Parce que, à l'ère de la personnalisation généralisée des expériences, il n'est plus envisageable de distribuer la même solution à tous les utilisateurs, l'éditeur de progiciel bancaire Temenos propose désormais aux institutions financières une approche totalement modulaire de la création d'applications web et mobiles, à base de « micro-apps ».
Certes, les systèmes informatiques des banques modernes sont depuis longtemps – au moins en théorie – conçus sous forme de composants techniques élémentaires (micro-services), relativement indépendants les uns des autres, de manière à en garantir la flexibilité. Ce qu'ajoute aujourd'hui Temenos à sa plate-forme Infinity est un paradigme similaire sur des modules encapsulés au sein d'une interface graphique prédéfinie, prêts à assembler visuellement pour constituer une application composite cohérente.
Imaginez que vous ayez identifié des segments de clientèle exprimant des attentes différentes vis-à-vis des services « digitaux » que vous mettez à leur disposition. Grâce aux micro-apps, vous pouvez facilement concocter, par exemple, une solution adaptée aux jeunes adultes, comprenant gestion de compte courant, suivi budgétaire, alertes, paiements entre amis…, et une autre destinée à leurs aînés, qui privilégiera plutôt, outre le socle essentiel, l'encaissement de chèque à distance, la localisation d'agence…
Leurs fonctions s'appuyant sur des fondations communes, la multiplication des versions d'application n'engendre pas de complexité supplémentaire dangereuse dans l'architecture globale. Au contraire, le modèle intègre la possibilité de faire évoluer chaque micro-app isolément des autres, sans danger collatéral, ce qui permet à la fois de mieux maîtriser les mises à jour, dont la portée est circonscrite, et d'ajouter, supprimer ou remplacer des services simplement, y compris dans une plate-forme tierce.
Si les avantages de l'initiative sont clairs et attractifs du côté des départements informatiques, les bénéfices évoqués pour les clients me laissent plus perplexe. En effet, le principe de déclinaisons distinctes, par cible, des applications repose nécessairement sur une segmentation à grande maille, qui, par essence, ne peut pas satisfaire chaque individu. Dans ces conditions, la capacité convaincra-t-elle les banques d'abandonner leur habitude d'inclure toutes les options disponibles afin d'éviter les frustrations ?
Une idée qui pourrait être développée pour tenter de répondre à l'exigence ultime d'une expérience ajustée à chaque client consisterait à autoriser celui-ci à construire lui-même son application idéale, en organisant à sa guise les éléments qu'il juge utiles. Malheureusement, même s'il était envisageable de fournir un outil suffisamment accessible pour rendre une telle hypothèse réaliste, la longue histoire des logiciels à configurer montre que les consommateurs ne profite guère de ce genre d'opportunités.
En revanche, ces micro-apps ouvrent une perspective beaucoup plus intéressante, en direction de la banque invisible : il s'agirait alors non plus de les concentrer dans une plate-forme dédiée mais de les enfouir dans les parcours du quotidien, en mettant en avant l'information ou le produit nécessaire au moment le plus pertinent. Il paraît peu probable que Temenos ait pris en considération ces scénarios… alors qu'ils représentent certainement la meilleure orientation à prendre avec les efforts de modularisation.
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