Son dernier baromètre de l'inclusion bancaire pour 2023 révélant, étonnamment, une certaine stabilité des incidents de parcours dans un contexte pourtant défavorable, la Banque de France a commandité une enquête afin de comprendre comment les consommateurs, notamment les plus fragiles, louvoient dans les difficultés.
Indubitablement, la crise du pouvoir d'achat a un impact majeur sur le budget de nos concitoyens, puisque près de 4 sur 10 déclarent que leurs comptes se sont trouvés plus souvent « dans le rouge » au cours des douze derniers mois, un taux qui atteint même 48% parmi les ménages modestes. Heureusement, ils parviennent tant bien que mal à limiter les dégâts avec une proportion de défauts qui ne subit pas de changement important, jusqu'à maintenant, à 23% en général et 30% pour les moins riches.
Les recettes qu'ils emploient dans le but de se maintenir à flot se répartissent en trois grandes catégories, qui ne réservent guère de surprise : l'utilisation de ressources disponibles précédemment sous-exploitées (dont, pour un peu moins de la moitié des personnes interrogées, des ponctions sur les réserves existantes, à savoir, en général, des dépôts à vue), le recours à des arrangements ou autres amortisseurs financiers et le renoncement à des dépenses jugées non essentielles (ou leur report).
Dans la première, outre le réflexe de puiser dans l'épargne, donc, il faut remarquer, d'une part, les efforts portés sur la recherche de moyens d'accroître les revenus, que ce soit par l'intermédiaire d'augmentations de salaire et d'avantages en nature ou à travers la prise d'une activité complémentaire, et, d'autre part, une explosion – en particulier chez les plus pauvres, donc plus fréquemment éligibles aux dispositifs publics – des sollicitations d'aides sociales, d'urgence… mais également auprès des proches.
Dans le deuxième segment, le paiement fractionné fait une percée, logique au vu de sa généralisation dans les enseignes de commerce. Il dépasse désormais l’accès au découvert autorisé comme méthode privilégiée de temporisation des débordements, loin devant les négociations avec les créanciers et les outils de crédit formels classiques. Incidemment, les chiffres tendent à montrer que bon nombre des 36% d’individus concernés par ces pratiques cumulent plusieurs de ces techniques.
Enfin, quand il s’agit de limiter les achats, les équipements technologiques et ménagers apparaissent en tête des sacrifices. Plus critique, car on sort là du domaine du confort et du superflu pour aborder l’indispensable, viennent ensuite les courses alimentaires, les réparations automobiles et les frais de santé, dans 20 à 30% des cas (30 à 40% pour ceux à faible niveau de vie). Sans parler des factures non honorées, qui reviendront certainement hanter les budgets futurs des adeptes de cette solution.
Probablement ignorés par les institutions financières, si ce n'est du point de vue des risques de défaillance, ces résultats représentent en réalité une mine d'or pour qui voudrait se positionner sur l'accompagnement de proximité des clients traversant une mauvaise passe. Chaque statistique fournit une piste d'action à envisager, avec une projection de sa portée potentielle : assistance à la recherche d'aides, décryptage pédagogique des différentes options de financement, exploration des opportunités d'économies (temporaires ou permanentes), anticipation pro-active des incidents…
Quand les banques se décideront-elles enfin à sortir de leur passivité atavique et placeront véritablement leurs clients au centre de leurs préoccupations ?
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