La publication du nouveau rapport annuel [PDF] de l'Observatoire de l'Inclusion Bancaire fournit à la Banque de France, dont le gouverneur en est le président, l'occasion de décerner un satisfecit prudent à la profession pour ses efforts en matière de détection des fragilités parmi les consommateurs et de mise en œuvre de solutions adaptées.
Une évolution particulièrement significative concerne l'anticipation des signes avant-coureurs de situations problématiques. À la fin de 2021, plus de 4 millions de clients ont été ainsi repérés par les banques, souvent grâce à des analyses réalisées sur les données historiques de comptes, soit une hausse de 8% par rapport à l'année précédente. L'aspect préventif de ces mesures est confirmé par l'absence de dégradation équivalente sur les indicateurs factuels d'incidents (par exemple de surendettement).
Les personnes prises en charge de la sorte bénéficient alors d'une double protection, entre le plafonnement automatique des frais de découvert et la proposition d'une offre spécifique, destinée à limiter les risques de dérives (via un contrôle resserré sur le pilotage du budget et une réduction supplémentaire des coûts, parfois assortis de dispositifs additionnels à la discrétion des établissements). Leurs effets positifs avérés expliquent en partie la stabilité du nombre de cas de bascule dans la précarité.
Ces avancées constituent indiscutablement un progrès dont il faut se féliciter. Cependant, comme le souligne fort justement la Banque de France, il ne peut être question pour l'industrie de se reposer sur ses lauriers. D'une part, parce que le contexte économique a profondément changé en 2022, faisant peser de sérieuses menaces sur le portefeuille des ménages. Et, d'autre part, en raison des nombreuses opportunités qu'il reste à explorer et exploiter pour mieux aider les individus les plus exposés à la conjoncture.
Au vu des chiffres communiqués, il n'est probablement pas nécessaire de s'attarder sur le volet amont, même si je soupçonne qu'une « surveillance » mieux organisée et plus affutée serait susceptible d'alerter plus tôt, sur des tendances, et permettrait ainsi de diminuer sensiblement les recours aux dispositifs dédiés. En revanche, ces derniers, aujourd'hui très focalisés sur des approches opérationnelles, vaudraient d'être complétés et enrichis d'une dimension de conseil et d'accompagnement de proximité.
À l'heure du retour de l'inflation, qui semble tellement préoccuper les français, il ne serait pas superflu, par exemple de partager des recommandations personnalisées sur les comportements à adopter afin de faire face – prendre plus que jamais garde aux découverts, se méfier des promesses du paiement fractionné, réduire ses déplacements en voiture, ne pas attendre d'entrer dans une spirale infernale pour se manifester… Il est même envisageable de promouvoir quelques produits adaptés aux circonstances.
Les banques sont naturellement aux premières loges de la détérioration de la santé financière de leurs clients et elles ont tout à gagner à « profiter » de leur position de vigie pour leur éviter le pire. Le moment est donc idéal pour restaurer une relation de confiance dans laquelle il n'est plus seulement question de vendre mais aussi de délivrer des conseils avisés. À défaut, le message sera peut-être entendu par des startups agiles et suffisamment astucieuses pour en extraire un modèle économique viable…
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