Il y a 12 ans, bien avant les pitreries de certain homme politique, John Chambers, alors directeur général de Cisco, présentait publiquement, sur scène, une démonstration ébouriffante des possibilités de l'holographie, en expliquant que cette technologie représentait l'avenir de la collaboration à distance. Aujourd'hui, Webex s'empare de l'idée.
Depuis son rachat par Cisco, le pionnier de la conférence en ligne s'est endormi et se trouve désormais largement distancé par ses concurrents (Zoom, Microsoft Teams…). Le retour en force de ces outils à l'occasion de la crise sanitaire, qui lui a tout de même valu d'enregistrer une belle croissance, a apparemment stimulé un regain d'activité dans la division. Parmi les nouveautés présentées lors d'un événement consacré au travail hybride, la plus marquante et la plus différenciante est Webex Hologram.
Cette fois, il ne s'agit plus de simple coup publicitaire, le produit est entre les mains de quelques clients privilégiés et les entreprises intéressées sont invitées à se manifester pour organiser des expérimentations. Il est vrai que l'ambition reste ici mesurée, puisque le principe consiste à mettre en présence virtuelle des personnes distantes, avec un rendu en trois dimensions de haute qualité, via des lunettes de réalité augmentée telles que MagicLeap ou Microsoft HoloLens. L'holographie est donc plutôt une simulation.
L'ensemble rappelle distinctement la solution développée et mise en production (?) par BNP Paribas Real Estate dans le but de gérer les projets immobiliers avec des intervenants dispersés, dévoilée lors de VivaTech 2019. En comparaison de cette réalisation spécifique dédiée à un cas d'usage, Webex tente maintenant de faire du concept une option standard de la visioconférence, au profit d'interactions enrichies, autorisant notamment le partage de contenus numériques et physiques.
La généralisation, au cours des dix-huit derniers mois, des réunions et autres échanges par écrans interposés a révélé les sévères limitations des dispositifs existants, autant en termes de lassitude et d'inconfort que de déperditions dans les relations entre individus. Ces constats génèrent depuis quelque temps une importante recrudescence d'innovation en la matière, qui fait la part belle aux expériences immersives, à travers des approches extrêmement variées et probablement complémentaires entre elles.
Webex ajoute ainsi l'introduction de participants holographiques dans un environnement réel, pour une collaboration augmentée, à une palette de choix qui comprenait jusqu'alors, entre autres, la téléprésence 3D de Google, encore expérimentale et impliquant un aménagement ad hoc, pour des conversations naturelles, et le métavers à la sauce Facebook, avec sa plate-forme Horizon Workrooms, dont le modèle de monde virtuel peuplé d'avatars semble initialement plus adapté à des applications ludiques.
Un point commun à ces initiatives est le recours à une représentation en trois dimensions et en haute définition, qui permet de s'approcher au mieux du ressenti d'une rencontre en face à face et d'en reproduire, autant que possible, toutes les subtilités. De ce point de vue et en corrélation avec les contraintes associées, chacune à ses avantages et ses inconvénients, plus ou moins critiques selon les utilisations. Dans le secteur financier, le système de Cisco pourrait, par exemple, s'avérer convaincant pour des échanges avec les clients… si leur équipement, vis-à-vis duquel il est agnostique, se développe.
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