Directement concernées par l'évolution des menaces engendrées par le changement climatique, les compagnies d'assurance intègrent de plus en plus souvent le risque environnemental dans leurs couvertures habitation (entre autres). Les établissements de crédit hypothécaire commencent à leur tour à prendre conscience de leur exposition…
Pionnière en la matière, la structure mutualiste britannique Leeds Building Society s'appuie sur son partenariat historique avec le spécialiste de l'analyse du marché immobilier Hometrack pour ajouter cette dimension à sa palette. Ce dernier avait en effet annoncé, en janvier dernier, le lancement d'un produit complet et cohérent, dédié à la mesure des impacts climatiques sur les habitations, assis sur les expertises sectorielles complémentaires de deux autres entreprises, Ambiental et Terrafirma.
L'objectif de la démarche de la Leeds Building Society consiste à inclure désormais les considérations environnementales au cœur de ses activités de crédit hypothécaire. Naturellement, elles touchent en premier lieu ses processus d'entrée en relation. Avant d'accorder un prêt, l'institution prendra ainsi en compte dans son estimation de la valeur du bien sous-jacent les aléas liés aux bouleversements météorologiques, à la fois immédiats et tels qu'ils peuvent être projetés dans la durée de l'opération envisagée.
La deuxième utilisation de la solution, tout aussi critique, notamment parce qu'elle répond à des exigences réglementaires émergentes, vise à maintenir une surveillance continue de l'exposition globale du portefeuille de l'établissement, qui vient de la sorte ajouter les facteurs environnementaux aux critères classiques de pilotage de risque financier, en vigueur depuis toujours dans le secteur, tels que les tendances de l'équilibre entre offre et demande, des prix de la construction, de la solvabilité des emprunteurs…
En pratique, les modèles concoctés par Hometrack et ses auxiliaires se veulent simples à implémenter pour les opérateurs de crédit, et plus particulièrement dans leurs systèmes d'évaluation et de décision automatisées. Dans ce but, une fois les dangers identifiés et détaillés (par exemple la sensibilité aux inondations, aux glissements et affaissements de terrain, à l'érosion des côtes, aux incendies de forêt…), ils convertissent ces observations en leur incidence comptable nette sur la valeur de la propriété, en livres sterling.
Avec l'aggravation des dérèglements climatiques, l'initiative déployée par la Leeds Building Society devrait rapidement devenir un standard incontournable dans les institutions financières du monde entier. En revanche, je regrette que son approche, telle qu'elle est décrite, laisse de côté le consommateur, qui constitue pourtant un maillon clé de la chaîne des responsabilités. Au-delà de la seule maîtrise interne des risques, les mêmes outils mériteraient d'être également mis à la disposition des premiers intéressés, pour leur information… et, surtout, pour les encourager à agir, concrètement.
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