L'initiative émane de Sebastian Langrehr, responsable des partenariats bancaires de Friendsurance, et Oliver Lauer, en charge des plates-formes pour AXA (Allemagne) : instaurer un standard d'assurance ouverte, à l'instar de celui que la directive européenne DSP2 essaie de créer dans les paiements. Mais comment faire, concrètement ?
Si la démarche semble parfaitement naturelle de la part d'une startup de l'InsurTech telle que Friendsurance, l'argument principal que développe Sebastian d'obtenir un accès simplifié aux informations des contrats des assurés, afin, entre autres, d'en faciliter les changements, est justement ce qui paralyse les compagnies traditionnelles. Comme les banques avant elles, elles sont, de toute évidence, extrêmement réticentes à ce qui doit favoriser la concurrence, notamment de la part de nouveaux entrants.
Dans ces conditions, il est tentant d'imaginer une solution « à la DSP2 », qui consisterait à inciter le régulateur – au niveau européen, de préférence – à prendre des mesures coercitives, sous prétexte de stimuler la concurrence et de redonner le pouvoir au consommateur sur les données qui, fondamentalement, lui appartiennent. Elle n'est pas nécessairement idéale mais, au vu des difficultés à faire converger l'industrie vers des normes volontaires (telles que BiPRO, en Allemagne), elle apparaît incontournable.
En réalité, l'exemple de la directive des services de paiement devrait peut-être inciter à la prudence, car l'approche réglementaire s'avère relativement contre-productive. En effet, face à la contrainte, les banques ont, pour la plupart, réagi négativement et ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour non seulement retarder la mise en œuvre des nouvelles exigences – sauf exception, le déploiement d'API ne commencera vraisemblablement pas avant l'échéance de septembre 2019 – mais également en limiter la portée.
Par ailleurs, les enjeux d'ouverture sont sensiblement différents entre les deux secteurs. Dans l'univers de la banque, un simple accès aux comptes et aux transactions assorti d'une possibilité d'exécuter des virements, comme requis par la DSP2, permet de satisfaire 95% des interactions courantes des clients. Dans l'assurance, en revanche, la consultation des polices n'offre que peu d'intérêt, ce sont les processus de souscription et de gestion de sinistres qui portent aujourd'hui l'essentiel de la valeur de la relation.
Même l'évolution progressive vers la prévention ne change pas ce constat : l'assurance ouverte est avant tout affaire de mise à disposition de fonctions et non d'information. Or, outre le surcroît de complexité que leur standardisation nécessiterait, il est irréaliste d'envisager de la rendre obligatoire à court terme, ne serait-ce que parce que certains processus sous-jacents sont encore largement manuels et que le temps réel est un besoin essentiel des utilisateurs potentiels des API (dont Friendsurance).
Dans l'immédiat, il serait donc plus raisonnable de miser sur la pédagogie pour convaincre les compagnies que l'ouverture de leurs services à des tiers leur offriraient des opportunités extraordinaires, notamment dans l'inéluctable mutation vers un modèle d'expérience, dans lequel le produit d'assurance s'immerge au cœur des parcours de la vie quotidienne. L'inspiration des pionniers devrait contribuer à leur éducation « digitale »… et celles qui ignorent le mouvement prendront le risque de disparaître !
Si la démarche semble parfaitement naturelle de la part d'une startup de l'InsurTech telle que Friendsurance, l'argument principal que développe Sebastian d'obtenir un accès simplifié aux informations des contrats des assurés, afin, entre autres, d'en faciliter les changements, est justement ce qui paralyse les compagnies traditionnelles. Comme les banques avant elles, elles sont, de toute évidence, extrêmement réticentes à ce qui doit favoriser la concurrence, notamment de la part de nouveaux entrants.
Dans ces conditions, il est tentant d'imaginer une solution « à la DSP2 », qui consisterait à inciter le régulateur – au niveau européen, de préférence – à prendre des mesures coercitives, sous prétexte de stimuler la concurrence et de redonner le pouvoir au consommateur sur les données qui, fondamentalement, lui appartiennent. Elle n'est pas nécessairement idéale mais, au vu des difficultés à faire converger l'industrie vers des normes volontaires (telles que BiPRO, en Allemagne), elle apparaît incontournable.
En réalité, l'exemple de la directive des services de paiement devrait peut-être inciter à la prudence, car l'approche réglementaire s'avère relativement contre-productive. En effet, face à la contrainte, les banques ont, pour la plupart, réagi négativement et ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour non seulement retarder la mise en œuvre des nouvelles exigences – sauf exception, le déploiement d'API ne commencera vraisemblablement pas avant l'échéance de septembre 2019 – mais également en limiter la portée.
Par ailleurs, les enjeux d'ouverture sont sensiblement différents entre les deux secteurs. Dans l'univers de la banque, un simple accès aux comptes et aux transactions assorti d'une possibilité d'exécuter des virements, comme requis par la DSP2, permet de satisfaire 95% des interactions courantes des clients. Dans l'assurance, en revanche, la consultation des polices n'offre que peu d'intérêt, ce sont les processus de souscription et de gestion de sinistres qui portent aujourd'hui l'essentiel de la valeur de la relation.
Même l'évolution progressive vers la prévention ne change pas ce constat : l'assurance ouverte est avant tout affaire de mise à disposition de fonctions et non d'information. Or, outre le surcroît de complexité que leur standardisation nécessiterait, il est irréaliste d'envisager de la rendre obligatoire à court terme, ne serait-ce que parce que certains processus sous-jacents sont encore largement manuels et que le temps réel est un besoin essentiel des utilisateurs potentiels des API (dont Friendsurance).
Dans l'immédiat, il serait donc plus raisonnable de miser sur la pédagogie pour convaincre les compagnies que l'ouverture de leurs services à des tiers leur offriraient des opportunités extraordinaires, notamment dans l'inéluctable mutation vers un modèle d'expérience, dans lequel le produit d'assurance s'immerge au cœur des parcours de la vie quotidienne. L'inspiration des pionniers devrait contribuer à leur éducation « digitale »… et celles qui ignorent le mouvement prendront le risque de disparaître !
En attendant une éventuelle réglementation, un groupe d'acteurs du secteur a lancé l'« Open Insurance Initiative ».
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