L'univers du crédit à la consommation est décidément en pleine période de turbulences, entre la déferlante (passagère ?) du BNPL et les sévères réductions de voilure de certains opérateurs traditionnels. Et voilà qu'une jeune pousse britannique essaie de rajeunir le concept d'origine, notamment en y ajoutant une touche d'économie circulaire.
Au premier abord, Raylo se présente comme une plate-forme de vente en ligne d'appareils électroniques – téléphones, tablettes et micro-ordinateurs, pour l'instant – offrant des facilités de paiement extrêmement attractives, particulièrement bienvenues par les temps qui courent. En réalité, son positionnement s'avère légèrement différent, puisqu'elle veut orienter ses clients non plus vers un classique achat à crédit, quelle qu'en soient les conditions pratiques, mais vers un véritable modèle de location.
Il est vrai que, dans les faits, la nuance est subtile : une fois qu'il a sélectionné le produit qu'il désire acquérir et la durée du contrat qu'il envisage, le visiteur est soumis à une vérification de son score de crédit avant de lui faire une offre, comprenant essentiellement le montant du loyer mensuel proposé. En revanche, à l'échéance de l'opération, il a le choix entre la restitution de l'objet, sans autre contrainte, l'achat ferme et définitif, moyennant un dernier versement, ou le renouvellement, avec un modèle plus récent.
L'objectif de la jeune pousse est donc de privilégier cette dernière option, qui répond aux attentes de la majorité des utilisateurs qu'elle cible (à savoir leur désir d'être toujours à la pointe des tendances), et qui, en dépit des apparences, est aussi alignée avec son engagement pour le développement durable (matérialisé par une certification B Corp). En effet, les équipement récupérés sont systématiquement reconditionnés et remis à disposition sur son site, à des prix (évidemment) encore plus avantageux que le neuf.
Bien que son activité initiale relève en grande partie de l'e-commerce, Raylo met principalement en exergue sa technologie de financement et se définit ainsi avant tout comme une startup de la FinTech… qui se retrouve de la sorte naturellement au cœur du mouvement « beyond banking », tellement en vogue aujourd'hui. Sa stratégie en la matière consiste à développer un module de paiement permettant à tous les marchands (dans tous genres de domaines) de proposer son système de location à leurs clients.
La croissance exponentielle de Raylo semble confirmer que la recette fonctionne, selon ses plans qui plus est, puisque seuls 5 à 10% des adeptes conservent leur achat à la fin de leur bail. Non seulement ce faible taux valide-t-il l'appétence des consommateurs pour une transition vers une approche en service de leurs biens courants mais il contribue également de manière directe à la promesse de maîtrise des impacts environnementaux. D'ailleurs, 40% de ses transactions concernent du matériel d'occasion.
Le principe du crédit locatif n'est certes pas extraordinairement original mais la conjoncture actuelle lui procure une opportunité incomparable : alors que, de longue date, la notion de propriété perd progressivement de son attrait chez les jeunes, au moins sur certaines catégories de produits (musique en tête), les difficultés financières que rencontrent les populations pressurisées par la montée de l'inflation devraient lui donner un second souffle. Peut-être faut-il encore travailler à réduire les frictions d'usage (par exemple sur la durée fixe) mais Raylo arrive à point nommé pour changer d'échelle.
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