente et se serait consciencieusement appliquée à les imiter ou, a minima, les contrer, d'une manière ou d'une autre. Malheureusement, il n'en est rien ! Par exemple, la description du produit n'évoque qu'une notification instantanée des transactions, laissant dans l'ombre la vitesse des transferts, un des principaux avantages de TransferWise.
Pire encore, l'analyse des pratiques tarifaires de HSBC, un des sports favoris du trublion londonien (cf. l'illustration ci-dessus) montre son incompréhension totale de ce qui fait la force de son challenger, à savoir sa transparence vis-à-vis des consommateurs, jusqu'à s'impliquer dans une bataille pour son introduction dans la réglementation. La banque recourt au contraire aux vieilles méthodes douteuses de l'industrie, clamant l'absence de frais de change, tout en appliquant un taux de conversion comprenant une marge (jusqu'à 1,5%) soigneusement dissimulée dans sa Foire Aux Questions.
De toute évidence, l'incontestable succès de TransferWise – qui déclarait à l'occasion de la présentation de ses résultats 2020 assurer maintenant 4% des échanges transfrontaliers dans le monde – suscite finalement des réactions défensives de la part des leaders d'autrefois, voyant ces activités très profitables leur échapper. Mais que peuvent-ils espérer quand ils ne parviennent absolument pas à s'approprier les recettes de leur Némésis (visible aussi dans la tentative de clonage de Santander), préférant reproduire les erreurs qui leur valent ses critiques acerbes depuis bientôt 10 ans ?
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