En dépit du battage médiatique qui entoure le "cloud computing", force est de constater que son adoption dans les institutions financières reste timide. Une interview pour Wall Street & Technology d'Adam Selipsky, VP d'AWS (Amazon Web Service), permet de s'attarder sur 3 exemples représentatifs dans ce domaine.
Le premier (selon mon ordre préféré) est celui de l'italienne UniCredit, dont l'outil web et mobile de localisation d'agences et de distributeurs de billets est hébergé, avec toutes les données nécessaires, sur les infrastructures d'Amazon. Il s'agit donc d'une application simple et sans enjeu stratégique important, correspondant au premier stade d'adoption du cloud : l'expérimentation, qui permet d'en comprendre les enjeux et les risques avant de passer à une étape plus ambitieuse.
Pour le NASDAQ, utilisateur de longue date des solutions d'Amazon, le deuxième pas a été franchi avec, notamment, sa plate-forme "Market Replay", qui offre un accès à l'intégralité des données des transactions exécutées sur les principales places boursières américaines, permettant aux investisseurs de vérifier leurs stratégies ou d'en tester de nouvelles. Dans cet exemple, c'est un nouveau service à valeur ajoutée (mais sans enjeu critique de sécurité) qui a ainsi pu être créé dans le "nuage", sans requérir d'investissement majeur.
Enfin, Bankinter fournit le dernier exemple notable de cette liste, avec également un court cas d'étude publié sur le site d'Amazon. La banque espagnole a en effet choisi l'offre HPC ("High Performance Computing" ou "Calcul de Haute Performance") du fournisseur pour réaliser ses estimations de risque de crédit. Celles-ci requièrent un nombre important de simulations (plusieurs centaines de milliers) qui, lorsqu'elles sont exécutées sur les grilles de calcul d'Amazon sont massivement parallélisées et peuvent alors être exécutées en une vingtaine de minutes, contre plus de 20 heures précédemment.
Dans ce cas, l'avantage du cloud n'est pas tant la performance accrue que la souplesse acquise : sans avoir à mettre en place une lourde infrastructure qui ne serait utilisée que quelques minutes par jour, Bankinter profite d'un service dont l'efficacité a été décuplée, à coût marginal. De plus, la solution retenue ne connaît quasiment pas de limite, car si une exécution plus rapide ou plus précise (avec un nombre plus élevé de simulations) est nécessaire, elle peut être mise en œuvre presque instantanément.
Parmi ces cas, celui d'UniCredit peut prêter à sourire par sa trivialité. Pourtant, combien de banques se sont déjà familiarisées avec les concepts du cloud à travers une implémentation de ce type ? Et ensuite, combien sont prêtes à aller aussi loin que Bankinter, en déportant dans les "nuages" de véritables applications "métier", pour des bénéfices concrets et immédiats ? Certainement bien peu et leurs efforts sur les soi-disant "clouds internes" sont bien loin d'apporter des résultats du même ordre.
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