Avec la fin des grands espoirs (à court terme) pour le métavers, les promesses du web3 se sont elles aussi éloignées, en attendant des jours meilleurs. Qu'à cela ne tienne, Visa profite du déclin pour s'approprier le concept, ou, du moins, son titre, dans le lancement d'une nouvelle plate-forme de fidélisation des consommateurs.
Selon la définition généralement admise, le web3 est une notion relativement théorique – ou, à tout le moins, aux frontières floues – embrassant des principes de décentralisation, des technologies de blockchain et une économie à base de jetons (ou tokens), le tout étant fréquemment orchestré dans des univers immersifs au sein desquels ces composants nativement « digitaux » prennent tout leur sens. Naturellement, un tel pedigree le réserve pour l'instant à une minorité de passionnés.
Et, avec la même évidence, ce n'est pas ce qui intéresse Visa… Sous couvert d'une dénomination qui ne fait pourtant plus rêver grand monde, le géant des paiements évoque des outils destinés à stimuler l'engagement des porteurs de carte de paiement dans le contexte de 2024, donc en prenant pleinement en compte leurs comportements en ligne et leurs attentes correspondantes, en parallèle de leurs parcours dans le monde physique. Tout cela paraît loin d'une troisième génération du web.
Concrètement, il est question de programmes de fidélité intégrés en quelques gestes grâce à un porte-monnaie virtuel et pilotés via une application mobile, assortis de récompenses qui, outre les systèmes de points en vigueur, prennent aussi la forme de cadeaux, réels ou virtuels… dont, seule référence effective au web3, des jetons numériques, à convertir ou de collection. Sont également évoqués des possibilités d'animations hybrides, telles que des chasses au trésor en réalité augmentée.
En soi, l'approche est plutôt raisonnable. Partant du constat d'un décalage entre les modèles de cashback traditionnels (et leurs variantes) et l'évolution des habitudes de leurs bénéficiaires, il semble pertinent de les compléter, d'une part sur le volet de l'acquisition des avantages, en misant sur les actes et événements autres que les seuls achats (par exemple l'incontournable partage sur les réseaux sociaux, la participation à une enquête ou à un jeu…), et, d'autre part, côté rétributions, à travers des primes dématérialisées ou virtuelles.
Certes, présenté de la sorte, la nouveauté perd beaucoup de son originalité. Alors un brillant cerveau marketing (à moins qu'ils ne s'y soient mis à plusieurs) a décidé d'intituler le dispositif « Visa Web3 Loyalty Engagement Solution » afin de lui donner une aura futuriste. Encore quelques opérations similaires et le web3, qui avait déjà du plomb dans l'aile, achèvera sa brève carrière dans la dérision et l'oubli général.
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