Chacun sait combien les données de paiement recèlent de valeur, attractive pour une multitude de clients différents. Au cœur de ces opportunités, Mastercard développe rapidement une ligne d'activité complète, commercialisant des services aux collectivités locales, aux entreprises, aux géants du web… et maintenant aux banques.
Déployée uniquement en Europe, dans un premier temps, la plate-forme interactive Market Trends veut offrir aux institutions financières de la région un ensemble extensif d'analyses sur leurs marchés en matière de paiement (au sens large). Dans cette perspective, elle capitalise autant sur les observations et réflexions – plutôt subjectives – d'experts sectoriels que sur une exploitation avancée – relativement objective – des données brutes que génèrent plus de 2 000 cartes distribuées dans 34 pays.
Les contenus, accessibles dès maintenant aux émetteurs affiliés de Mastercard, se répartissent en 5 espaces distincts. Outre un programme composé de vidéos, études et autres articles de fond apportant un éclairage générique sur les grandes tendances – notamment technologiques – de l'industrie, le visiteur trouvera des statistiques sur les paiements et leur environnement, des comparatifs de cartes, des études sur l'expérience utilisateur vue par la FinTech et des recherches sur les usages des consommateurs.
Le concept est en ligne avec les classiques du genre. La promesse faite aux banques et autres établissements est de leur fournir une vue précise de leur contexte, à partir de laquelle ils peuvent prendre des décisions éclairées. L'information délivrée s'étend d'une approche de veille concurrentielle, décodant les avantages et inconvénients respectifs des multiples cartes disponibles, à un suivi des centres d'intérêt et des comportements des porteurs, susceptibles d'inspirer moult possibilités de conquête et de fidélisation.
Avec cet ajout à son catalogue déjà conséquent de produits orientés sur la donnée, Mastercard confirme sa transformation : aux côtés de son métier historique de réseau de paiement, elle devient aussi une entreprise « digitale » dont le modèle économique repose pour une large part sur l'information, comme les géants du web dont sa démarche s'inspire plus ou moins directement. Dans ce registre, elle n'est pas une exception, au contraire : l'ensemble du secteur prend inexorablement la même direction.
Or cette mutation universelle souligne l'extraordinaire ambiguïté de ses protagonistes. En effet, les institutions financières qui, dans une période de tarissement durable de leurs sources habituelles de revenus, explorent tous les moyens de valoriser le patrimoine enfoui dans leurs centres informatiques sont justement les mêmes qui défendent leurs « principes supérieurs » face aux Google, Amazon et consorts qui viennent empiéter sur leur territoire avec leurs « méthodes de pirates » de la donnée personnelle…
En réalité, les acteurs en place sont progressivement contraints, afin de rester pertinents aux XXIème siècle, d'adopter les principes des géants technologiques. Plus ils progresseront dans cette direction, plus ils leur ressembleront… et plus ils devront affronter cette concurrence sur son terrain de prédilection (principalement l'expérience client) et non sur une différenciation structurelle, qui s'estompe naturellement (et qui, de surcroît, semble de moins en moins convaincante pour une partie de la population).
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