Un article légèrement provocateur d'Information Week évoquait récemment la disparition du poste de directeur des systèmes d'information (CIO pour son acronyme en anglais) dans certaines entreprises. Si les organisations doivent évoluer avec la technologie, il ne faudrait pas oublier une des missions les plus critiques du DSI.
Le raisonnement qui remet en cause cette responsabilité historique dans les départements informatiques émane du constat de l'omniprésence du logiciel dans tous les compartiments des firmes, qui réduirait l'importance de disposer d'une compétence centralisée seule à même de sélectionner et mettre en œuvre les solutions nécessaires dans les différents métiers, au profit de l'autonomisation de ces derniers, dans la mesure où ils possèdent l'expertise requise, désormais largement démocratisée.
En parallèle, le CIO se trouve maintenant pris en étau entre le directeur technique, qui a la charge des infrastructures indispensables au fonctionnement des applications déployées (y compris dans l'infonuagique), et le patron du digital qui, dans la plupart des incarnations, s'approprie une partie de ses activités sous un nouvel angle, d'expérience utilisateur, d'innovation technologique et de transformation. Effectivement, abordé sous cette double perspective, la position donne l'impression de devenir redondante…
Malheureusement, ce résumé éclipse un aspect essentiel du rôle, tel qu'il a émergé au fil des années, loin de ses origines dans les problématiques purement techniques. Il s'agit en effet de maintenir la cohérence globale des systèmes et leur interopérabilité : il n'est plus envisageable à notre époque de conserver des plates-formes hétéroclites, incapables d'interagir les unes avec les autres. Et il faut en outre compter avec les composants stratégiques transverses… dont personne ne veut s'occuper.
De toute évidence, la place de la technologie a radicalement changé dans les entreprises et la conception des responsabilités doit s'adapter. Mais il serait dangereux de jeter aux orties une d'entre elles sans s'être assuré au préalable que ses missions principales continuaient à être prises en charge. C'est pourtant ce qui semble se produire dans certaines organisations pressées d'afficher leur modernité sans prendre garde aux expertises dont elles ont vraiment besoin. Leur avenir risque d'être difficile.
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