En collaboration avec Natixis Interépargne, la filiale du groupe BPCE spécialiste de l'épargne salariale, Banque Populaire annonce le lancement d'une nouvelle formule d'intéressement « responsable » à l'intention de ses entreprises clientes. Son contenu paraît malheureusement trop limité pour y voir un progrès fondamental.
Parce que les enjeux sociétaux et environnementaux deviennent une priorité pour leurs dirigeants, autant par souci éthique qu'en raison d'exigences réglementaires (existantes ou en préparation), les organisations sont appelées à les intégrer progressivement dans leurs stratégies. Un des volets importants à prendre en compte concerne les ressources humaines, entre nécessaire implication des salariés dans toute politique volontariste et source de motivation pour ceux qui sont sensibles au sujet.
Dans un tel contexte, le recours au levier de l'intéressement représente évidemment une piste intéressante. Son activation par Banque Populaire consiste ainsi à ajouter aux critères d'attribution classiques (généralement autour de la performance) des éléments relevant de la politique de « RSE », par exemple la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou l'abaissement du taux d'absentéisme, pour ne reprendre que ceux cités par la communication officielle, permettant de déclencher un bonus exceptionnel.
Les bénéfices promis sont multiples. D'une part, la mise en œuvre de ces conditions donne de la visibilité aux actions de la structure dans des domaines que leurs employés, notamment parmi les plus jeunes, placent au sommet de leurs préoccupations. D'autre part, étant entendu qu'ils correspondent à des indicateurs sur lesquels chacun exerce une influence directe, ils constituent également un puissant facteur de stimulation, autant par leur nature propre que par la récompense qu'ils peuvent engendrer.
Apparemment, la banque, à travers ses 800 conseillers et quelques dizaines d'experts, assume d'ailleurs un rôle d'accompagnement dans la définition des mécanismes appropriés, adaptée à chaque cas particulier, dans le respect de la législation et dans un objectif d'efficacité optimale. Mais c'est justement dans ce registre qu'il me semble qu'elle pourrait aller plus loin, dans une logique d'assistance concrète, d'autant plus indispensable pour la cible principale visée des PME de moins de 50 personnes.
En effet, quel que soit leur niveau d'engagement, ces petites entités disposent rarement, à ce jour, des outils nécessaires à l'évaluation de leur impact et de son évolution. Or l'instauration de nouvelles incitations envers les collaborateurs requiert un suivi régulier, qui devrait en outre être partagé en toute transparence avec les premiers intéressés (sans jeu de mot !). Il serait donc normal que les recommandations formulées par les banquiers soient complétées par les instruments de mesure ad hoc.
À défaut de fournir, ou, à tout le moins, de recommander, de telles solutions opérationnelles, le risque est de se contenter de critères génériques et/ou flous, susceptibles de générer plus de frustration que d'adhésion parmi les salariés et dont l'incidence réelle sera certainement minime. Enfin, comme toujours face à une initiative qui encourage les clients à développer leurs pratiques RSE, j'ai cette question : les Banques Populaires ont-elles déployé cet accélérateur d'intéressement chez elles ?
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