Si l'analyse de l'historique de leurs transactions est en passe de devenir un moyen standard d'estimer la fiabilité des emprunteurs, les opportunités de la banque ouverte (« open banking ») sur le reste du cycle de vie du crédit sont plus rarement explorées. Elles offrent pourtant des avantages irrésistibles, surtout en ces périodes d'incertitudes.
La néerlandaise NIBC Bank, qui distribue ses produits financiers par l'intermédiaire d'institutions tierces, a récemment engagé une collaboration avec Salt Edge afin de mettre en place, comme tant d'autres, de nouveaux mécanismes de filtrage des bénéficiaires de ses prêts, basés sur un accès direct à leurs comptes. Cependant, sa communication laisse entendre (sans certitude… mais projetons-nous !) qu'elle maintient le lien avec ces sources dans le but de surveiller la qualité de son portefeuille dans la durée.
L'enjeu est, évidemment, d'autant plus important dans le contexte de la crise sanitaire et de son impact global sur les capacités des consommateurs à faire face à leurs échéances, en particulier sur les crédits hypothécaires (de montants importants et à long terme) qui sont une des spécialités de l'établissement. Une bonne gestion lui impose d'évaluer aussi précisément que possible son exposition au risque de défaut sur l'ensemble du stock existant et son évolution au fil des événements systémiques.
Logiquement, l'étude de la situation financière du client lors de la conclusion de l'opération devrait donc s'accompagner d'un suivi jusqu'à son arrivée à maturité. Au niveau élémentaire, il pourrait s'agir d'émettre une alerte préventive en cas de détection de difficultés susceptibles d'affecter un individu (invitant par exemple un conseiller à prendre contact avec lui pour rechercher des solutions au plus tôt). À l'échelle de la banque, il sera plutôt question de prendre le pouls général de la population qu'elle sert.
Bien sûr, il convient, dans ce but, de faire admettre aux emprunteurs le principe d'une visibilité permanente sur leurs comptes afin de contrôler régulièrement les tendances sur leur solvabilité. Peut-être le bénéfice potentiel peut-il justifier, de la part de l'établissement de crédit, d'accorder des conditions préférentielles à ceux qui acceptent une telle option ? L'avantage d'une approche statistique, suffisant au pilotage des risques, est que son efficacité s'accommodera aisément d'un échantillon limité de volontaires.
L'initiative de NIBC ne résonnera probablement pas auprès des grands groupes (notamment français) dont les modèles universels les ont habitués à une clientèle plus ou moins captive dont ils gèrent quasiment toute la vie financière, ce qui leur permet, du moins en théorie, d'instaurer une vigie interne. Néanmoins, la multiplication des offres disponibles sur le marché (pensez au « BNPL » !) transforme les comportements, complexifie l'analyse des risques… et suggère de recourir à d'autres méthodes.
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