Ses progrès constants n'ont certes pas encore permis de concrétiser toutes les promesses de l'informatique quantique mais il devient de plus en plus évident que la perspective de son industrialisation se rapproche à grand pas. Pour Mastercard, un des premiers défis à relever dans l'ère à venir concerne la sécurité des paiements.
Il faut dire que les extraordinaires capacités de calculs parallélisés que procureront ces futurs ordinateurs, particulièrement adaptées à des attaques par force brute sur les algorithmes de cryptographie protégeant quasiment toutes nos communications électroniques actuelles, menacent sérieusement le secteur financier. Plusieurs entreprises, depuis les fournisseurs de technologie, tels qu'IBM, jusqu'aux banques, dont ABN AMRO, sont suffisamment inquiètes pour travailler à une riposte sans attendre.
Que Mastercard rejoigne ces pionniers n'est guère surprenant. Confrontée aux mêmes problématiques autour de la protection des transactions de paiement qui transitent par son réseau, l'institution doit en outre prendre en compte dans sa réflexion la complexité intrinsèque de son écosystème, composé d'une multitude d'acteurs (émetteurs, processeurs, fabricants de terminaux, consommateurs, commerçants…) qu'il est indispensable de coordonner dans l'hypothèse d'une évolution des standards.
Dans ces conditions, la définition, dès aujourd'hui, d'un nouveau jeu de spécifications pour le paiement sans contact constitue une première étape essentielle. Baptisé Ecos (pour « enhanced contactless »), celui-ci porte l'ambition de garantir la viabilité à long terme des instruments qui nous sont familiers – sur carte ou sur smartphone – grâce à la mise en œuvre de mécanismes de chiffrement capables de résister à la puissance potentielle de l'informatique quantique, sans dégradation des performances de traitement.
La solution proposée par Mastercard se veut facile à déployer. D'une part, elle n'aura aucun impact sur l'expérience utilisateur, du payeur comme du bénéficiaire. D'autre part, elle n'exigerait qu'une simple mise à jour logicielle des infrastructures existantes, excluant tout changement de matériel. Cependant, en dépit des assurances d'un déploiement transparent dans les années à venir, on perçoit bien le délai qui s'écoulera avant la généralisation du nouveau système, qui justifie donc un démarrage immédiat.
En parallèle, parce que le monde se transforme également en dehors du seul domaine technologique, Mastercard profite de son initiative pour intégrer les préoccupations en matière de protection des données personnelles au sein du modèle d'interactions d'Ecos, y compris dans l'optique d'adhérer nativement aux contraintes réglementaires en vigueur dans différents pays. Une attention particulière est portée, entre autres, aux informations transmises par la carte ou le téléphone vers le terminal d'encaissement.
Pour conclure, je ne m'appesantirai pas une fois encore sur l'importance critique pour l'industrie financière de se préparer à l'avènement de l'informatique quantique et à ses conséquences profondes sur l'ensemble de ses opérations. Attardons-nous plutôt sur le pari que fait Mastercard en arrière-plan de sa démarche : en ciblant d'abord (voire exclusivement) le paiement sans contact, ses responsables veulent désormais croire que celui-ci deviendra bientôt la norme universelle dans le commerce de proximité…
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