La pandémie a largement contribué à la forte croissance du paiement sans contact, autant par carte, stimulé par le relèvement des plafonds, que via téléphone mobile, grâce à Apple Pay et consorts. Sa popularité est telle que sa domination hégémonique devient envisageable, entraînant la disparition des terminaux d'encaissement dédiés.
L'évolution, presque insensible mais inéluctable, a commencé il y a de longues années avec la naissance de Square et l'idée de faire d'une tablette ou d'un smartphone grand public un outil permettant d'accepter les règlements par carte, moyennant la connexion d'un accessoire basique. Puis sont apparues les premières solutions exploitant les puces NFC de nos gadgets électroniques afin de se débarrasser du lecteur attaché. Enfin, aujourd'hui, Mastercard expérimente un système virtualisé, déporté dans le « cloud ».
La complexité, et, par conséquent, le coût, des technologies existantes proviennent des exigences extrêmes de sécurité à mettre en œuvre, conditionnant notamment l'indispensable homologation qui rend possible leur mise sur le marché. Les déclinaisons entièrement logicielles se sont d'ailleurs longtemps heurtées à cet obstacle, qui a fortement retardé leur développement. En partageant ses propres composants critiques, pré-certifiés, Mastercard facilite donc l'intégration de fonctions d'encaissement.
En pratique, le concepteur d'application interagit avec l'élément sans contact de l'appareil hôte pour extraire les informations nécessaires de l'instrument présenté (carte ou téléphone) – en totale sécurité car elles n'ont pas besoin d'être décryptées – et établit une passerelle avec les interfaces de programmation (API) de Mastercard pour exécuter la transaction désirée, dont il a précisé les caractéristiques. De cette manière, toute les phases sensibles des traitements, et leur responsabilité, se trouvent externalisées.
L'approche menace évidemment le rôle des fournisseurs de terminaux spécialisés, sur le plan à la fois du matériel, remplacé par des dispositifs grand public, peu onéreux, flexibles et extensibles, et du logiciel, centralisé sur une plate-forme infonuagique. Il faut en outre noter que, si les tests actuels concernent un usage sur mobile (surtout pour les petits marchands et artisans), le principe pourra être aisément décliné sur différents supports et ainsi adapté aux attentes de toutes les catégories de commerce.
Naturellement, des obstacles subsistent sur le chemin d'une substitution complète, dont, entre autres, la résistance du paiement traditionnel, avec contact, ou encore l'obligation de ré-authentification au-delà de certaines limites définies par chaque émetteur (par exemple un nombre maximal d'opérations successives). Cependant, la tendance est claire : le modèle historique du terminal d'encaissement est sur le déclin et l'industrie qui le porte (comprenant Verifone et Ingenico) va devoir engager une reconversion stratégique.
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