Bientôt une décennie après la première incursion de Google dans l'univers des paiements, il me serait impossible d'énumérer tous les « pivots » qu'ont connus les versions successives de Google Wallet et de Google Pay. En attendant l'introduction de son compte bancaire, l'année prochaine, l'édition de 2020 se veut maintenant sociale.
Voilà un domaine qui résiste implacablement au géant californien, malgré tous ses efforts et ses innovations. Mais il représente aussi un axe stratégique de développement, qu'il ne se décide donc visiblement pas à abandonner. Une fois encore, la nouvelle mouture de son application mobile repart littéralement d'une feuille blanche, en cherchant plus que jamais à séduire les consommateurs par une approche de l'argent qui répond précisément à leurs attentes de simplicité, de contrôle et… d'émotions.
C'est sur ce dernier registre que Google veut en effet particulièrement surprendre. Ainsi, au lieu d'accueillir l'utilisateur avec des montants ou des listes de comptes et d'opérations, comme presque tous les outils de gestion de finances personnelles du monde, ce sont les personnes et les commerces avec lesquels il réalise fréquemment des transactions qui lui sont présentés en priorité. Puis, derrière chacun de ces correspondants, se révèle ensuite l'historique des échanges, comme une trace d'une relation personnelle.
Dans le prolongement de cette vision originale, la plate-forme propose également un (incontournable) module consacré aux dépenses partagées. D'une facilité d'utilisation vantée comme incomparable, il sert surtout à enrichir la dimension sociale en y insérant la notion de groupe d'amis. À travers les demandes de remboursement, leur suivi et les messages qui accompagnent toutes les interactions, celui-ci devient alors un support supplémentaire propice à élaborer un récit autour d'actes de la vie quotidienne.
Tandis que les quelques tentatives passées de capitaliser sur les sentiments attachés aux paiements se sont rarement avérées concluantes, la vision de Google ne s'arrête (heureusement) pas là. Son ambition de procurer une expérience globale à ses adeptes se traduit notamment par l'accès direct, depuis son application, à la commande de repas dans plus de 100 000 restaurants, au paiement du parking dans 400 villes américaines et du carburant dans 30 000 stations-services. Et la liste s'enrichira dans le temps.
Une section est en outre dédiée aux offres promotionnelles. Il n'est pas précisé si elles sont contextuelles, ce qui placerait Google en concurrence frontale avec les spécialistes du secteur (tels que Cardlytics aux États-Unis), mais le principe s'inspire fortement de ces prédécesseurs, avec une mise en œuvre simplifiée : un clic suffit pour accepter la réduction, qui est ensuite appliquée automatiquement au prochain achat qualifié, qu'il soit effectué en ligne ou en boutique, pourvu qu'il soit réglé avec une carte liée.
Enfin, la plate-forme autorise la connexion des comptes existants, afin de profiter de fonctions de pilotage de budget… hélas peu convaincantes. Au-delà des très classiques synthèses des dépenses, dûment catégorisées, et de quelques alertes standardisées (pour une facture étonnamment élevée, une échéance imminente…), la seule singularité ici est le moteur de recherche (!), qui permet de retrouver un élément quelconque parmi les transactions ou dans toutes sortes de sources (par exemple des photos de reçus).
En synthèse, il est absolument indéniable que la perspective adoptée par Google Pay place immédiatement cette solution dans une classe à part. Parviendra-t-elle à séduire les consommateurs ? Bien sûr, ses différentes composantes ont un potentiel d'attraction – et l'ajout d'un compte bancaire lui procurera une certaine exhaustivité de ce point de vue – mais l'expérience utilisateur résultante paraît trop disjointe pour ne pas questionner l'intérêt de combiner tellement de services dans une application unique.
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