Selon une étude du cabinet spécialisé Canalys, les dépenses d'infonuagique des entreprises grimpent en flèche (de 21% sur un an, au début de 2025) et les applications de l'intelligence artificielle sont pour beaucoup dans cette hausse. Le réflexe de surveillance et de modération qui en découle constitue peut-être une bonne nouvelle.
Selon l'analyse des experts, la forte croissance observée est en effet imputable à un croisement de deux facteurs, entre, d'une part, les velléités d'exploiter le potentiel de l'IA, pour laquelle le « cloud » représente généralement le support optimal, et, d'autre part, la résurgence des projets de migration des applications hébergées dans les centres de production internes… qui profite elle-même de la vague de l'intelligence artificielle, celle-ci ayant besoin de se nourrir des données du système d'information.
Or la consommation de puissance informatique des modèles mis en œuvre commence à inquiéter les décideurs. S'ils parviennent à maîtriser les étapes de mise au point, relativement bien cernées, avant le déploiement, ils se sentent rapidement dépassés sur les phases d'exploitation, avec une facturation à l'usage des infrastructures qui non seulement peut devenir hors de contrôle mais est est en outre extrêmement volatile, limitant leur faculté à anticiper les capacités requises et le budget qu'elles requerront.
Face à cette situation, les fournisseurs (dont les trois principaux restent Microsoft, Google et Amazon) s'évertuent à proposer des matériels plus efficaces et performants, de manière à améliorer l'équation économique de leurs clients. Mais, l'exercice ayant ses limites, ces derniers ont désormais tendance à prendre des mesures restrictives, entre simplifications des modèles, resserrement des critères d'utilisation et, surtout, sélection rigoureuse des scénarios de mise en œuvre, par la valeur générée.
Voilà, selon moi, une évolution bienvenue ! Alors que les expérimentations partent dans tous les sens, souvent sans la moindre réflexion préalable sur la véritable pertinence des cas d'usage envisagés… ni considération pour les coûts (des tests eux-mêmes mais également, et de façon plus critique, de fonctionnement opérationnel en production, ce qui devrait conditionner n'importe quelle initiative), la surveillance des factures d'infonuagique peut constituer un garde-fou utile, même s'il est tardif.
Il faut espérer que ce qui arrive ainsi par le contrainte retrouve un jour – aussi proche que possible – sa place normale de critère de bon sens, avec un filtrage en amont des projets IA, à la fois par des éléments financiers complets… et, idéalement, par les impacts environnementaux, que personne ne semble malheureusement prendre en compte dans la chaîne de décision. Il est vrai que les vendeurs de « cloud », qui parfois n'hésitent pas à rendre leurs offres opaques à dessein, ne facilitent pas la tâche.
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