La journée mondiale de l'épargne, fixée chaque année au 31 octobre depuis 1924, semble susciter un regain d'intérêt en 2020 (en raison des impacts de la pandémie sur les comportements des particuliers ?). Je vous invite aujourd'hui à nous pencher ensemble sur la manière dont Ismo parvient à convaincre une population a priori réticente d'investir.
Le pari de la startup – qui a lancé officiellement son application en septembre dernier après quelques mois d'expérimentation – est d'encourager les personnes qui ne l'envisagent pas, principalement par crainte de l'inconnu, à découvrir les opportunités de l'investissement sur les marchés financiers. Dans ce but, elle emprunte un modèle éprouvé (imaginé dès 2014 aux États-Unis), qui consiste à accumuler les centimes d'arrondi sur les dépenses quotidiennes et les placer sur un fonds. Celui-ci connaît d'ailleurs une vogue dans l'hexagone, avec l'arrivée, presque au même moment, de la canadienne Moka (ex-Mylo) et, bientôt, Peaks (soutenue par Rabobank).
S'il a fallu aussi longtemps pour que le concept fasse son apparition en France, la traditionnelle prudence de notre concitoyen moyen avec son argent et sa défiance quasi-maladive vis-à-vis de la bourse en sont probablement en grande partie responsables. Au vu de la difficulté prévisible de changer ces attitudes ancrées dans la culture, le défi à relever peut paraître insurmontable. Or les premiers résultats affichés par Ismo tendent à démontrer qu'une approche adaptée peut effectivement trouver un écho favorable.
Pour ne relever que les données les plus marquantes de cette analyse de 3 000 des premiers clients de la jeune pousse, il faudra retenir une attractivité particulière auprès des jeunes, avec 30% de moins de 25 ans et 32% dans la tranche des 25 à 35 ans (alors que l'âge médian de l'investisseur dans les établissements traditionnels serait de 61 ans), et parmi toutes les catégories sociales, les employés étant spécialement bien représentés (34%, face à seulement un quart de cadres), suivis par les étudiants et les artisans.
Par ailleurs, leurs usages sont parfaitement alignés avec les objectifs d'origine. L'adoption massive de l'arrondi des dépenses par carte, la moyenne de 11 euros mis de côté par semaine, la préférence sensible pour un niveau de risque plutôt élevé… sont autant d'indicateurs d'une première prise de contact de ces consommateurs avec le domaine de l'investissement, pour une initiation concrète relativement peu risquée (et peu coûteuse), et, donc, de leur adhésion à la proposition de valeur qui leur est soumise.
Cette tendance préliminaire est, naturellement, une excellente nouvelle pour Ismo… et pour la maturité financière des français. Il restera toutefois à la consolider (l'élan des débuts se poursuivra-t-il ?), puis à confirmer que la confiance acquise avec le placement de quelques centimes ou euros se transformera en une véritable habitude d'investir (certainement importante pour le modèle économique de la startup). En attendant, il serait bon (comme toujours) d'aborder l'épargnant en lui parlant plus de ses projets au lieu de l'abreuver de détails parfois un peu abscons sur les produits qui lui sont vendus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)