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C'est pas mon idée !

dimanche 15 juin 2025

Réinventer l'assurance du risque climatique

Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan
Il était temps ! Alors que tous les observateurs et les assureurs alertent depuis quelque temps sur l'émergence d'une ère dans laquelle le changement climatique rend progressivement certains risques impossibles à couvrir, le Haut-Commissariat français à la Stratégie et au Plan publie enfin un rapport proposant des pistes de réponse.

Le problème est désormais bien connu et impossible à ignorer plus longtemps. L'augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques exceptionnels (qui ne le sont plus vraiment) ou la montée des eaux dans les océans, et les conséquences des inondations, sécheresses, ouragans, avalanches et autres effondrements qu'elles entraînent sur les biens immobiliers et les véhicules induit une hausse insupportable du coût des sinistres, mettant à mal le principe de mutualisation de l'assurance.

L'hexagone dispose certes d'un mécanisme spécifique aux catastrophes naturelles, inclus obligatoirement dans toutes les polices (habitation et automobile), qui garantit leur prise en charge équitable. Il montre pourtant ses limites, dès aujourd'hui, entre risques non couverts (le déplacement des lignes de côte, par exemple) et menace sur son équilibre financier, en passant par les incertitudes qu'il laisse dans certains cas et les inégalités territoriales persistantes face à l'assurance (notamment en outre-mer).

Les solutions – ou plutôt les palliatifs – envisageables sont limitées. D'une part, la prévention doit prendre une place prépondérante dans la gestion publique et privée de la crise climatique. D'autre part, il faudra assumer des dépenses supplémentaires sur la réparation des dommages et celles-ci atteindront des niveaux tels que se pose la question de sa répartition égalitaire, entre autres au regard des zones plus ou moins à risque, du statut de propriétaire ou de locataire, des situations de précarité…

Repenser la Mutualisation des Risques Climatiques

Afin de répondre à ces enjeux, les trois autrices du rapport suggèrent trois scénarios plus ou moins ambitieux, qu'il est en outre probablement possible de déployer par paliers, en fonction de l'évolution des menaces. Articulés autour de différents degrés de mutualisation, ils sont essentiellement centrés sur le rôle plus ou moins important de l'état, ce qui, incidemment, correspond aux attentes des assureurs exprimant leur préoccupation vis-à-vis de leur incapacité prévisible à répondre aux besoins.

Au premier stade, l'intervention minimale consiste pour les pouvoirs publics à imposer quelques contraintes aux compagnies, en termes d'obligation de garanties sur une partie des risques climatiques, qu'ils complèteraient en se positionnant en réassureur. L'étape d'après étend cette approche initiale à l'ensemble du périmètre, avec une prise en charge directe de la sécheresse et une politique proactive d'adaptation de l'habitat (subventions des travaux, primes à la sortie de zones dangereuses…).

La dernière hypothèse imagine une démarche universelle et unifiée, sous l'entière responsabilité de l'état et financée par un programme de cotisations (dont la distribution entre les contribuables resterait à préciser), consacrée à la fois à la réparation et à la prévention. Malheureusement, en l'absence de toute projection budgétaire (qui devrait commencer par une estimation des coûts du changement climatique), il est difficile d'émettre un quelconque avis sur la faisabilité et la viabilité d'une telle hypothèse.

Ce travail d'analyse et ses conclusions sont sur la table. Un gouvernement aura-t-il le courage de faire les choix qui s'imposent et d'y affecter les moyens nécessaires… ou laissera-t-il les citoyens affronter seuls une crise de l'assurance inéluctable ?

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