La consommation énergétique et, par voie de conséquence, l'impact environnemental du minage de cryptomonnaies inquiètent de plus en plus, à juste titre. Hélas, la manière dont une instance gouvernementale telle que le sénat de l'état de New York s'empare du sujet montre combien les réactions peuvent être ambiguës et incohérentes.
Attardons-nous donc sur ce texte voté il y a quelques jours, qui prétend réguler des excès fréquemment dénoncés. Sur la base d'une description précise du fonctionnement de la validation des transactions sur une blockchain par preuve de travail et d'un argumentaire incontestable, il envisage un contrôle extrêmement strict – entre évaluation de l'empreinte carbone et interdiction pure et simple – sur les entreprises de minage exploitant des centrales de production d'électricité à partir d'énergies fossiles.
À l'origine de la réflexion, puis de la décision, les responsables politiques dressent un constat inquiétant : les activités autour des réseaux supportant le fonctionnement des cryptomonnaies sont devenues tellement lucratives que certains acteurs importants n'hésitent plus, afin de satisfaire leurs besoins, à acquérir et relancer, parfois à des niveaux jamais atteints auparavant, des sites de génération électrique au fuel ou au charbon décommissionés, mettant en péril les objectifs climatiques des autorités.
Concrètement, un moratoire est immédiatement décrété sur les demandes d'autorisation concernant les installations mises en cause. En parallèle, une étude approfondie des conséquences environnementales de l'industrie du minage est commanditée auprès de l'administration ad hoc, qui sera soumise aux citoyens pour commentaires (y compris à travers des auditions publiques), avant l'élaboration d'un document d'analyse final qui servira de référence à la mise en place d'une réglementation définitive.
En apparence, les mesures proposées semblent parfaitement raisonnées : à l'heure de l'urgence climatique, il ne devrait plus être toléré que des usages non vitaux d'énergie contribuent aux excès d'émissions de CO2. À ce stade, il faudrait pourtant déjà s'interroger sur la légitimité de cibler uniquement la participation aux mécanismes des blockchains, quand une multitude d'autres domaines de consommation sont tout aussi futiles. Mais, surtout, l'approche retenue révèle une vision singulièrement étroite.
En effet, les sénateurs oublient totalement dans leur présentation la logique d'écosystème qui prévaut dans le secteur de l'électricité. Il est ainsi totalement absurde de condamner le recours à des formes polluantes de production et, a contrario, dans une autre partie de l'exposé, de promouvoir les sources vertes, alors que ce qui compte est évidemment l'équilibre global de la région. Dans tous les cas, ce qui va au minage de bitcoin et consorts, même propre, ne va pas vers d'autres emplois, ceux-ci finissant toujours par se reporter sur des énergies carbonées, et le bilan s'aggrave inexorablement.
Il est impossible de déterminer si l'angle mort de la loi promulguée est dû à l'incompétence ou à une volonté délibérée (et cynique), cette dernière étant alors sous-tendue par le désir, explicitement formulé, de continuer à profiter des retombées économiques de l'implantation des fermes de cryptomonnaies sur le territoire de l'état de New York (qui tient probablement d'une illusion court-termiste, en pratique). Quoiqu'il en soit, le résultat est le même : l'impression d'une vaste manœuvre de greenwashing.
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