Comme, hélas, toutes les dimensions de la responsabilité sociétale et environnementale, l'accessibilité numérique – dont on espérerait, en vain, que, en 2023, elle ne soit plus une préoccupation – est fréquemment mise en avant dans la communication des grandes entreprises mais fait plus rarement l'objet d'actions concrètes. Celle de TD Bank mérite donc incontestablement d'être soulignée.
Faut-il encore une fois rappeler les faits ? Une partie importante de la population mondiale (un quart aux États-Unis et un cinquième au Canada, par exemple) souffre de handicaps, plus ou moins sévères, pour beaucoup d'entre eux invisibles, et souvent tus parce que perçus comme un risque de stigmatisation, voire de discrimination, qui limitent ou gênent la faculté à utiliser normalement les outils en ligne, pourtant désormais indispensables dans notre quotidien contemporain, autant dans la vie privée qu'au travail.
Idéalement, après plusieurs décennies de pratiques, les sites et applications devraient savoir s'adapter aux particularités de leur audience et permettre à chacun de profiter d'une expérience optimale. Dans certaines circonstances, il s'agit même d'une obligation réglementaire. Malheureusement, combien de fois rencontrons-nous des pages au design inapproprié et impossible à changer (le cas le plus répandu étant les palettes de couleurs sans contraste, dont une catégorie de professionnels semblent raffoler).
Chez TD Bank, le sujet a d'abord été, en quelque sorte, un enjeu d'efficacité opérationnelle : à la moindre incapacité, les employés penchés sur leur écran à longueur de journée, navigant sur des plates-formes préhistoriques, dont l'apparence est restée figée dans une autre époque, ou bien dans des progiciels, internes ou externes, dont il est immédiatement évident que les ressources consacrées à leur ergonomie ont été réduits au strict minimum, sont moins performants, plus enclins à commettre des erreurs…
En réponse, la banque a développé un greffon pour navigateur web (Google Chrome) dont le rôle est d'optimiser les paramètres d'affichage des contenus afin de garantir leur lisibilité universelle. Simple à configurer, avec une suggestion de réglage type pour les principales affections (daltonisme, dyslexie, vision réduite…), il autorise aussi des ajustements fins sur tous les paramètres possibles… tout en assurant une compatibilité totale avec les technologies d'assistance tierces (telles que les loupes d'écran).
Déployé en test auprès d'une partie des effectifs au début de l'année, le module a été généralisé à l'ensemble de l'organisation (95 000 individus) en juin dernier. Dernière étape, à l'occasion du mois national de sensibilisation à l'emploi des personnes handicapées, il est publié sur la place de marché d'extensions de Google (où il apparaît que son principe est plutôt innovant) et tous les internautes de la planète peuvent donc maintenant bénéficier de ses services en vue de faciliter leurs usages du web.
Comme toujours avec la RSE, l'inclusion numérique n'est pas qu'une question d'image de marque, elle relève également du bon sens, y compris économique. La démarche de TD Bank fournit ainsi une occasion de rappeler combien l'intégration de l'accessibilité dès la conception des applications est critique (cf. aussi l'initiative de HSBC en la matière). Et pour le patrimoine existant, en attendant qu'il soit remis au niveau de l'état de l'art, la promotion de son outil constitue un premier pas éminemment recommandable.
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