Depuis une décennie, U.S. Bank organise chaque année un programme d'éducation financière à l'intention des étudiants universitaires. Elle a commandité une enquête en 2022 afin d'évaluer ses impacts réels, dont les résultats [PDF] nous procurent une excellente occasion de découvrir et analyser quelques clés de succès pour une démarche de ce genre.
Il faut admettre que le dispositif mis en place – baptisé « U.S. Bank Student Scholarship » – est relativement trivial. Avec une cible prioritaire sur les populations défavorisées et la diversité, il se compose de 27 modules courts en ligne, couvrant les grandes thématiques relatives à l'argent, depuis les produits courants (compte d'épargne, carte de crédit…) jusqu'aux méthodes de gestion (budget, investissement…), en passant par les préoccupations de son audience (prêts étudiants, supports réglementés…).
Afin d'encourager la participation, la banque met un peu de sel dans sa recette, sous la forme d'une loterie qui récompense quelques heureux élus (jusqu'à une douzaine sur un cycle complet) d'une bourse pouvant atteindre 14 000 dollars. Petite particularité supplémentaire visant à stimuler aussi l'assiduité, le montant remis à chaque personne tirée au sort dépend du nombre de modules qu'elle a effectivement suivis et terminés (dont la sélection est toutefois entièrement libre, selon les envies de chacun).
Visiblement, le procédé fonctionne bien, puisque, lors de la dernière campagne, plus de 50 000 inscrits sont arrivés à bout d'une moyenne individuelle de 6 cours (pour un total de 2 millions de sessions et 360 000 dollars de subsides distribués depuis 2014). Lorsqu'ils sont interrogés, près de deux tiers d'entre eux confirment clairement que la possibilité de remporter une prime est un facteur important de leur engagement, même quand leur désir de maîtriser leurs finances personnelles est également significatif.
Cependant, la partie la plus intéressante de l'enquête concerne la comparaison des attitudes entre ceux qui ont bénéficié du programme et un échantillon générique d'étudiants. D'abord, la confiance en soi, qui est critique pour le passage à l'action, progresse fortement : outre une croissance logique de l'impression de connaître le sujet, de 10% de répondants se sentant capables de piloter leur relation avec l'argent avant toute éducation, le taux monte à 40% pour ceux qui ont assisté à quelques leçons.
Bien que moins spectaculaire, la conversion de cette assurance en mise en pratique est tout aussi mesurable, avec une augmentation notable des gestes essentiels : création d'une réserve de secours (+70%), gestion opérationnelle du budget (+50%), surveillance du score de crédit (+21%)… Et ceux qui ne l'ont pas encore fait sont à tout le moins plus nombreux à affirmer qu'ils ont intention de s'y mettre dans les 3 mois. De manière générale, les apprentis sont plus susceptibles d'œuvrer pour leur bien-être.
Il n'y a naturellement guère de raisons de s'étonner de ces observations mais elles ont le mérite de concrétiser des promesses souvent vagues et difficiles à étayer. Les innovateurs qui, dans les banques, tentent péniblement de convaincre leurs hiérarchies des bienfaits potentiels d'initiatives en matière d'éducation financière devraient prendre note : armés des statistiques d'U.S. Bank, ils pourront établir des projections plus réalistes, jusqu'au niveau des incidences potentielles sur les revenus générés…
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