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C'est pas mon idée !

mardi 10 juin 2025

L'IA rend bête

Starling Bank
Certains d'entre vous l'ont probablement compris, je me montre pour le moins circonspect vis-à-vis des promesses de l'intelligence artificielle, a minima parce qu'elle détourne les acteurs économiques des vrais problématiques qu'ils devraient s'attacher à résoudre. Petite démonstration avec une annonce en provenance de Starling Bank.

Bien que je sois historiquement admiratif de cette jeune pousse britannique, je ne peux masquer ma consternation face à une nouveauté qui tente de surfer sur la mode de l'IA (générative) mais tombe à plat pour trois raisons principales : son absence totale d'originalité, son inadéquation aux besoins des clients et, complémentaire au précédent, son ciblage hasardeux. Des erreurs si basiques qu'on croirait que la technologie rend l'entreprise stupide… en espérant que seule sa communication soit affectée.

Mais, d'abord, de quoi parle-t-on ? Nous avons affaire à un assistant virtuel, propulsé par la solution Gemini de Google, qui, grâce à une connexion aux comptes (Starling) de l'utilisateur permet à celui-ci d'obtenir des réponses à des questions sur ses habitudes avec l'argent : combien ai-je dépensé en Uber le mois dernier, combien m'ont coûté mes sorties en 2025…, par exemple, les résultats étant alors présentés sous des formes variées, telles qu'un montant total, une liste détaillée de transactions, un graphique…

D'emblée, le concept ne fait plus rêver. Les prémices d'un tel service étaient déployées en 2012 (!) par Arkéa, et si celui-ci était encore un peu rustique, de nombreuses banques ont depuis implémenté des variantes plus performantes, sans jamais avoir besoin d'invoquer le recours à une quelconque intelligence artificielle. Vanter une première mise en œuvre, dans le secteur financier britannique, d'IA générative à l'intention du grand public méritait un cas d'utilisation un peu plus convaincant.

Starling Bank – Spending Intelligence

Autre défaut majeur de la fonction retenue pour exhiber une pseudo-prouesse technologique, elle n'intéresse que peu les consommateurs, au-delà d'une éventuelle curiosité initiale. Les personnes souhaitant piloter leur budget et prêtes à consentir quelques efforts pour ce faire disposent déjà d'outils spécialisés qui non seulement analysent leurs comportements mais s'attachent en outre à les aider à s'améliorer. Les autres ne seront pas plus avancés avec un moteur de recherche à gadget.

Enfin, sous sa simplicité apparente, le problème considéré est en réalité plus complexe qu'il n'y paraît et l'intelligence artificielle a toutes les chances de s'y casser les dents. En effet, le plus difficile (comme l'ont montré des générations de moteurs de catégorisation) n'est pas d'extraire et manipuler des opérations à partir de critères donnés… mais plutôt d'interpréter ces critères selon la sensibilité de celui qui les exprime. Prenez 3 termes – voyages, transport, déplacements – et essayez d'imaginer toutes les variantes possibles de sélections auxquels ils peuvent correspondre dans la tête d'un individu…

Comme tant d'autres dans l'industrie, l'initiative serait risible… si elle n'avait pas aussi des conséquences tragiques. L'une, concernant uniquement l'entreprise qui, après tout, est responsable de sa stratégie, touche aux budgets consacrés à des futilités quand tant de besoins des clients restent à satisfaire. L'autre, plus générique et à la portée beaucoup plus vaste, est celle de l'impact environnemental de ce genre de services… dont on espèrera donc finalement qu'il soit délaissé par les clients.

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