Si les accusations de pratiques anti-concurrentielles ont émergé presque immédiatement après le lancement d'Apple Pay, les régulateurs interpelés n'ont jusqu'à maintenant imposé aucune mesure corrective ni sanction. Selon certains observateurs, la situation pourrait cependant changer à court terme. Mais pour quels enjeux ?
Rappelons, pour les distraits, les origines du conflit. Lorsque la marque à la pomme a déployé son porte-monnaie mobile, elle a mis en œuvre une interface (standard) NFC au sein de ses téléphones afin de permettre à ceux-ci de communiquer avec les terminaux d'encaissement. Mais elle en garde précieusement le secret pour elle, interdisant de la sorte toute possibilité pour une autre entreprise d'implémenter sa propre solution compatible avec les réseaux d'acceptation les plus répandus dans le monde.
L'apathie des autorités face à ce qui ressemble fortement à un abus de position dominante pourrait donc toucher à sa fin, pour diverses raisons. D'une part, les actions à l'encontre des deux géants des smartphones se multiplient, sur différents sujets, et certaines commencent à déboucher, comme celles qui visent les AppStores de Google et Apple. D'autre part, les velléités de souveraineté, à l'instar de celles qui motivent en partie l'EPI, ont aujourd'hui tendance à encourager les interventions réglementaires.
Il ne serait toutefois question que d'obliger l'entreprise à autoriser librement l'exploitation des fonctions sans contact de ses appareils par les développeurs tiers, ce qui pourrait s'avérer insuffisant pour contrer l'avantage déloyal d'Apple Pay. En effet, ce dernier repose au moins autant sur l'expérience utilisateur – en particulier l'activation instantanée de la carte virtuelle au moment d'effectuer un paiement, jalousement protégée, elle aussi – que sur la disponibilité de la technologie sous-jacente.
En ajoutant à ce premier obstacle l'habitude prise par les consommateurs de régler leurs achats avec l'outil intégré à leur téléphone et la difficulté que rencontrent apparemment d'éventuels concurrents à développer unr alternative (après tout, le système Android, qui ne présente aucun blocage, n'a pas suscité la création d'une pléthore de solutions), il est clair que l'ouverture envisagée est un moyen d'esquiver une répression de plus en plus probable sans prendre de risques avec la profitabilité d'une activité lucrative.
À tout le moins, un accès complet aux capacités NFC du téléphone créerait des opportunités pour de nouvelles applications, au-delà des paiements, bien que, là encore, il faille craindre une bataille féroce autour de celles qu'Apple entend s'approprier directement. Ce sera vraisemblablement le cas pour les services d'identité « digitale », notamment. La lutte pour leur contrôle, que les états indépendants n'entendront certainement pas abandonner, sera toutefois plus âprement disputée.
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