Alors que la tendance était depuis longtemps à la baisse, voilà que, même en écartant l'effet spécifique de la crise sanitaire, l'usage des espèces, tel qu'il est mesuré par Nationwide à travers les retraits effectués sur ses automates, commence à repartir à la hausse, en corrélation, apparemment, avec la pression sur le pouvoir d'achat.
Le phénomène se reproduit pour la deuxième année consécutive (encore une fois, en excluant les « anomalies » conjoncturelles de 2020 et 2021) et s'il s'explique en partie, pour l'établissement, par son insistance à maintenir ses implantations dans des localités que les grandes banques britanniques désertent, il serait également dû à un comportement défensif en période difficile : pour beaucoup, le recours à l'argent physique continue à représenter le meilleur moyen de maîtriser son budget.
Rien de tel, afin de s'assurer de ne pas dépenser plus que prévu, que de retirer les fonds alloués à telle ou telle catégorie dès réception des revenus, sans aucune possibilité de dépasser le solde disponible, et de régler par la suite tous ses achats en liquide, en laissant la carte de débit (avec ses risques de découvert) ou de crédit (avec ses engagements subreptices) à la maison. Avantage supplémentaire, la matérialité des pièces et des billets permet de surveiller instinctivement le niveau des réserves.
Ce que traduit donc le réflexe de ces consommateurs observé par Nationwide est la complexité persistante pour eux de réguler leurs finances personnelles dans un univers « digitalisé ». Quels que soient les outils mis à leur disposition, une fraction non négligeable de la population ne parvient pas à piloter des comptes bancaires rendus totalement abstraits quand ils ne sont représentés que par des nombres affichés sur un écran. Et le stress croissant des fins de mois ne fait qu'aggraver la situation.
Comment répondre… si on considère que le cash est un pis-aller en voie d'obsolescence face à une problématique profonde ? Il n'existe probablement pas de recette magique, hélas. De toute évidence, la priorité consisterait à travailler sur l'éducation financière élémentaire des personnes concernées, en renforçant leur capacité à gérer leur budget quotidien, avec un accompagnement de proximité proactif afin de leur faciliter la transition d'une approche « tactile » à une logique numérique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)