Ouvrir une nouvelle banque en février 2020 à Las Vegas, une des villes américaines parmi les plus sinistrées après quelques mois de crise sanitaire, n'était rétrospectivement pas la meilleure idée qui soit. Pourtant, en ciblant une clientèle, comme celle des joueurs de poker, qu'elle connaît intimement, Lexicon parvient à se faire une place.
Pour les établissements traditionnels, surtout les plus grands, ils incarnent une espèce exotique dont il est préférable de ne pas s'approcher. Entre les dépôts exigés lors de leur inscription aux tournois et l'encaissement de leurs gains, les professionnels des cartes exécutent constamment des transferts de montants conséquents depuis et vers leurs comptes, qui attirent l'attention des autorités de lutte anti-blanchiment et génèrent un surcroît de travail de vérification, de justificatifs… dont la banque se passe très bien.
Or, en réalité, pour le fondateur de Lexicon Bank, qui possède lui-même une expérience de la compétition de poker, rien n'est plus simple que de s'assurer de la légitimité de l'origine des fonds et des mouvements. En effet, il suffit pour cela de suivre l'information du circuit officiel, dont les résultats sont publics, jusqu'aux montants remportés par chacun des participants, et d'établir la correspondance avec les virements reçus sur les comptes des clients concernés. Les contrôles pourraient même être automatisés…
La nouvelle entrante pousse en outre son avantage sur un autre terrain, au profit de toutes les parties en lice. Elle propose ainsi aux joueurs une option de conciergerie personnelle, qui prend en charge leur agenda et la logistique des tournois, notamment en matière de gestion des échanges d'argent. Non seulement cette solution représente-t-elle un service à valeur ajoutée appréciable pour son bénéficiaire mais elle constitue également un moyen supplémentaire de réduire les risques réglementaires.
Une autre spécificité de son approche de niche se manifeste encore à l'occasion de l'entrée en relation. Ceux qui veulent ouvrir un compte sont accoutumés aux difficultés que leur font régulièrement les institutions financières. Avant tout désireux d'éviter toutes ces frictions habituelles, ils sont alors plus enclins à subir un questionnaire approfondi de la part de Lexicon Bank, surtout si celui-ci démontre une vraie compréhension de leur situation et de leurs attentes : il devient un enjeu de confiance réciproque.
Après le succès rencontré auprès des joueurs de poker, qui apportent désormais entre 5 et 20% des dépôts cumulés de la jeune banque, ses responsables se fixent maintenant pour objectif de répliquer la même démarche avec d'autres segments de consommateurs ou d'entreprises particulièrement mal servis par les acteurs historiques. Une opportunité évoquée est matérialisée, par exemple, par les activités (légales) qui se développent rapidement autour du cannabis, récemment libéralisées dans le pays.
Voilà, en conclusion, une autre manière d'aborder l'impératif de centrer les métiers de la banque sur le client, toujours. Car, ce n'est que par une connaissance profonde de ses préoccupations, de ses besoins, de ses frustrations, de ses envies… qu'il est possible de le satisfaire pleinement. Et Lexicon Bank montre que, pour atteindre ce but, rien n'égale la création d'expériences personnalisées, chacune adaptée à sa cible. Le principe de l'offre généraliste, identique pour tous, issue de l'ère industrielle, est obsolète !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)