Ce mardi 14 juin, se tenait à Paris la première édition de France API, unique événement français consacré… aux APIs. À travers des présentations combinant le point de vue de fournisseurs de technologie et quelques retours d'expérience concrets, cette journée nous procure l'occasion de faire un point sur la maturité collective autour du sujet.
Un constat positif qui émerge immédiatement, confirmé par la présence d'environ 500 personnes à la manifestation, est la place essentielle qu'occupent désormais les APIs dans les stratégies des entreprises, notamment dans le secteur financier, toujours en pointe par sa nature d'industrie de services. Leurs motivations sous-jacentes sont bien connues et de mieux en mieux maîtrisées : agilité du système d'information, rationalisation des projets, accélération de l'innovation et développement de nouvelles activités.
Malheureusement, derrière les discours théoriques, surgit rapidement un décalage avec la réalité du terrain. Ainsi, la plupart des spécialistes ramènent régulièrement les enjeux à des problématiques de réutilisation et à des fins d'efficacité opérationnelle, qui ne devraient plus être la priorité aujourd'hui. À l'inverse, beaucoup d'entre eux évoquent l'évolution vers une approche de produit des APIs… mais celle-ci est généralement prise dans une acception informatique et non métier. À aucun moment, par exemple, n'est évoquée la nécessaire focalisation sur le client qui devrait présider à la conception !
Les raisons de changer de point de vue sont pourtant clairement identifiées, entre le cas de la MACIF, qui veut repenser son architecture dans une perspective multi-producteurs et multi-distributeurs, et celui de BPCE, plusieurs fois mentionné, dont l'orientation vers un modèle de plate-forme impose une modernisation de son socle existant, en passant par Florian Graillot (Astorya) qui insistait, pour le secteur de l'assurance, sur l'impératif vital de prendre en compte la mutation inéluctable vers une logique de services enfouis.
Mais, comme l'énonçait explicitement une intervenante et le sous-entendaient plusieurs de ses confrères, la vision qui prévaut largement est celle qui positionne l'API comme une référence technique pour la gestion des échanges entre applications et/ou systèmes. On est ici encore très loin de la notion de produit ! La capacité à l'appréhender comme un nouveau canal de distribution ou à la penser comme une offre prête à intégrer dans un parcours utilisateur de partenaire disparaît étrangement des préoccupations.
Certes les responsables qui s'expriment de la sorte font partie des départements informatiques. Ce n'est toutefois pas une justification, car leur principal rôle est de se projeter dans une réponse aux attentes de leurs interlocuteurs dans les lignes métier. Il est vrai que, sauf rares exceptions, ces derniers rencontrent des difficultés persistantes à dompter les tenants et aboutissants des APIs, fréquemment perçues comme de simples artefacts technologiques. Conséquence, c'est un dialogue de sourds qui s'instaure.
En conclusion, il reste beaucoup d'éducation à faire dans les entreprises, à tous les niveaux, afin d'espérer bénéficier pleinement des opportunités libérées par les APIs. Comme me le suggérait un participant, il faudrait peut-être commencer par revoir cette appellation, qui englobe des réalités extrêmement différentes, afin d'en isoler le sous-ensemble portant effectivement les promesses de nouveaux modèles d'affaires et d'innovation et le séparer des considérations purement technologiques. Rendez-vous à France API 2023 pour mesurer les progrès accomplis dans cette direction !
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